Une compagnie biotechnologique américaine vient de recevoir le feu vert « éthique » pour recruter 20 patients cliniquement morts à la suite d’un accident cérébral, afin de voir si des parties de leur système nerveux central peuvent être ramenées à la vie. La compagnie Bioquark. Inc, qui dirige ce projet nommé Reanima, va mener une première étape avec un premier groupe dans un établissement indien, l’hôpital Anupam de Rudrapur. Des peptides seront injectés dans la moelle épinière quotidiennement via une pompe et des cellules souches administrées deux fois par semaines, pendant une période de six semaines. Sur le papier, c’est une entreprise au service du transhumanisme… mais des questions se posent à cet égard.
 

Bioquark veut booster des cerveaux « morts » pour les ramener à la vie

 
Dr Ira Pastor, président de Bioquark, explique : « Il s’agit du premier essai de ce type et d’une nouvelle étape vers l’éventuelle abolition de la mort… Nous espérons commencer à recruter nos 20 premiers sujets et travaillons avec l’hôpital pour identifier les familles qui seraient opposées au don d’organe pour raison religieuse ou médicale. » Il explique sur le site web de Bioquark qu’issu d’une famille ayant fait carrière dans la pharmacie depuis les années 60, il a lui-même étudié la pharmacie puis les affaires (MBA), et qu’il s’est rendu compte que le vieillissement de la population mondiale allait accroître les besoins en des traitements spécifiques. Sa société s’appuie sur ce qu’il appelle les 3 R : Régénération, Rajeunissement, et « Réanima ». Il s’est en effet intéressé aux facultés exceptionnelles dont disposent certains animaux comme la salamandre ou certains poissons qui régénèrent des membres abîmés, partiellement ou totalement.
 

Le projet Reanima de Bioquark, rêve des transhumanistes

 
Selon le Dr Pastor, la possibilité d’inverser le processus de dégénérescence, s’il est maîtrisé par l’homme, permettra d’aller dans le sens du rajeunissement des tissus et organes. Sa société « étudie » en ce sens la possibilité d’utiliser les substances contenues dans l’embryon humain au tout premier stade de son développement.
 
Les propos de Sergei Paylian, directeur scientifique de Bioquark, donnent une aura scientifique au projet : « Il s’agit par cette étude d’avoir un éclairage unique sur la mort cérébrale, avec des conséquences sur les développements thérapeutiques pour traiter des atteintes graves de la conscience ainsi que des nombreuses conditions neurodégénératives comme Alzheimer ou Parkinson. »
 
Des propos qui ne doivent pas laisser dupes les observateurs : on a affaire, une fois de plus, à une volonté d’asservir la vie humaine à son commencement pour satisfaire les utopies de quelques-uns de rajeunir ou de vaincre la mort, avec le vieux rêve d’immortalité des transhumanistes.
 
Si son expérience en Inde devait être probante, toutefois, il faut souligner qu’il ne s’agirait aucunement de ramener des morts à la vie mais de rétablir les fonctions cérébrales de personnes vivantes en ce sens que leur cœur bat, que leur circulation sanguine fonctionne ainsi que le circuit respiratoire (éventuellement au moyen d’un ventilateur). On a défini la mort clinique pour justifier le prélèvement d’organes vitaux, mais la mort véritable, c’est autre chose.
 

Patrick Neuville