Une mère de famille américaine de 36 ans s’est réveillée contre toute attente alors que son cerveau avait été déclaré totalement « inactif » par le corps médical, selon le témoignage de son médecin rapporté par LifeSiteNews. Le fait s’est produit après que le mari de cette femme déclarée en état de « mort cérébrale » a demandé une infirmière de lui faire entendre, au téléphone, la voix de sa fille. Elle s’est réveillée, alors qu’elle était en soins intensifs depuis deux jours et que son cerveau ne manifestait aucune activité. Autrement dit, son électro-encéphalogramme était plat, et pourtant, elle était en vie. Mais elle aurait pu être déclarée morte, privée de soins et de nourriture.
Cette histoire rapportée par LifeSiteNews est une énième occasion de rappeler le débat qui existe autour de la définition moderne du concept de « mort cérébrale », dont les contours varient d’un pays à l’autre, et qui sont de plus en plus floutés dans certains pays. Cette redéfinition de la mort est taillée sur mesure pour permettre le « débranchement » hâtif des patients – sans compter la récupération d’organes vitaux sur des personnes dont les fonctions vitales (le mot dit tout !), à savoir la respiration et la circulation sanguine, sont maintenues grâce à une ventilation « artificielle ». L’inspiration étant assistée, mais non l’expiration, c’est aussi un fait qu’il faut considérer… Combien de patients, déclarés en état de mort cérébrale, ont été les témoins muets mais conscients de leur triste sort ?
Si, dans certains cas, l’ignorance demeure voire grandit sur la frontière entre la vie et la mort, l’épaississement du mystère devrait rendre plus humble et plus prudent, au lieu d’enjoindre à la tromperie. A la fin des années 1960, on a commencé à parler de « coma irréversible » pour évoquer la mort cérébrale, sans trop savoir exactement, déjà, les tenants et les aboutissants. Aux Etats-Unis, aujourd’hui, on a besoin de moins que ça pour débrancher et prélever.
La voix de la vie pour une mère
Le témoignage direct de ce réveil provient de l’une des infirmières anesthésistes chargée de soigner cette femme. La mère de famille s’était récemment rendue à l’hôpital pour une double endoscopie. Alors que les patients se réveillent normalement dans les cinq à dix minutes suivant la fin de l’intervention, elle ne revient pas à elle – et le personnel de l’hôpital constate que son cœur s’est arrêté.
Après une réanimation cardiopulmonaire, son cœur se remet à battre tout seul. Pourtant une IRM indique qu’il n’y a plus d’ondes cérébrales. Mise alors sous respirateur artificiel, elle réveillera au son de la voix de sa petite fille âgée d’un an, deux jours plus tard, alors qu’elle est en soins intensifs.
Le prêtre qui a reçu ce témoignage, le Père Michael Orsi, a demandé confirmation au médecin de la patiente : le Dr Omar Hussein a affirmé qu’il n’y avait effectivement aucun moyen d’expliquer scientifiquement ce qui s’était passé.
Pénombre ischémique globale du cerveau ?
Il est probable, comme l’a affirmé le Dr Heidi Klessig, médecin anesthésiste à la retraite et auteur du livre The Brain Death Fallacy, que de tels cas de récupération après des électro-encéphalogrammes (EEG) plats soient attribués à une condition appelée pénombre ischémique globale ou GIP.
« Comme tout autre organe, le cerveau arrête sa fonction lorsque son flux sanguin est réduit afin de conserver son énergie. A 70 % du flux sanguin normal, le fonctionnement neurologique du cerveau est réduit, et à une réduction de 50 %, l’EEG devient plat. Mais les lésions tissulaires ne commencent que lorsque le flux sanguin vers le cerveau tombe en dessous de 20 % de la normale pendant plusieurs heures. GIP est un terme utilisé par les médecins pour désigner cet intervalle pendant lequel le flux sanguin du cerveau se situe entre 20 et 50 % de la normale », explique-t-elle.
Dans cette zone de « pénombre », le cerveau ne répond pas aux tests neurologiques et ne laisse enregistrer aucune activité électrique, mais a toujours suffisamment de flux sanguin pour maintenir la viabilité des tissus, ce qui signifie qu’une récupération est possible, qu’une réversibilité peut avoir lieu, même si on ne sait pas pendant combien de temps.
Seulement, selon les critères de tous les examens cliniques correspondant à l’état de « mort cérébrale » telle qu’elle est définie aujourd’hui, il est possible de déclarer morte la personne, et donc de la débrancher, non sans avoir prélevé, s’il n’y avait pas d’opposition notifiée de la part du patient, tous les organes désirés.
Une organisation privée veut élargir les pré-requis de la mort cérébrale
Pourtant, la compréhension scientifique de cette mort cérébrale est de plus en plus complexe, et les zones de lumière accentuent les zones d’ombre – « plus j’apprends, plus je me rends compte que je ne sais pas », disait Albert Einstein. Le New York Times, peu enclin à soutenir le combat pour la vie, faisait lui-même longuement état, en août, d’une étude très officielle publiée dans The New England Journal of Medicine, expliquant qu’au moins un quart des patients non réactifs (en coma, état végétatif ou état de conscience minimale) étaient, en réalité, conscients et capables de penser. « Ce n’est pas acceptable de savoir cela et de ne rien faire », en concluait le neurologue et auteur Nicholas Schiff.
Impossible, ce faisant, de ne pas songer à l’affaire Vincent Lambert largement médiatisée en France ou au cas de Terri Schiavo, aux Etats-Unis, qui sont tous les deux morts lentement, privés d’alimentation et d’hydratation. Pour eux, on n’avait même pas établi un état de mort cérébrale. Quand celle-ci est déclarée, il est encore plus aisé de leur enlever toute assistance, et on n’entend parler de certains cas, comme celui de ce jeune footballer américain, Terrance Howard, que lorsque la famille a tenté de se battre.
Mais ce sera de plus en plus difficile de faire entendre sa voix si l’on en croit les récentes évolutions, comme la nouvelle directive sur le diagnostic de mort cérébrale publié par l’Académie américaine de neurologie (AAN) en 2023, à l’intention des médecins. Elle stipule que pour déclarer une dépression neurologique (mort cérébrale), on doit observer qu’il n’y a pas de preuve du fonctionnement du « cerveau dans son ensemble », et que cet état de fait est « permanent ».
Deux éléments qui entrent en contradiction manifeste, comme l’écrit le Dr Klessig, avec la définition de la mort légale, de mise depuis 1981 aux Etats-Unis (UDDA), qui évoque « une cessation irréversible de toutes les fonctions du cerveau, dans sa totalité » et un état de fait qui soit « irréversible ». Selon l’AAN, non seulement on peut aujourd’hui être déclaré mort alors que certaines parties du cerveau fonctionnent encore, mais un état de fait déclaré seulement « permanent » suffira : c’est signifier, et d’une, qu’on ne sait pas si c’est irréversible, et de deux, qu’on ne mènera pas d’interventions médicales pour tenter d’inverser le cours des choses.
Quant à la fameuse GIP, il n’en est question nulle part.
Revenir à la définition de la mort : la cessation de la fonction cardio-pulmonaire
« La mort cérébrale est une fiction juridique qui prive de droits civils les personnes vulnérables atteintes de lésions cérébrales, qui, en vertu de la Constitution des Etats-Unis, possèdent un “droit inaliénable à la vie”, méritent d’être protégées et devraient être traitées comme des personnes handicapées mentales », écrit le Dr Klessig.
Hélas, l’intérêt de cet accommodement grandissant des institutions médicales est que la notion de mort cérébrale sert l’industrie du prélèvement d’organes. A noter que 49 % des auteurs du rapport de l’AAN sur l’évaluation de la mort cérébrale ont signalé des conflits d’intérêts liés à cette pratique ! C’est dire l’évidence.
En effet, quasi seule la mort cérébrale (en dehors des donneurs vivants volontaires) permet de conserver un cœur battant et donc des organes frais et transplantables : en France, elle représente 1 % des décès à l’hôpital, mais 80 % des possibilités de prélèvement d’organes. Les perspectives sont donc importantes. Et de nouveaux protocoles de plus en plus controversés voient le jour, comme celle de « la ressuscitation partielle », où l’on relance localement la circulation cardiaque en s’assurant que le cerveau ne soit pas ré-irrigué, pour avoir une meilleure qualité de greffons…
Les médecins Joseph Verheijde, Mohamed Rady et Joan McGregor le décrivaient ainsi, en 2009 : « Le prélèvement d’organes, avec ou sans battements de cœur, sur des patients en état de conscience altérée constitue de facto une pratique cachée de mort médicalement assistée et, par conséquent, viole à la fois le droit pénal et le principe central de la médecine qui est de ne pas nuire. »
Les diktats de l’AAN, organisation médicale privée, s’imposeront-ils in fine à tout le corps médical américain ? Selon le Dr Klessig, il faut revenir à la définition traditionnelle de la mort, à savoir la cessation de la fonction cardio-pulmonaire.