Un nouveau bond de la dette publique de la France

Bond dette publique France
 
Selon les dernières données de l’INSEE publiées mardi, la dette publique de la France a bondi de 51,6 milliards d’euros au premier trimestre 2015 pour s’établir, fin mars, à 2.089,4 milliards d’euros. Ce nouveau bond fixe la dette française à un taux de 97,5 % du PIB.
 
Plusieurs observations sont faites à propos de ces chiffres. Il s’agit effectivement de la plus forte augmentation depuis les trois premiers mois de 2012 (soit sous la présidence de Nicolas Sarkozy), et elle mène même nettement au-dessus de l’objectif de 96,3 % fixé pour cette année dans la dernière trajectoire des finances publiques publiée en avril – et dépasse également les 97 % prévus pour 2016. Evidemment, on n’envisage même plus de rappeler l’amorçage d’une décroissance de la dette en 2017, tel que prévu dans le scénario gouvernemental.
 

Le nouveau bond de la dette publique de la France

 
Evidemment, au ministère des Finances, on tient à préciser que cette forte augmentation de la dette au premier trimestre n’augure pas d’un dérapage en fin d’année : « Une telle hausse est fréquente en début d’année, d’autant que le volume d’émissions d’OAT (obligations de l’Etat français) est plus concentré sur les deux premiers trimestres. (…) Aussi, ce chiffre apporte peu d’information sur le niveau de la dette en fin d’année. »
 
Bien, bien. On aime que, quelle que soit la situation, les socialistes, passés maîtres dans l’art de dire tout, son contraire et surtout n’importe quoi (mais il est vrai que, dans ce domaine, ils ne rendent finalement que peu de points à la droite), aient toujours une explication, pour ne pas dire une excuse. On sait, depuis l’affaire du sang contaminé et Georgina Dufoix, qu’un socialiste aime à se présenter comme « responsable mais pas coupable ».
 
Mais en deux décennies, les choses ont évolué. Aujourd’hui la formule exacte serait sans doute « ni responsable, ni coupable ».
 
Pourtant, ces résultats publiés par l’INSEE devraient renvoyer François Hollande à ses chères études – ou, au choix, à la culture de son jardin. Car, comme cela a été le cas en bien des dossiers, à commencer par celui du chômage, la question de la dette de la France revient à mettre le nez de « moi, président » dans son caca, comme dirait le bon peuple.
 
D’autant que, pour s’en tenir à ces chiffres, la seule dette de l’Etat a augmenté de 37,1 milliards d’euros au premier trimestre pour s’élever à 1.647,3 milliards.
 
Pour le reste, la dette publique au sens de Maastricht inclut celles des administrations de sécurité sociale (232,6 milliards fin mars, soit + 15,8 milliards), des administrations publiques locales (187,4 milliards, en retrait de 0,8 milliard), et des organismes divers d’administration centrale (22,1 milliards, soit une diminution d’un demi-milliard).
 

La réalité de notre dette

 
Selon les critères de Maastricht… C’est-à-dire sans tenir compte des « engagements hors bilan » de la France qui concernent, pour faire court, les sommes à payer dans le futur. A l’heure actuelle, cette partie non visible de la dette se chiffrerait à quelque 3.300 milliards (dont 1.850 milliards pour les pensions des fonctionnaires, des personnels des armées et de la Poste).
 
Ces 3.300 milliards représentent 158 % de notre PIB. Les chiffres ne sont pas absolument précis. Il y a, soulignent les trop rares analystes qui s’y intéressent, une certaine opacité, un certain flou dans cette matière. « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup », comme dirait Martine Aubry. Un flou d’ailleurs pointé du doigt au mois de mai par un récent rapport de la Cour des Comptes, au point que son premier président, Didier Migaud, pourtant socialiste, laisse entendre que nous avons le pire gouvernement qui soit.
 
Pensez donc ! Si l’on ose faire l’addition, notre dette ressort à quelque 5.500 milliards, soit à plus de 250 % de notre PIB !
 
Laissera-t-on François Hollande lorgner plus longtemps sur 2017 ?
 

François le Luc