La boomeuse et les guêpes, fantaisie espagnole sur le squat

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Dans Les plaideurs, Racine a imité Les guêpes d’Aristophane, où celui-ci se moquait de la justice athénienne. Une boomeuse espagnole de 78 ans, Montserrat Riera, qui habite Sant Marti de Tous, village catalan de 1.200 habitants a montré sans l’aide d’aucun dramaturge l’absurdité des lois et jugements actuels en matière de squat. A son retour de vacances le 26 août (elle part en vacances, c’est une privilégiée, comme tous les boomers), elle trouve sa maison, où elle vit depuis 50 ans, occupée par cinq squatteurs. Ils ont changé la serrure et refusent de s’en aller. Problème juridique, la maison est au nom de son fils Jordi, qui vit à Barcelone et possède un autre logement : la justice espagnole ne reconnaît donc pas cette habitation pour sa résidence principale, et refuse donc l’expulsion immédiate des squatters. La procédure menace de s’éterniser, ainsi le veut l’Etat de droit, toujours favorable aux délinquants, par un dévoiement de l’esprit des lois : il faut en effet distinguer le cas d’une famille tombée dans la gêne et qui, occupant légalement un logement, se trouve momentanément empêchée de payer, des squatteurs, qui sont des criminels : ils se rendent coupables d’un vol, ni plus ni moins, vol de logement, et, dans ce cas, vol de toute une vie de souvenirs. La malheureuse Montserrat, désemparée, s’est fait justice elle-même. Elle connaît le terrain et n’a pas froid aux yeux : elle décroche un nid de guêpes dans son jardin, pousse une fenêtre entrouverte et lance la chose sur les intrus. Cela suffit à les agacer, non à les expulser, et c’est eux qui envisagent de porter plainte pour agression. Mais la vieille s’en fiche : « Qu’ils portent plainte s’ils veulent. C’est ma maison, et je ne les laisserai pas y rester. » Son fils et le village tout entier la soutiennent plein pot. La police se tait, la justice gamberge. La boomeuse n’est pas décidée à lâcher le morceau : « Je ne voulais pas vous faire de mal, mais c’est ma maison. Partez. Sinon, je recommencerai, avec des guêpes, des abeilles ou n’importe quel insecte que je trouverai. » Sauf des termites, bien sûr.