Les Britanniques sont bien « entraînés » en vue d’un prochain confinement, affirme David Halpern, spécialiste du comportement

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Comme un exercice militaire ! Peut-être même comme à la parade, le petit doigt sur la couture et un œil sur l’adjudant-chef pour ne pas se prendre une remontée de bretelles… C’est ainsi que les Britanniques ont traversé les confinements covid et c’est tant mieux, car ils sont maintenant parfaitement « entraînés » pour le prochain lockdown par lequel un pouvoir malveillant obligera la population à rester claquemurée chez elle. Voilà en tout cas ce qu’en dit le Pr David Halpern, interrogé dans le Telegraph sur l’éventualité d’un nouveau confinement. Et son avis compte : il est à la tête d’un groupe d’étude des comportements (Behavioural Insight Team) qui était au service du ministère de la Santé du Royaume-Uni au moment de la mise en place des restrictions. Matt Hancock – l’alter ego britannique d’Olivier Véran, qui avait dû démissionner en juin 2021 lorsqu’on constata qu’il avait lui-même enfreint le confinement en embrassant sa maîtresse dans son cabinet ministériel – n’a-t-il pas déclaré mardi dans le cadre de l’enquête officielle sur la gestion de la crise que le pays devait être prêt à lutter contre de futures épidémies par des mesures de confinement « plus larges, plus précoces et plus strictes » ?

 

Manipuler le comportement, ça paie dans la durée

Le Pr Halpern, spécialiste, donc, de la manipulation des comportements humains, prévoit que tout se passera sans la moindre difficulté dans ce cas de figure. Son interview, publiée ce jeudi mais accordée avant même l’audition de Hancock, rend témoignage, peut-être involontairement, de l’une des fonctions des confinements de 2020 et 2021 : préparer les esprits, conditionner les foules ; mieux, habituer le quidam à obéir aux injonctions les plus absurdes en lui faisant croire que c’était pour son propre bien.

Pourquoi, sinon, avoir obligé les habitants d’innombrables pays à porter le masque lorsqu’ils étaient seuls sur la plage, profitant d’une brise marine qui balaie tout ? Et ce, sous peine d’amende et à grand renfort de publicité médiatique pour les poursuites les plus kafkaïennes, histoire de bien montrer de quel côté était le manche…

Le Behavioural Insights Team (BIT), connu familièrement sous le nom de « nudge unit » (entre le coup de coude et l’appel du pied), avait obtenu au moment du covid un contrat d’un million de livres sterling (environ 1,15 million d’euros) pour fournir au gouvernement un « accès sans accros à l’expertise comportementale ». A lui la mise sur pied de phrases-clefs à visser dans esprits, tels : « hands, face, space » (mains, visage, espace) pour obtenir le réflexe du nettoyage au gel hydroalcoolique ou de « distanciation sociale ».

 

La population « pourra recommencer » en cas de confinement futur

Et cela a parfaitement fonctionné. Halpern assure désormais que grâce au drill savamment mené – le mot renvoie aux exercices militaires – le Royaume-Uni a « pratiqué l’exercice » du port des masques et du télétravail et que sa population « pourra recommencer » en cas de crise future. Tout le monde se conformera à de nouvelles injonctions à « rester chez soi » parce que tous « connaissent en quelque sorte la marche à suivre ».

Il a même laissé entendre que l’expérience antérieure des confinements à l’occasion du covid rend « beaucoup plus facile d’imaginer aujourd’hui » que la population accepte de nouvelles restrictions à l’avenir.

S’il le faut, a ajouté David Halpern, il faut être prêt à utiliser des messages « fondés sur la peur », même s’il assure ne pas les apprécier : « Il y a des moments où il faut savoir trancher… en particulier si vous pensez que les gens sont mal calibrés », a-t-il déclaré.

Mal calibrés ? Nous avons vu ce que cela signifie : c’est le fait de ceux qui ont une dose de bon sens, qui se posent des questions au sujet des mesures, qui regardent les faits. Ce sont eux qu’il faut « recalibrer » selon le discours adopté par le pouvoir. Et c’est d’autant plus facile que l’on maîtrise les outils de la manipulation comportementale…

 

Une campagne de manipulation du comportement à 1 million de livres

Halpern a ainsi reconnu que les campagnes de son unité étaient conçues pour aider à renforcer les nouveaux comportements. Il a par exemple expliqué que les affiches conçues par le BIT agissaient comme des incitations visuelles de sorte que « lorsque vous entrez dans un magasin ou ailleurs, elles vous rappellent, vous donnent des indices, elles agissent comme un déclencheur pour le comportement ».

Pour le port du masque, il s’agissait de faire naître la réaction : « Vous éprouviez ce sentiment : “Oh mon Dieu, je n’ai pas mon masque !” Un peu comme si vous vous sentiez nu. »

L’intérêt de cet entraînement, selon Halpern, est qu’il offre des résultats durables (c’est le principe du réflexe conditionné). Dès lors qu’on a « appris » un nouveau comportement au public, « en principe, vous pouvez le remettre en marche ». « Vous aurez mis en place le début de ce qu’on appelle une “boucle d’habitude” : si cette chose se produit, alors il faut faire celle-là. »

Les grandes catastrophes « laissent une trace durable dans la société », ajoute le professeur. Outre le fait de connaître la marche à suivre, cet impact « quasi-évolutif » constitue un indicateur fort du comportement futur, a-t-il affirmé. Face à une autre maladie contagieuse, il prévoit que le public britannique recommencerait à porter des masques « relativement rapidement si on les en persuadait ».

« Ils pourraient protester en disant : “Est-ce vraiment nécessaire ?”, faisant preuve d’un sain scepticisme (sic). Mais une fois que vous avez fait travailler ces muscles, ils sont plus susceptibles d’être réutilisés », a-t-il déclaré.

 

Et un petit coup de manipulation en prime dans l’entretien avec David Halpern !

Et du côté du pouvoir, l’exercice s’annonce encore plus facile.

Le public britannique, qui a appris à travailler à domicile, serait plus enclin, selon Halpern, à accepter les mesures de maintien à domicile utilisées pour lutter contre les épidémies locales : « Nous avons compris beaucoup plus de choses qu’auparavant, nous avons donc répété l’exercice et nous pourrions le refaire », a-t-il déclaré, assurant qu’il sera plus facile à l’avenir de trouver des villes qui obéiraient sans difficulté.

Il est intéressant de noter que le chercheur n’évoque pas un confinement national, mais imagine des flambées épidémiques locales que l’on jugulerait grâce à un confinement très strict, mais limité dans l’espace. C’est tellement plus facile à « vendre » : le lecteur imagine alors qu’il s’agirait d’une autre ville que la sienne, et conçoit ce confinement comme une protection pour lui-même et pour les siens…

La parlementaire Esther McVey a publiquement contesté les messages destinés à faire naître certains comportements n’étaient pas justifiables : « Etait-il éthique de déployer des stratégies psychologiques dissimulées en direction des Britanniques ? »

Halpern pense que l’expérience du sida dans les années 1980 innocente les messages de modification comportementale, même très violents : « on pense vraiment » que la campagne effrayante montrant des pierres tombales « a sauvé de nombreuses vies ».

Et s’il estime aujourd’hui que les interventions comportementales devraient faire l’objet d’un « débat démocratique » ouvert, on peut le taxer d’hypocrisie : pour ce qui est de la manipulation covid, elle a été faite en refusant le débat et aujourd’hui, il se réjouit pour l’avenir du travail accompli.

 

Jeanne Smits