Budget des Etats-Unis : Paul Ryan et les Républicains du Congrès capitulent devant les Démocrates et Obama

Budget Etats Unis Paul Ryan
Le Congrès américain.

 
Le budget relais 2016 proposé au Congrès des Etats-Unis, indispensable pour permettre au gouvernement fédéral de payer ses dépenses, a été adopté mercredi après des négociations menées par le président de la Chambre des représentants Paul Ryan et qualifiées de « trahison » par les conservateurs américains. Ils y voient un véritable coup de poignard pour son camp et un blanc-seing pour la Maison Blanche et les alliés démocrates d’Obama. Le budget, dont l’adoption assure les paiements du gouvernement fédéral jusqu’en septembre 2016, consent à 1.100 milliards de dollars de dépenses, en échange de quelque 680 milliards de dollars de réduction d’impôts. Le texte ne diffère pas véritablement de celui de son prédécesseur républicain, John Boehner – or le compromis accepté par ce dernier avait précipité son éviction par les élus conservateurs du Freedom Caucus (Comité électoral de la Liberté) du Congrès. La mise en œuvre de la nouvelle loi budgétaire risque de modifier complètement la physionomie de l’Amérique.
 

Le programme migratoire d’Obama recevra de nouveaux fonds du budget des Etats-Unis

 
L’octroi de visas temporaires H-2B aux travailleurs étrangers peu qualifiés, raison majeure du licenciement des travailleurs américains, fait ainsi l’objet de dotations accrues. Le projet de loi prévoit de quadrupler leur nombre pour atteindre les 250.000, contre 66.000 actuellement. Autant de travailleurs américains modestes et des plus vulnérables, dont beaucoup de femmes, se verront ainsi pousser vers la porte de sortie. Une récente étude de BuzzFeed sur le sujet révèle d’ailleurs que les travailleurs américains font l’objet de discriminations de la part des entreprises qui recrutent au profit des détenteurs de visas H-2B.
 
Des dizaines de milliers de réfugiés pourront également continuer de recevoir des aides pour leur installation sur le sol américain, par le biais du Département d’Etat. Paul Ryan a d’ailleurs fait clairement savoir qu’il ne s’opposait pas personnellement à ce programme d’accueil d’envergure.
 
En ce qui concerne plus précisément les immigrés en provenance de régions du Proche-Orient riches en terroristes islamiques, aucune restriction n’est envisagée pour limiter l’octroi des visas F-1 pour étudiant ou K1 pour les fiancés ou encore des cartes vertes de séjour, alors que ces canaux ont été largement utilisés par les terroristes ces dernières années, comme en témoignent les auteurs de la tuerie de San Bernardino, en Californie.
 

Le Républicain Paul Ryan ne fait pas mieux que son prédécesseur John Boehner

 
Le programme d’action DACA du président Obama, acte exécutif complètement inconstitutionnel, a déjà octroyé quelque 700.000 visas à des clandestins sans papiers de moins de 16 ans et permet à ces derniers de bénéficier d’allocations de l’Etat ou de crédits d’impôts. Ce programme lancé en 2012 est, sans surprise, responsable de la nouvelle affluence de jeunes à la frontière mexicaine des Etats-Unis.
 
Toujours sur le plan migratoire, la proposition de loi n’envisage absolument pas d’achever la construction d’une double frontière de protection contre les clandestins qui tentent de s’introduire sur le sol américain par le Sud. La sécurisation hermétique du territoire est pourtant une promesse datant de 2006, avec le Secure Fence Act (loi sur la sécurisation des frontière) qui prévoyait plus de 1.100 km de double clôture.
 
Quant aux villes sanctuarisées, c’est-à-dire les villes qui accueillent les clandestins au mépris du respect des lois sur l’immigration, elles continueront à recevoir des fonds de l’Etat.
 

Le budget des Etats-Unis est celui des Démocrates et d’Obama, malgré la majorité républicaine

 
Le crédit d’impôts pour les « énergies vertes » (panneaux solaires et éoliennes) est maintenu. Le président Obama pourra user de fonds discrétionnaires pour alimenter le Fonds vert pour le climat (Green Climate Fund), mécanisme financier de l’ONU, rattaché à la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). La Maison Blanche pourra ainsi réaliser librement l’objectif du Fonds vert pour le climat, à savoir transférer des fonds des pays les plus avancés à destination des pays les plus « vulnérables » afin de mettre en place des projets pour combattre les effets des changements climatiques.
 
Le nouveau budget maintient le financement public du planning familial américain, « Planned Parenthood », l’un des principaux pourvoyeurs d’avortement aux Etats-Unis avec quelque 330.000 interventions par an, malgré la mise au jour de son implication dans un trafic d’organes de bébés avortés.
 
Cette fois-ci encore les groupes de pression pro-Démocrates ont été les plus forts. Les Républicains ont bien voulu tomber dans le piège du calendrier en laissant les différentes parties du projet de loi de finances être votées toutes ensemble. La Maison Blanche peut ainsi brandir la menace de son veto à tout moment. L’opposition est menottée, tout comme le peuple américain qui fera les frais de cette « lutte des puissants » au-dessus d’eux.
 

Nicklas Pélès de Saint Phalle