Le synode sur la synodalité s’est achevé, et en attendant de vous présenter une analyse du document final sur reinformation.tv, voici quelques critiques émises par le cardinal Raymond Burke qui met en garde contre les « dangers » des conclusions votées – avec, pour la première fois, la participation de fidèles laïcs et même de femmes dans un « synode des évêques ». Il juge les propositions du synode « extrêmement troublantes et dangereuses ».
Cela est d’autant plus inquiétant que le document final est assorti de la « valeur magistérielle » dans la mesure où il a été approuvé par le pape François. Celui-ci a d’ores et déjà renoncé à publier une exhortation post-synodale, étape qui en théorie aurait permis à l’autorité pontificale de s’exercer en rectifiant tel ou tel point. Logique, quand on fait confiance à la « conversation dans l’Esprit » censée faire émaner à coup sûr, des discussions en tables rondes entre pairs, mêlant les voix du pape, des évêques, des experts et des quidams, les propositions qui vont permettre à l’Eglise « d’aller de l’avant » en écoutant « les signes des temps ».
Le document final du synode aura valeur magistérielle
Certes le document final n’est pas considéré comme un document normatif ; mais en proposant de nouveaux « principes directeurs » pour aboutir à une « Eglise moins hiérarchique », comme le résume VaticanNews, c’est l’institution elle-même qui est visée dans son ensemble. L’entourloupe est évidente : ce qui ne peut constituer autre chose qu’un document consultatif, notamment de par la composition de l’assemblée qui l’a adopté, devient un document d’enseignement. Vu le contexte, cependant, sa valeur et sa force magistérielle sont ouvertes à la contestation…
Interrogé par Raymond Arroyo sur la chaîne de télévision catholique américaine EWTN, le cardinal Burke s’est brièvement exprimé sur le document final du synode (disponible pour l’heure en italien seulement, avec une traduction de travail en langue allemande) qui propose notamment une gouvernance laïque accrue, des « célébrations liturgiques exprimant mieux la synodalité », et la poursuite de la réflexion sur le diaconat féminin puisque la question est présentée comme « ouverte ».
Le cardinal Burke a critiqué tant l’événement que le texte, réitérant sa critique initiale selon lequel le synode a un objectif indéfini : « Personne n’a été en mesure de définir le sens de la synodalité – c’est devenu une sorte de support pour avancer toutes sortes d’idées sur l’Eglise et sur la liturgie sacrée. »
Le cardinal Burke dénonce les propositions dangereuses d’un synode qui bouleverse la définition de l’Eglise
Il n’est certes pas interdit de mener des consultations, a souligné le cardinal Burke, mais l’Eglise n’est pas définie par la synodalité. Le document – à la suite du rapport de la Commission théologique internationale sur le sujet, fréquemment cité – affirme au contraire que « la synodalité est une dimension constitutive de l’Eglise », définissant son « modus vivendi et operandi », sa manière d’être et d’agir.
« La communion hiérarchique de l’Eglise a enseigné, et le Concile Vatican II est clair sur ce point, se fondant sur l’exemple même de Notre Seigneur en formant l’Eglise au tout début de son ministère public : si la consultation a un rôle à jouer selon les anciens synodes, ce n’est pas une marque essentielle de l’Eglise. Cette situation est extrêmement gênante et dangereuse et doit être corrigée », a déclaré le cardinal Burke.
Il a également mis en garde contre le travail des groupes d’étude institués par le pape – le cinquième d’entre eux traite de la question des femmes diacres – qui vont poursuivre de facto le travail et le processus du synode sur la synodalité jusqu’en juin 2025. « Cela ne fera qu’accroître la confusion et la division, au détriment de la mission de l’Eglise », a-t-il souligné.
Le cardinal Burke prie de toutes ses forces pour que tout cela « soit corrigé »
« Nous devons plutôt consacrer notre énergie à la proclamation de la vérité sur la vie humaine, sur la nature humaine, la sexualité humaine, le mariage, la famille, la liberté religieuse », a-t-il insisté : « Je prie donc de toutes mes forces pour que cela soit corrigé. »
Dès le jour de la clôture du synode, les cardinaux américains Robert McElroy et Blase Cupich ont donné une interview commune dans laquelle ils ont appelé à une réforme de la structure de direction de la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis (USCCB). Cupich a ainsi déclaré qu’à la lumière du synode, il est « très clair dans le document que c’est ce que nous devons faire ». Dans le cadre de l’accroissement du rôle des laïcs dans l’Eglise, en particulier en matière de gouvernance, recommandé par le document, des limites supplémentaires seraient imposées au pouvoir du pape, puisqu’il est affirmé qu’un pape ne peut « ignorer une orientation qui émerge d’un discernement approprié dans le cadre d’un processus consultatif, en particulier s’il est réalisé par des organes participatifs ».
Interrogé sur le fait de savoir s’il est acceptable que des laïcs, voire des non-catholiques puissent avoir droit de vote dans les conférences épiscopales, le cardinal Burke a répondu : « Evidemment non. les personnes qui font ce genre de propositions devraient être capables d’exprimer de manière articulée, claire et compréhensible pour les fidèles catholiques ce que cela signifie, sinon il s’agit d’un discours très dangereux. »