Nous l’avons dit la semaine dernière à propos des petits scandales sur le tapis rouge et des bouffonneries des vieilles idoles, le festival de Cannes fait la promotion de tous les conformismes à la mode. Cela s’est confirmé avec les films et le palmarès : la Révolution mondialiste était au programme sur la croisette, avec son cocktail classique de paillettes déjantées et de discours marxisant, dont la palme d’or, Anatomie d’une chute, de la Française Justine Triet, fut le parangon.
Paris Bobo vient prendre à Cannes sa ration de paillettes
On n’a parlé que de cela l’espace d’une soirée, d’une matinale, d’un courant d’air : le petit speech du récipiendaire lors de la remise des prix, Justine Triet. La connaissiez-vous ? Pas moi. J’ai lu sa fiche Wikipédia. Elle vient de Fécamp, elle a quarante-cinq ans, elle voulait être peintre, elle a beaucoup donné dans le documentaire de gauche militant, son premier long métrage avait pour sujet l’élection de François Hollande en 2012. Son film primé à Cannes, Anatomie d’une chute, raconte le procès d’une femme écrivain accusée d’avoir tué son mari. Je ne l’ai pas vu, je n’en dirai rien. Sauf du titre : cette manière affectée de parler est représentative d’un petit milieu parisien bobo qu’arrosent généreusement les subventions du ministère de la culture, et qui vient se frotter à Cannes aux monstres sacrés du cinéma international.
Justine Triet fait sa promotion et celle de la Révolution
Or, justement, Justine Triet, pour mieux faire la promotion de son film, y est allée d’une protestation politico-sociale désormais obligatoire à Cannes. Elle a parlé, comme si elle avait quelque mandat pour le faire, de la « contestation historique, extrêmement puissante, unanime, de la réforme des retraites » en France. Et d’affirmer : « Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante, et ce schéma de pouvoir dominateur de plus en plus décomplexé éclate dans plusieurs domaines. Évidemment, socialement, c’est là où c’est le plus choquant. Mais on peut aussi voir ça dans toutes les autres sphères de la société. Et le cinéma n’y échappe pas. » C’était l’occasion rêvée de passer à la deuxième partie de son discours : « La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend est en train de casser l’exception culturelle française. Cette même exception culturelle sans laquelle je ne serais pas là aujourd’hui, devant vous. »
Gorgée de subventions elle dégorge son catéchisme anti-libéral
Or, si l’on observe le financement des films français produits de 2012 à 2018, ce n’est pas du tout ce que l’on constate. Sans doute y a-t-il un tassement du montant total des investissements dans le cinéma (tassement, non décrochage). Mais la part de l’argent public (aide directe plus crédit d’impôt) est en nette croissance. Ce sont les producteurs étrangers et les télévisions qui risquent moins leurs billes (et on peut les comprendre, quand on voit le nombre de navets qui font un bide total, dont le modèle est le dernier film de Bernard-Henri Lévy, Slava Ukraina). Le couplet sur le « gouvernement néolibéral » est donc un « must » de la Révolution marxiste et ne correspond en rien à la réalité observée. Manifestement, en bonne agitatrice, Justine Triet se soucie peu de réalité, l’essentiel pour elle est de se servir du Festival de Cannes comme d’une tribune.
De quoi l’Etat mécène fait-il la promotion ?
Elle a d’ailleurs oublié sa palme d’or en partant, et comme Jane Fonda, la vieille militante de toutes les luttes « libérales » (au sens américain cette fois) qui la lui avait remise, le lui rappelait, elle ne s’est même pas retournée : signe que le Cannes n’est plus là aujourd’hui que pour faire la promotion d’une certaine politique. Le cinéma est à la fois un moyen de communication de masse et un art. Or, si l’art manifeste la grandeur du prince qui s’en fait mécène, les moyens de communication assurent sa propagande. A voir les films en compétition et le palmarès, on doit donc se demander de quoi l’Etat, avec son avance sur recette et ses crédits d’impôt, de quoi les régions, de quoi les investisseurs privés font la promotion.
Cannes, festival mondialiste
De l’Obs aux Echos toute la presse a été d’accord : ce festival de Cannes fut une bonne cuvée, il a produit un « grand palmarès », à une erreur près, une « faute de goût », le prix de la mise en scène à La Passion de Dodin Bouffant, du Français Tran Anh Hung. Ce palmarès fut avant tout cosmopolite, à l’image du jury : une Marocaine, un Zambien, un Afghan, un Argentin, deux Français sous la présidence du Suédois Ruben Östlund. La Caméra d’or est revenue à un Vietnamien, le prix d’interprétation féminine à la turque Nuri Bilge Ceylan, dans le film turc Les Herbes sèches, celui d’interprétation masculine à un Japonais, le prix du scénario à un autre Japonais pour son film Monster, le prix du jury au Finlandais Aki Kaurismäki, et le Grand Prix à The Zone of Interest, de l’Anglais Jonathan Glazer, qui raconte la vie quotidienne à Auschwitz d’un de ses commandants, Rudolf Höss.
Vieilles idoles et jeunes activistes au service de la même Révolution
A noter que Monster a également obtenu la Queer Palm, qui récompense depuis 2010 « un film abordant les thématiques LGBTQAA+ ». Hors compétition, deux films un peu spectaculaires ont plu au public, Killers of the Flower Moon, de Martin Scorsese, western où l’on voit de méchants blancs spolier les Indiens, et le triomphe d’un autre vieux de la vieille, Harrison Ford, désormais fervent militant du climat, dans Indiana Jones et le cadran de la destinée. Ce dont Cannes, son festival, les aides publiques et quelques producteurs militants font la promotion saute donc aux yeux, comme l’a confirmé le discours de Justine Triet : c’est la Révolution mondialiste, cosmopolite, LGBT, néomarxiste.