Dans une déclaration au journal Suddeutsche Zeitung, le cardinal Reinhard Marx, membre du conseil rapproché du pape François, le fameux C9, a dénoncé « l’animosité, les divisions et les troubles » publics causés par la décision du conseil des ministres de Bavière de rendre visible identité chrétienne du Länd en ordonnant l’installation de crucifix dans les bâtiments administratifs de Bavière. Le cardinal est allé jusqu’à condamner cette décision – « clivante », comme on dit aujourd’hui.
Les crucifix doivent constituer une expression « du caractère historique et culturel de la Bavière », aux termes de la mesure adoptée la semaine dernière, placés de manière « clairement perceptible pour signifier un engagement visible par rapport aux valeurs fondamentales du droit et de l’ordre social en Bavière et en Allemagne ».
Mais pour le cardinal Marx, cela est proprement incompréhensible. « On ne comprend pas ce qu’est la Croix si on ne la voit qu’en tant que symbole culturel », a-t-il dit, de manière passablement malhonnête au vu de ce qui précède. Il a ajouté que la mesure annoncée par le ministre de l’intérieur de Bavière, Markus Sodede, revient à « exproprier la Croix au nom de l’Etat ».
Le cardinal Reinhard Marx évoque une « expropriation » du crucifix
Il a ajouté que le crucifix « est un signe de contradiction contre la violence, l’injustice, le pêché et la mort, mais il n’est pas un signe contre d’autres personnes ». « Accrocher un crucifix veut dire : je dois m’orienter selon les paroles de celui qui est mort sur la Croix pour le monde entier. C’est une provocation : pour chaque chrétien, pour l’église, mais aussi pour l’Etat qui voudrait se référer à ce signe. » Et d’ajouter que la question du crucifix devrait ouvrir le débat : « Que signifie vivre dans un pays chrétien ? » Cela veut dire selon le cardinal Marx qu’il faut inclure tout le monde : les chrétiens, les musulmans, les juifs et ceux qui n’ont pas de religion.
Cela veut dire encore selon lui que l’Etat doit assurer que toutes les convictions religieuses puissent s’exprimer, sans avoir le droit de déterminer leur contenu : « Le crucifix devrait être un modèle pour les hommes politiques s’engageant à respecter la dignité de chaque personne, en particulier le plus faible. Celui qui accroche un crucifix doit être jugé par rapport à cela. »
Les crucifix sur les bâtiments administratifs de Bavière gênent le relativisme
Certes, ce n’est pas au pouvoir politique de déterminer le contenu de la foi, mais en était-il question ? Non : d’ailleurs, il faut comprendre la déclaration du cardinal Marx selon la grille de lecture relativiste qu’il fournit lui-même.
Voilà ce qui arrive lorsque que, fondamentalement, on a rejeté la vérité à propos du « Christ, roi de l’univers » et de sa domination sur l’ordre social : c’est pour les mêmes raisons que l’on rejette l’idée de l’Etat catholique. Car il ne s’agit en rien d’une expropriation – l’Eglise n’est spoliée de rien, et encore moins le Christ – mais d’une manière d’adhésion, dans son ordre.
Beatrix von Storch, député AfD de Bavière au Bundestag, a réagi sur Twitter en affirmant que si l’islamisation gagne du terrain entre Allemagne, c’est d’abord en raison de la capitulation du christianisme – avec le cardinal Marx en tête. « Il enlève la Croix du sommet de la montagne du temple. Et il n’en veut pas non plus sur les édifices publics », a-t-elle tweeté (avec le hashtag : #lepoissonpourritparlatête).