Chalumeaux criminels : interdiction de proposer des pailles en plastique à Santa Barbara sous peine de prison

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A notre connaissance, c’est la première fois qu’une autorité publique a créé un délit pénal passible de prison pour lutter contre l’utilisation de pailles en plastique. Cela se passe à Santa Barbara, en Californie. Le 17 juillet, le conseil de la municipalité a pris une ordonnance d’interdiction des chalumeaux. Tout restaurateur ou responsable de bar ou de supermarché récalcitrant risquera une peine d’amende, voire de prison dans les cas les plus « graves », dès l’entrée en vigueur du texte l’an prochain. L’avortement est un droit ; la paille jetable est un crime.
 
Les peines sont encourues même si le client réclame à cor et à cris une paille pour lui-même ou pour son enfant. En revanche, à condition que le chaland en ait fait la demande, il restera possible de lui fournir une petite cuillère en plastique et autres ustensiles… du même métal. Allez comprendre !
 

La prison pour les pailles en plastique

 
Toute violation de cette nouvelle règle ubuesque expose le coupable à des avertissements, des poursuites, et des sanctions. Le primo-délinquant, pris en flagrant délit de sa première fourniture de chalumeau, pourra s’en tirer avec un rappel à la loi. Mais par la suite, chaque paille distribuée lui fera encourir une amende maximale de 1.000 dollars (c’est quatre fois plus qu’à Seattle, première ville à avoir institué cette traque), et une peine de six mois d’emprisonnement par infraction. Etant donné que les Etats-Unis ne pratiquent pas la confusion des peines l’addition pourra vite monter. Le temps d’organiser trois ou quatre goûters d’anniversaire et le malheureux marchand pourrait se trouver, théoriquement du moins, emprisonné à vie.
 
Un seul conseiller municipal, Randy Rowse, a osé s’opposer à la mesure. Bien modestement, il a suggéré qu’on laisse les administrés répondre à la menace environnementale des chalumeaux en plastique de la manière qu’ils jugeraient la plus opportune. Mais retenez plutôt ce nom, celui du conseiller Jason Dominguez – c’est lui qui a répondu : « Nous ne pouvons pas toujours compter sur le bon sens », et par conséquent « nous devons réguler chaque aspect de la vie ». Il a de la graine de dictateur, celui-là. Un futur gouverneur de la Californie, peut-être !
 

Santa Barbara promet la prison aux marchands de chalumeaux en plastique

 
Certes, le déversement du plastique dans les mers pose problème pour la vie marine. Mais aller jusqu’à dire que cela est aussi grave que l’amiante ou la peinture contenant du plomb, endémique dans la zone est de Santa Barbara, comme l’a osé dire le conseiller Oscar Gutierrez, c’est vraiment aller beaucoup trop loin.
 
Pour John Stossel de Fox News, c’est méconnaître le fait que la plus grande part plastique dans les océans provient des pays asiatiques qui ne traitent pas correctement les ordures. Les Etats-Unis ne contribuent que pour 1 % à cette pollution, au sein de laquelle les pailles ne représentent qu’une paille. L’affaire devient d’autant plus stupide que la solution de remplacement, les pailles en papier qui se désagrègent dès qu’on les mouille, sont plus chères à fabriquer et ne sont pas biodégradables.
 

Interdiction des pailles en plastique, pas des cuillères en plastique…

 
Cette dernière remarque est celle de Karin Willison, qui souffre de paralysie cérébrale et à ce titre, n’a pas d’autre choix pour boire que d’utiliser une paille, comme bien d’autres handicapés manquant de coordination. L’ordonnance de Santa Barbara ne prévoit pas d’exception systématique pour ces malades. Tous les établissements stockant des chalumeaux devront être en mesure de produire un document administratif écrit justifiant d’un besoin médical impérieux. « Je suis sûre qu’ils vont tous se précipiter pour répondre à ces exigences bureaucratiques », ironise la bloggeuse. Elle s’attend à des difficultés renforcées pour tous les handicapés qui souhaiteront refaire leurs stocks personnels…
 
Faut-il vraiment croire à la sincérité des conseillers municipaux qui imposent ces mesures kafkaïennes ? Peut-être sont-ils assez naïfs pour imaginer qu’ils sont en train de sauver la vie dans les océans. Mais la réalité, c’est qu’on est en train de mettre les citoyens au pas en leur faisant subir une réglementation tatillonne et absurde. Jusqu’au jour où les hommes se sentiront vraiment de trop sur cette Terre.
 

Anne Dolhein