Non, le changement climatique ne fera pas 200 millions d’affamés, en Afrique, d’ici 2050

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Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose. Et c’est bien pour ça qu’ils essaient, quand bien même la ficelle est grosse. Un article publié dans BNN Breaking News dresse un tableau catastrophique de l’avenir de la nutrition en Afrique. La raison en est aisément devinable : « Son agriculture est assiégée par un ennemi invisible : le changement climatique. »

Des chiffres pour ces 200 millions de futurs affamés ? Que nenni. De l’émotion, de la présomption, de l’admonition… Mais pas grand-chose pour justifier cette prophétie alarmiste à laquelle s’opposent toutes les données selon nos confrères de Climate Realism. Cette région du monde ne fait, au contraire, que progresser depuis les années 1990. Les politiques internationales qui veulent modifier les mécanismes existants en raison du dit changement climatique pourraient même bien plutôt la faire régresser.

 

Le changement climatique pour les nuls

« Il ne s’agit pas seulement de chiffres sur une page ; il s’agit de l’agriculteur du Kenya, qui regarde impuissant ses champs se transformer en poussière, de la famille du Malawi, dont la table se vide à chaque saison qui passe », nous dit, dans les larmes, l’article catastrophiste. Il faut surtout pas mal d’émotionnel pour remplacer les chiffres que l’on n’a pas… Pour eux, c’est certain, le changement climatique entraînera une faim généralisée, une famine et une baisse des revenus agricoles en Afrique.

Une source unique pour une telle affirmation : la récente étude du Center for Global Development où un économiste spécialiste de l’environnement et de l’énergie, en compilant, nous dit-on, « de nombreuses années de recherches menées par des scientifiques et des chercheurs spécialisés dans le changement climatique » a constaté que l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique de l’Est seraient les régions les plus touchées.

« Si le changement climatique poursuit sa tendance actuelle, la production agricole en Afrique diminuera de 2,9 % en 2030 et de 18 % en 2050. Environ 200 millions de personnes risquent de souffrir d’une faim extrême d’ici à 2050. La perte de revenus agricoles d’environ 30 % entraînera une augmentation de la pauvreté de 20 à 30 % par rapport à un scénario sans changement climatique », affirme cette étude.

 

L’Afrique, en général, a connu une croissance spectaculaire de l’agriculture

Et pourtant ces affirmations sont infondées et contraires aux données et tendances du monde réel en matière de production alimentaire et de revenus.

A plusieurs reprises, Climate Realism est revenu sur ce sujet régulièrement abordé dans les médias, sur la base de quelques études maigrelettes, dont pourtant celle du Fonds Monétaire International. C’est un fait que le changement climatique, de manière fortuite ou non, a profité aux agriculteurs africains. Au cours du récent réchauffement modeste, les récoltes et les revenus agricoles africains ont, au contraire, régulièrement établi des records :

« La production agricole en Afrique en général, et en Ethiopie en particulier, a augmenté de façon spectaculaire au cours des dernières décennies, alors même que la planète a connu un réchauffement de plus de 1° C. Pour réitérer ce point, à mesure que le réchauffement s’est produit, la production agricole et les rendements ont augmenté, et non diminué. En outre, les données du monde réel et les recherches agronomiques évaluées par des pairs ne fournissent aucune raison de croire que ces tendances changeront à l’avenir, en l’absence d’interférence politique dans l’utilisation de combustibles fossiles pour planter, fertiliser, récolter et livrer les récoltes. »

Alors que l’article de BNN Breaking News mentionne l’Ethiopie, le Kenya et le Malawi comme étant spécifiquement menacés par les pertes de récoltes, il apparaît que depuis 1990, au moment même où le changement climatique était censé réchauffer le continent africain, les cultures céréalières de base, ainsi que les racines et tubercules (apport alimentaire essentiel en Afrique), ont considérablement augmenté dans chacun de ces pays.

Et c’est l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture qui le rapporte ! En Ethiopie, malgré les troubles civils, la production céréalière a augmenté d’environ 496 %, et la production de racines et tubercules a augmenté d’un peu plus de 176 %. Au Kenya, la production céréalière a augmenté d’environ 35 % et la production de racines et de tubercules de près de 97 %.

Au Malawi, la production céréalière a augmenté d’environ 185 %, et la production de racines et tubercules a augmenté d’un taux étonnant de 3.082 %.

 

De l’émotionnel aux droits de l’homme pour un lavage de cerveau systémique

Alors, certes, de mauvaises récoltes se produisent, avec des conséquences plus graves sur des communautés déjà pauvres, mais les cycles de sécheresse et d’inondations sont naturels en Afrique. Il ne peut être aucunement de question de changement climatique.

En réalité, la seule chose qui a pu restreindre la production agricole, ces dernières années, dans certains pays africains, ce sont les troubles politiques et civils, fait justement remarquer l’article de Climate Realism. Les troubles civils sont, en effet, à leur plus haut niveau depuis six ans. Même lorsque les fermes ne se trouvent pas dans une zone de guerre, l’accès des agriculteurs au carburant, aux engrais et aux semences peut être rendu difficile et rend parfois impossible le transport de leurs récoltes jusqu’au marché.

La guerre est donc « un danger bien plus immédiat et perturbateur pour la production agricole en Afrique que le réchauffement progressif du climat au cours des 100 dernières années, ou que tout autre réchauffement potentiel auquel on pourrait raisonnablement s’attendre d’ici 2050 », selon Climate Realism.

Mais voilà, il faut entretenir la crainte apocalyptique de ce changement climatique – ça peut servir à plein de choses. L’enjeu est hautement politique comme en témoigne cette incroyable tribune publiée dans Euronews, et intitulée « Une victoire de Trump entraînerait l’Afrique (et le monde) dans l’enfer climatique ». Ou cet article de l’Agence Française de développement, publié le 5 mars, expliquant qu’il manque 2.500 milliards de dollars pour concrétiser les plans climat nationaux africains et répandre mieux les droits humains…

De l’art, toujours, de manipuler.

 

Clémentine Jallais