Le changement climatique impacte désormais les entreprises : les employés doivent s’y mettre

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Payé pour fournir un travail ? Oui et non. Sans doute faudra-t-il bientôt donner aussi des preuves de ses engagements – et pas n’importe lesquels. L’idéologie s’est largement invitée dans les entreprises, à commencer par le monde anglo-saxon. Aux cours et ateliers DEI (Diversité Equité Inclusion), s’ajoutent aujourd’hui les politiques d’apprentissage sur le changement climatique. Sessions de formation, encouragements à l’action… il faut faire « partie de la solution », c’est le message qui en ressort. Aux entreprises d’« exploiter le pouvoir de leurs employés », comme le disait le Forum de Davos. Encore une fois, personne ne doit (et donc ne veut) rester sur le bord de la route.

 

« L’apprentissage climatique » : nouveau lavage de cerveau

« Les entreprises mondiales insistent sur la connaissance du climat pour leur personnel. » Cet article du Financial Express indien est instructif. L’idée ? « L’apprentissage climatique » peut constituer une meilleure main-d’œuvre pour une transition en douceur vers une économie plus verte… Aux entreprises de « sensibiliser » leurs employés : on pourrait plutôt traduire par « formater ».

Et le panel qu’il dévoile est un beau concentré. Connaissez-vous les communautés SDG (Sustainable Development Goals) dans ce monde entrepreneurial ? Ce sont les communautés de salariés porteuses des Objectifs de Développement Durable, tels qu’ils sont définis par l’ONU depuis 2015. L’entreprise japonaise mondiale de technologies de l’information et de la communication Fujitsu compte 17 communautés SDG, chacune se concentrant sur la faim zéro, la pauvreté zéro, ou encore la réduction des inégalités…

Accenture, en Inde, a une initiative « Eco Action » pour sensibiliser et pousser à participer à des programmes de volontariat, à des éco-enquêtes et à des modules de formation. La marque a mobilisé des équipes de plus de 8.400 bénévoles pour participer à l’édition verte de « Empower Run 2022 » : pour chaque 40.000 pas parcourus par chaque équipe, Accenture a planté un palétuvier…

HCLTech, entreprise technologique mondiale, a lancé la HCLTech Sustainability School : cet apprentissage a été conçu pour sensibiliser les 220.000 employés à l’impact du changement climatique. Schneider Electric propose la même chose à travers une certification sophistiquée à trois niveaux : « nos programmes visent à créer la main-d’œuvre de demain », a déclaré son directeur des ressources humaines. Chez SAP Labs India, les employés participent à des campagnes de plantation d’arbres et de légumes, en plus de s’engager à réduire personnellement leur empreinte carbone.

 

Entreprises et développement durable : un mariage forcé pour le changement

Et que fait le monde du luxe ? On pouvait s’en douter, il n’est pas en reste. La première entreprise européenne à dépasser une capitalisation boursière de 500 milliards de dollars, LVMH, a pris une vague d’engagements climatiques pour repenser sa façon de faire des affaires. Cet article du Times nous apprend que le groupe a mis en place un nouveau programme appelé LIFE360 qui définit une série d’objectifs climatiques et de biodiversité pour l’entreprise : aucun plastique vierge utilisé dans les emballages d’ici à 2026, une réduction de 50 % des émissions liées à l’énergie d’ici à 2026 par rapport aux niveaux de 2019 et zéro déforestation des produits de sa chaîne d’approvisionnement d’ici à 2025…

Une stratégie au cœur du modèle économique de LVMH et de ses 75 marques, dont le groupe entend faire porter aussi l’engagement à ses employés. « Le changement doit faire sens pour chaque collaborateur. Nous devons leur donner les clés pour le mettre en œuvre » a déclaré sa Directrice Développement Environnement. L’entreprise ouvre un centre de formation aux portes de Paris où les employés européens viendront se familiariser avec l’impact du climat sur leur travail…

Pour toutes ces grands noms mondiaux, c’est aussi et surtout une question d’intérêt très pragmatique : les entreprises qui resteront sur le bord de la route ne seront pas les privilégiées du monde de demain… Elles doivent donner des gages à leurs clients, en faisant donner des gages à leurs employés. Car, bien évidemment, le développement durable est une préoccupation majeure pour la génération Z, nous dit-on.

 

Employeurs et employeurs : pas un pour rattraper l’autre ?

C’est surtout une préoccupation majeure du Forum Economique Mondial… Un article d’octobre 2022, sur le site en ligne de l’organisation mondialiste, faisait étalage des moyens mis à la disposition des organisations pour exploiter la capacité des employés à servir les objectifs climatiques.

Détail intéressant, il rappelait comment, in fine, c’était le mouvement social américain Black Lives Matter, à l’été 2020, qui avait servi de matrice à cette prise de conscience. Comme la politique DEI, autrement dit le wokisme, qui est devenue un élément idéologique crucial imposé sur le lieu de travail, l’apprentissage climatique devient un lieu de passage obligé. 81 % des employeurs aux Etats-Unis et 97 % des employeurs au Royaume-Uni déclarent qu’il est important pour leurs employés qu’une stratégie environnementale et climatique fasse partie de leur proposition de valeur, selon une enquête WTW HR and Climate Survey.

De l’autre côté de la barrière, plus de 60 % des travailleurs souhaitent que leurs employeurs agissent sur des questions sociales et environnementales telles que le changement climatique, l’égalité et la pauvreté, selon une étude réalisée en 2021 par Atlassian. De plus, l’étude a montré que la moitié des travailleurs interrogés aux Etats-Unis ont déclaré qu’ils quitteraient leur emploi si les valeurs de leur entreprise ne s’alignaient pas sur les leurs.

Que ce soit pour les employeurs ou les employés, les réponses ne sont peut-être pas toujours sincères et seulement motivées par le climat ambiant, sans mauvais jeu de mots. Mais la force du système fait que, persuadés ou non, ils les font telles – et c’est ce qui est dramatique. « Mesurez leur niveau de conscience » ! dit l’article made in Davos. C’est une véritable morale écologiste qui se met en place (le propos de John Kerry au pape François ne dit pas autre chose). Et chacun se battra pour être le chef de file de cette croisade des temps post-modernes.

 

Clémentine Jallais