Premier événement médiatique mondial de l’année 2023, le couronnement de Charles III d’Angleterre et du Royaume-Uni a suffoqué le badaud par la pompe déployée pour la circonstance et a été salué comme un événement heureux montrant la force de la tradition britannique. Mais, à l’image de deux monarques se hissant au trône passé l’âge où l’on prend sa retraite, il a surtout incarné à sa manière le déclin de l’Europe dans tous les domaines, comme la cérémonie et les déclarations du roi le montrent.
Un déclin d’abord démographique
Ce déclin est d’abord démographique et moral. Cela saute aux yeux si l’on compare deux grands moments de télévision, le 6 mai 2023 au 29 juillet 1981. 42 ans après, Charles, divorcé puis veuf de son épouse Diana, ayant épousé sur le tard sa vieille maîtresse Camilla (avec laquelle il avait des conversations téléphoniques porno qu’il avait laissé surprendre par des journalistes) a coiffé leurs vieilles têtes de couronnes qu’ils peinent à supporter. Il a 74 ans, elle en a 75, soit deux de moins que Louis XIV, l’homme qui régna le plus longtemps en Europe, à sa mort. Les jeunes souverains sont presque des vieillards, à l’image d’un peuple britannique qui vieillit et que ses anciennes colonies remplacent sur son sol.
Un couronnement multi-ethnique et multi-religieux
Charles III a aussi incarné lors de son couronnement, il y a même explicitement consenti, le déclin ethnique et religieux de son peuple. Ainsi pour la première fois des représentants des religions juive, hindouiste, sikh, musulmane et bouddhiste ont tenu un rôle actif dans la cérémonie. Ils ont fait une déclaration commune, et le Premier ministre hindou Rishi Sunak a lu un extrait de la Bible. Selon l’archevêque de Cantorbéry Justin Welby, ces « nouveaux éléments (…) reflètent la diversité de notre société contemporaine ». Charles, qui a préparé son couronnement avec Welby, avait déjà souligné dans son premier discours de roi, en septembre 2022 « le devoir de protéger la diversité dans (son) pays ».
L’islam, atout pour la Grande-Bretagne et l’Europe moderne
Dans cette diversité, il professe une préférence, en bon lecteur de René Guénon qu’il est, pour l’islam. Il a appris l’arabe pour lire le coran dans le texte, pratique le dialogue inter-religieux depuis qu’il a inauguré en 1986 le Muslim College de Londres. On lui doit des déclarations telles que : « Le monde islamique est le gardien de l’un des plus grands trésors de sagesse et de connaissances spirituelles accumulées à la disposition de l’humanité. » Pour lui l’islam a montré au moyen âge « une tolérance remarquable », il fait « partie de notre passé et de notre présent, dans tous les domaines de l’activité humaine. Il a contribué à créer l’Europe moderne », et il constitue aujourd’hui un « atout pour la Grande-Bretagne ». Il critique d’ailleurs la laïcité en France et l’interdiction de porter le niqab en public.
Charles, roi vert et mondialiste
L’écologisme de Charles et son engagement contre le « changement du climat par l’homme » sont connus, son mondialisme aussi, ils se sont manifestés avec éclat en 2020 à Davos (dont il est familier depuis 1992) quand il a rencontré Greta Thunberg, puis lancé, grâce au Covid, le Big Reset avec son ami Klaus Schwab. Il a déclaré : « Il y a une occasion en or de tirer quelque chose de bon de cette crise… les crises mondiales ne connaissent pas de frontières, et soulignent à quel point nous sommes interdépendants en tant que peuple partageant une seule planète. » Et de continuer : « Si nous ne prenons pas les mesures nécessaires, et si nous ne construisons pas de manière plus verte, plus inclusive et plus durable, nous aurons alors de plus en plus de pandémies. » Climatiste et covidiste, il coche toutes les cases en la matière.
La marche prudente de Charles vers l’arc-en-ciel
Sans doute inhibé par ses affaires de cœur compliquées, Charles n’a encore rien dit de très marquant en matière de LGBT +. On sait que sa mère, tout en suivant discrètement le mouvement (notamment par la dépénalisation de l’homosexualité en Grande-Bretagne et le « mariage pour tous ») restait prudente en la matière. C’était probablement une affaire de génération. Charles a envoyé ses enfants en avant. Harry a beaucoup milité contre le patriarcat en compagnie de son ami le chanteur homosexualiste Elton John, et le nouveau prince de Galles William a déclaré que si l’un de ses enfants faisait un jour son « coming out », ce serait « bien pour lui, évidemment, complètement ». Pour l’instant, Charles demeure silencieux, mais Elton John espère qu’en tant que chef du Commonwealth il étendra la dépénalisation de l’homosexualité aux anciennes colonies anglaises qui demeurent traditionnelles. Sous la pompe du couronnement, Charles est prêt à suivre la feuille de route de la révolution mondialiste en cours. Le déclin « traditionaliste » est en marche.