
Il y a des morts qui suscitent plus de sympathie que d’autres – quand ce n’est pas une explosion de violence qui peut atteindre des dimensions spectaculaires : pensez à Nahel, Adama Traoré, à George Floyd dont l’interpellation mortelle a provoqué des manifestations et des émeutes dans le monde entier avec le mouvement Black Lives Matter.
Et puis il y a les autres. Celles qui émeuvent moins les médias, ces morts moins dignes dont on parle avec une certaine distance, une discrétion révélatrice, une volonté de ne pas manifester trop de sympathie. Quand meurt un Jean-Marie Le Pen, la presse rappelle son infréquentabilité. Quand une jeune femme ukrainienne meurt dans le métro à Charlotte, Etats-Unis, tuée au couteau par un Noir à dreadlocks qui se vante d’avoir tué une Blanche, il faut attendre que les images sortent sur les réseaux sociaux et que le petit peuple s’indigne pour que les professionnels de la communication en parlent du bout des lèvres.
Charlie Kirk, un débatteur pro-Trump
Lorsqu’un Charlie Kirk est abattu froidement d’un coup d’arme à feu au cours d’un débat en plein air organisé par ce jeune conservateur à l’université d’Utah Valley, les médias mainstream n’ont qu’un souci, rappeler qu’il était anti-avortement, anti-LGBT, partisan de Trump. Voilà autant de raisons avancées pour expliquer l’attentat auquel il a succombé.
Charlie Kirk avait 31 ans, une femme et des enfants. Il était d’un grand courage pour promouvoir tout ce que le monde moderne exècre : la foi chrétienne, la défense de la vie et de la famille. C’était un « influenceur », comme on dit dans la presse, mais loin d’asséner des certitudes sur les réseaux sociaux, il pratiquait la rencontre et le débat – toujours courtois –, façon évidente de respecter ses adversaires. Chercher à les convaincre n’est-il pas plus humain que de les « influencer » ?
Les journaux américains, mais aussi français, ont multiplié les articles pour expliquer en substance que Charlie Kirk était une figure clivante, ou encore qu’il a jadis déclaré qu’on pouvait raisonnablement tolérer quelques morts pour préserver la liberté de posséder des armes que consacre aux Etats-Unis le deuxième amendement. La condamnation de son assassinat vient généralement après le rappel de son incorrection politique.
Certains trouvent même d’improbables coupables alors que l’auteur de cet attentat n’a pas encore été retrouvé. C’est à peine si fondateur de « Turning Point USA » n’est pas accusé de s’être d’une certaine façon suicidé… On entend de tout : un Matthew Dowd, ancien stratège de la campagne Bush-Cheney qui avait soutenu Kamala Harris lors des dernières élections s’est immédiatement fendu d’un message sur X pour dénoncer « les pensées haineuses qui conduisent aux paroles haineuses qui elles-mêmes conduisent aux actions haineuses ». Il venait de déclarer que la victime avait peut-être été touchée par une balle tirée par un membre du public dans l’euphorie du moment.
Il se trouve que Charlie Kirk était en train d’évoquer les tueries de masse au moment où il a été touché. Et que des vidéos de l’événement montrent la présence d’un homme sur un toit, un peu comme le sniper qui avait tiré sur Donald Trump au cours de sa campagne.
Charlie Kirk défendait la vie et la famille : il était donc « clivant »
Trump, justement, est lui aussi accusé d’être le responsable réel de la mort du jeune militant politique Charlie Kirk. On parle de l’« environnement violent » qu’il a créé et de la « polarisation » de la société dont il serait responsable. Ici ou là, on exprime la crainte de voir cette polarisation s’aggraver parce que Kirk a été tué par balles. Oubliées, les émeutes de Black Lives Matter ? La polarisation ne fonctionne que dans un seul sens…
Ainsi, J.B. Pritzker, gouverneur de l’Illinois, a-t-il commenté l’événement en déclarant : « Je crois qu’il y a des gens qui fomentent la violence dans ce pays. Je crois que la rhétorique du président la fomente bien souvent. »
Kirk lui-même avait été désigné à la vindicte des militants de gauche par le très gauchiste Southern Poverty Law Center, qui a classé il y a quelques mois le mouvement Turning Point parmi les rejetons idéologiques du Ku Klux Klan. Plus près de chez nous, l’association Stop Homophobie qualifie Kirk d’ultra-conservateur, et avant la moindre condamnation de sa mort violente, le désigne comme l’une des figures les plus virulentes opposées aux « droits LGBTQ+ » aux Etats-Unis.
Elle écrit même : « Des figures de la droite radicale ont rapidement attribué l’attaque à la “violence de gauche”. L’ex-candidat républicain de l’Arizona Blake Masters a parlé d’“explosion incontrôlée”, tandis que le polémiste Mike Cernovich a réclamé des enquêtes parlementaires visant des donateurs progressistes. A l’inverse, certains analystes comme le journaliste Matthew Yglesias ont alerté sur le risque que cette tragédie serve de prétexte à un durcissement autoritaire et à la répression de l’opposition politique. »
Mais qui tue ? Et qui est tué ?
Charlie Kirk, un homme de foi qui se rapprochait des catholiques
Donald Trump, dans une déclaration publiée sur son réseau Truth Social, a au contraire dénoncé la diabolisation qui frappe ceux qui pensent comme Charlie Kirk, et qui a frappé Kirk lui-même, cette fois-ci de manière fatale, et qui trouve son origine dans la « gauche radicale ». « Le monstre qui a attaqué Charlie Kirk a attaqué l’Amérique tout entière », a ajouté le président des Etats-Unis dans son hommage.
Celui-ci a tenu à rappeler la foi profonde de Charlie Kirk. Il est intéressant de noter que ce dernier a récemment encouragé les évangéliques, dont il fait partie, ainsi que tous les protestants à honorer la Sainte Vierge. Une veillée de prière catholique a été organisée mercredi soir à Scottsdale, Arizona, où habite la famille Kirk. A l’occasion de cette récitation publique du chapelet, les participants ont fait remarquer que Charlie Kirk venait assez régulièrement à la messe dans leur église paroissiale. On se demande aujourd’hui si le jeune homme et sa famille n’étaient pas en chemin de conversion. En tout cas, il avait plusieurs fois fait remarquer que les jeunes ont besoin de sacré, et qu’ils le trouvent chez les catholiques, ce qui expliquait selon lui que les conversions soient aujourd’hui nombreuses.
Dans le Telegraph de Londres, Tim Stanley commentait ce matin : « Je me suis dit : “C’est forcément bien plus qu’une guerre culturelle, non ?” Il s’agit d’un problème spirituel. Prenez l’exemple de cet homme à l’âme abîmée qui a tiré sur des enfants à l’école catholique Annunciation, ou celui qui a poignardé une femme dans un train en Caroline du Nord : peu importe le manifeste au nom duquel ils agissaient, ou les médicaments qu’ils avaient omis de prendre, ils dégageaient l’odeur sulfureuse de quelqu’un qui est opprimé par des démons, comme si un esprit maléfique rôdait dans le pays. »
Et dire que le « racisme », la « discrimination », les « crimes de haine » sont l’objet de toutes les attentions de tout pouvoir un tant soit peu wokiste. Ce sont elles qui encouragent, au fond, la violence démoniaque à l’encontre de ceux qui sont diabolisés.