Le Bureau national des statistiques (NBS) de Chine a décidé d’adopter une nouvelle méthode de calcul du PIB qui, selon lui, « reflète mieux la contribution de l’innovation à la croissance économique ». Les dépenses en recherche et développement qui bénéficient aux compagnies ne seront plus calculées comme consommation intermédiaire, mais comme une part du capital fixe. Cela a surtout permis de gonfler ses résultats de 120 milliards de dollars, une manne tombée de nulle part qui permet de donner le change quant à la réalité de l’inexorable repli chinois.
 
Cet ajustement a été fait selon le système de comptabilité nationale de 2008, rendu public par cinq organisations internationales dont les Nations unies en 2009 pour fournir « un calcul macroéconomique complet, cohérent et flexible. »
 
Le Bureau national des statistiques utilisera cette méthode pour les futurs calculs du PIB et a aussi réévalué tous ses chiffres depuis 1952. Le PIB des 6 dernières décennies a ainsi été revu à la hausse, avec une augmentation de 1,06 % en moyenne sur la dernière décennie.
 

Ces dernières années, la Chine a promu les dépenses en recherche et développement

 
Les taux de croissance du PIB enregistrés ces dix dernières années ont été augmentés de 0,06 %. Le taux de croissance de 2015 est resté arrondi à 6,9 % malgré une révision de 0,04 %.
 
Ces dernières années, la Chine a promu la science, la technologie et le développement créatif, avec une augmentation rapide des dépenses de recherche et développement contribuant à la croissance économique. L’ancienne méthode de calcul utilisée ne reflétait pas l’importance de ce secteur, car la consommation intermédiaire ne mesure que la valeur des biens et services qui sont transformés ou utilisés entièrement dans le processus de production, assure le gouvernement communiste central.
 
Selon le système de comptabilité nationale établi en 2008, il est vrai que les dépenses de recherche et développement qui procurent un bénéfice économique ne devraient pas être considérées comme « complètement utilisées dans la période de comptabilité » et devraient être intégrées au capital fixe.
 

Le PIB de la Chine gonflé par un calcul modifié

 
En y recourant, la Chine s’aligne sur la plupart des pays de l’OCDE ; certains pays en développement utilisent également les préconisations du SNA 2008 pour intégrer les dépenses en recherche et développement.
 
Pour la deuxième plus grande économie du monde, réformer la méthode de calcul du PIB de cette manière permettra aux chiffres chinois d’être plus en phase avec ceux des autres pays, selon le Bureau national des statistiques de Chine.
 
Mais il semble que la Chine ait pour objectif premier de rassurer les marchés, alors que son taux est au plus bas depuis un quart de siècle. Certains analystes considèrent que la croissance chinoise avoisine les 4,5 % plutôt que 7 %. Et Li Keqiang, premier ministre, reconnaissait par ailleurs en 2007, selon Wikileaks, que les chiffres du PIB étaient « fabriqués artisanalement ».
 

Patrick Neuville