Un éditorial publié par le média officiel chinois Global Times annonce une révision des termes du partenariat transpacifique (TPP) avec l’arrivée à la Maison Blanche d’un nouveau président : aussi bien Donald Trump, Hillary Clinton que Bernie Sanders se sont posés en opposants au traité jumeau du Traité transatlantique (TAFTA), et de toute façon, croit savoir Chen Fingyeng, la première année de la nouvelle présidence sera consacrée aux affaires intérieures. Pour l’éditorialiste, la Chine doit savoir évaluer les bénéfices d’une telle modification et en profiter pour s’imposer davantage sur la scène mondiale. C’est une affaire d’un mondialisme qui chasse l’autre, à moins que ce ne soit le même, en habits neufs.
A en croire le Global Times, le TPP serait une manœuvre américaine visant à asseoir durablement sa domination économique sur les échanges commerciaux globaux, à la fois par un rééquilibrage des échanges en direction des pays du Pacifique et par la mise au pas de la Chine, présentée comme principale concurrente des Etats-Unis dans les années à venir, comme le savent les « élites politiques » américaines, assure le journal.
Le Partenariat transpacifique, un traité au bénéfice des Etats-Unis ?
L’éditoriale estime que le TPP, tel qu’il a été rédigé par les Etats-Unis, « prend en compte tous les facteurs prévisibles affectant les échanges et la concurrence d’ici à 2050, ne laissant aucun pays devenir assez puissant pour entrer en compétition avec eux pendant les 30 années à venir ». « Quelle que soit la date à laquelle le TPP entrera en vigueur, les Etats-Unis mettront tôt ou tard l’ordre global sous leur propre contrôle au moyen du TPP, et essaieront de contraindre la Chine à faire des concessions politiques, notamment dans le domaine du traité d’investissement bilatéral (BIT) », estime le journal.
Rappelant que le comportement d’un président peut-être très éloigné de ce qu’il a pu promettre au cours d’une campagne électorale, il ajoute que le TPP, en tant qu’il « est en lien avec les intérêts nationaux et les intérêts stratégiques globaux des Etats-Unis, a peu de chances de ne pas être mis en œuvre en raison de l’élection ».
Toutes ces choses sont évidemment sujettes à caution. De nombreux politiques américains soulignent au contraire à quel point le Partenariat – tout comme le Traité transatlantique – met en péril la souveraineté américaine et l’ouvre à une concurrence déloyale, voire un dumping social qui seront, de plus, protégés par des instances de jugement supranationales prévues par ces traités. On peut également mettre en doute la volonté d’écarter et de dominer la Chine alors même qu’elle est invitée, tout comme la Russie, à rejoindre le système.
La Chine veut de toute façon promouvoir le libre-échangisme à la faveur de la modification du TPP
Mais ce qui ne fait pas de doute, c’est que dans un système globaliste il n’est pas exclu que tel ou tel veuille donner le la. La Chine serait donc bien inspirée, selon Chen Fingyeng, de profiter de l’accalmie américaine en ce qui concerne le TPP pour promouvoir le Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP), avec l’ASEAN et six autres Etats, actuellement en sourdine pour cause d’implication de certains partenaires dans le TPP qui leur paraît plus enthousiasmant.
La Chine profiterait donc de la situation en faisant progresser l’intégration asiatique, sous sa propre influence mais toujours dans la même direction mondialiste qui est celle du TPP et de TAFTA. A terme, affirmait l’éditorialiste, qui est l’ancien chef de l’Institut des études économiques mondiales, institution appartenant aux Instituts chinois de relations internationales contemporaines, le RCEP pourrait s’imposer face aux Etats-Unis toujours occupés à promouvoir le TPP. Mais c’est surtout sa conclusion qui est intéressante : « En outre, il faut s’efforcer d’obtenir l’intégration de ces deux mécanismes, ce qui aidera à promouvoir une plus grande zone de libre-échange : la zone de libre-échange de l’Asie Pacifique. »
Quel que soit le chemin pris, c’est bien à cela que l’on veut aboutir.