La Chine veut améliorer l’offre contraceptive dans le cadre de sa « politique des deux enfants »

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La Chine s’est engagée à proposer de meilleurs services de planification familiale dans le cadre de l’abandon de la politique de l’enfant unique – ou plutôt de son remplacement par la « politique des deux enfants » décidée par le comité central du parti communiste chinois (CPC), dans une logique qui demeure celle de la coercition et du contrôle des naissances par l’Etat.
 
Le secrétaire général du parti communiste chinois, Xi Jinping, participait lundi à la réunion qui a abouti à cette décision, rendue publique au moyen d’un communiqué sans ambiguïté. « Le CPC attache une grande importance à la population et au planning familial, prenant en considération à la fois les problèmes démographiques et le développement, et il améliore constamment la politique de planning familial », affirme-t-il.
 

Le parti communiste chinois continue à faire de la planification familiale un pivot de sa politique

 
Cette autosatisfaction vise les « efforts » faits sur le long terme pour « contenir la croissance rampante de la population chinoise », note l’agence officielle Xinhuanet, qui se félicite de ce que la qualité de vie de la population ait été « substantiellement améliorée ». Les autorités chinoises se vantent volontiers d’avoir « évité » la naissance de 800 millions d’enfants, mais ce sont autant d’avortements, souvent forcés, qui ont endeuillé les familles et la population vieillit si rapidement que la Chine se trouve face à des problèmes de chute de main-d’œuvre ; le déséquilibre des sexes est devenu dramatique par le jeu de l’élimination des fœtus féminins.
 
La violence de la politique de l’enfant unique, avec ses avortements imposés jusqu’au terme, ses stérilisations forcées et ses mesures de rétorsion vis-à-vis des contrevenants n’est sans doute pas étrangère au fait que les femmes chinoises connaissent un des plus importants taux de suicide au monde.
 
Aujourd’hui, ayant été contraint non d’assouplir sa politique de contrôle de la population mais de la modifier, le comité central du Parti ne lâche rien de sa volonté tyrannique. Il appelle au contraire à une meilleure « adhésion » à cette politique en tant qu’élément essentiel de la « politique fondamentale de l’Etat », et entend donc s’assurer, on le comprend bien, qu’elle soit aussi rigoureusement mise en œuvre que celle qui a mis le pays en difficulté aujourd’hui.
 

La tyrannie communiste veillera sur la politique des deux enfants

 
C’est en réalité une planification communiste dont il s’agit, visant – comme l’ont dit lundi les hauts responsables du CPC – à « optimiser la structure de la population, à faire progresser l’offre de travailleurs et à réduire la pression d’une population vieillissante ».
 
Quand et comment ? C’est la grande question. Certaines régions qui voulaient anticiper sur le changement de la loi, le Hunan par exemple, ont déclaré dès les premières annonces en octobre qu’elles cesseraient d’imposer des amendes aux contrevenants à la politique de l’enfant unique qui avaient déjà un deuxième enfant. Elles ont été prestement rappelées à l’ordre par la Commission nationale du planning familial qui les a déclarées incompétentes pour prendre ce type de décision.
 
Le 9 décembre, le Parti a annoncé qu’il entend permettre aux citoyens ne disposant pas du Hukou, le document qui permet d’enregistrer les naissances, donnant une identité légale et l’accès aux écoles et aux services de santé, la possibilité de régulariser leur situation : il n’est donné aux seconds enfants illégaux que moyennant une forte amende, extrêmement dissuasive. D’où une multitude d’enfants invisibles sur le plan administratif : les enfants « noirs » comme on les appelle en Chine. On estime que quelque 13 millions de personnes sont concernées. Mais faute de loi certaine on ne sait pas encore si cet enregistrement sera accompagné ou non d’une amende.
 

La Chine veut améliorer l’offre contraceptive pour imposer le contrôle de la population

 
Ces amendes continuent de représenter des sources de revenus importantes pour les autorités locales et régionales.
 
Le cynisme reste à l’ordre du jour. De la part du parti communiste chinois, ce n’est pas très étonnant. Mais la presse libérale en Occident est capable d’une semblable insensibilité. Le Guardian de Londres posait la question en novembre : « La planète peut-elle supporter la nouvelle politique chinoise des deux enfants ? » C’est un défi pour son « économie verte », note le journal, qui voit dans l’annonce de nouvelles naissances chinoises une nouvelle raison de faire avancer plus vite le « train du développement durable ».
 
C’est en effet la taille de la population mondiale qui est mise en avant comme le problème numéro un. Les efforts pour la contenir sont donc forcément louable, quel qu’en soit le coût humain…
 

Anne Dolhein