La nouvelle Route de la Soie de la Chine communiste passera aussi par l’Amérique latine

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La nouvelle Route de la Soie, vaste entreprise de mondialisation aux conditions de la Chine, est à décliner au pluriel, puisque, outre l’Eurasie et l’Afrique, elle étendra ses ramifications jusqu’en Arctique au Nord et en Amérique latine à l’est de l’Empire du Milieu. Le média de l’Etat russe RT en langue espagnole se réjouit des plans du régime communiste chinois dans une région que les Etats-Unis ont tendance à considérer comme leur chasse gardée depuis la doctrine Monroe énoncée par le président américain du même nom en 1823. Citant un rapport du Conseil culturel et commercial Mexique-Chine, RT avance des chiffres sur ces nouvelles routes de la soie : elles concerneront quelque 70 pays détenant les trois quarts des réserves énergétiques connues dans le monde et rassemblant 70 % de la population mondiale. Pékin espère achever la mise en place l’ensemble de ses routes de la soie pour 2049, c’est-à-dire pour le centenaire de la fondation de la République populaire de Chine. Tout un symbole !
 

La croissance exponentielle des échanges commerciaux de la Chine avec l’Amérique latine

 
Toujours selon les chiffres avancés par RT, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l’Amérique latine a été multiplié par 20 entre 2005 et 2015, pour atteindre 236,5 milliards de dollars, soit presque autant que le volume des échanges entre les Etats-Unis et l’Amérique latine, ce qui se traduit par une influence politique accrue de Pékin dans la région. Avec les nouvelles Routes de la Soie, le régime communiste chinois va encore amplifier cette tendance et cela pourrait accentuer les tensions avec Washington ainsi que le fait remarquer le média du Kremlin. La Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB), concurrent avoué du FMI et créée par la République populaire de Chine, compte déjà 87 membres dont le Brésil, la Bolivie, le Chili, l’Equateur, le Pérou et le Venezuela.
 
RT insiste toutefois pour dire que l’expansion chinoise en Amérique latine est de nature « commerciale et pacifique » et que ce sont au contraire les Etats-Unis qui cherchent à s’imposer militairement dans la région et à en exclure la Chine, afin de préserver leur influence. Troisième investisseur dans la région, la Chine offrirait aux pays latino-américains l’avantage de financements « sans l’endettement qu’impliquent les conditions traditionnelles du Fonds monétaire international ».
 

Rejoindre la nouvelle Route de la soie permet aux partenaires de la Chine de bénéficier d’investissements et de financements

 
C’est en janvier dernier, lors d’un sommet de la Communauté d’Etats latino-américains et caraïbes (CELAC), que Pékin a invité les pays d’Amérique latine et des Caraïbes à se joindre à son initiative, également appelée « One Belt One Road » (OBOR), pour « une ceinture, une route » (celle de Pékin). La Chine estime en effet que l’Amérique latine se trouve dans le prolongement de sa « route de la soie » maritime. Les pays qui acceptent de signer les accords correspondants avec le régime communiste chinois bénéficient d’investissements dans leurs infrastructures, tel le projet de ligne ferroviaire entre la capitale du Panama et la ville de David, à l’ouest du pays, pour un coût estimé à 5,5 milliards de dollars. Un projet qui bénéficiera de financements chinois et qui a été annoncé peu après la rupture des relations diplomatiques entre le Panama et Taïwan, comme le souligne le site de la BBC en langue espagnole.
 
Des financements sans contrepartie ? Difficile à croire… comme l’indique cette étude sur l’endettement des pays tiers bénéficiaires des investissements chinois.
 

Olivier Bault