Le cardinal Coccopalmerio à une « rencontre au sommet » entre l’Eglise et la franc-maçonnerie

Coccopalmerio rencontre Eglise franc-maçonnerie
 

Une rencontre au sommet est annoncée entre l’Eglise catholique et la franc-maçonnerie ce vendredi 16 février à Milan. L’agenda du site du Grand Orient d’Italie annonce un « séminaire important » auquel participera le grand maître Stefano Bisi en présence de haute autorités religieuses, sous le titre : « Eglise et Maçonnerie, repartir de ce qui nous unit. » Lors de cet événement qui se tiendra au siège de la Fondation culturelle Ambrosianum, l’archevêque de Milan Mario Delpini, Mgr Francesco Stagliano, président de l’Académie pontificale de théologie, et le cardinal Francesco Coccopalmerio, président émérite du Conseil pontifical pour les textes législatif participeront aux débats.

Les organisateurs parlent d’une rencontre « qui peut se définir comme historique où sera abordé la relation centenaire et complexe entre l’Eglise catholique et la maçonnerie ». Stefano Bisi proposera notamment un exposé sur « la maçonnerie entre Ratzinger et Bergoglio ».

Le Grand Orient d’Italie se réjouit même d’un « important moment de dialogue qui permettra aux religieux et aux maçons de discuter librement de la possibilité de concilier les valeurs maçonniques et catholiques ». Voilà qui est clair : au-delà de la discussion, il s’agit bien d’un rapprochement ou en tout cas d’une tentative en ce sens, malgré les multiples condamnations historiques de la franc-maçonnerie par l’Eglise.

 

Le cardinal Coccopalmerio et quelques évêques à la rencontre de la franc-maçonnerie

Infovaticana rappelle que les jugements de celle-ci sur la franc-maçonnerie ont toujours été négatifs et qu’on en compte environ 600, depuis la bulle d’excommunication In eminenti apostolatus specula de Clément XII en 1738 jusqu’à la déclaration publiée par la Congrégation pour la Doctrine de la foi en 1983 sous la signature de celui qui était alors le cardinal Ratzinger, avec l’approbation de Jean-Paul II. Et tout récemment encore, le Dicastère pour la Doctrine de la foi a rappelé et confirmé sous la signature du cardinal Victor Manuel Fernandez l’incompatibilité entre le fait d’être catholique et de faire partie d’une loge maçonnique quelle qu’elle soit : « L’appartenance active à la maçonnerie de la part d’un fidèle est interdite en raison du caractère irréconciliable entre la doctrine catholique et la maçonnerie. »

On dira que les dignitaires catholiques qui se rendront à l’Ambrosianum ne font pas partie d’une loge, du moins doit-on charitablement le supposer jusqu’à preuve du contraire. Mais ce dialogue de haut niveau, tel que le présente le Grand Orient, vise manifestement à s’interroger sur une évolution de la doctrine catholique.

L’annonce du Grand Orient s’accompagne depuis hier sur le site d’un message du grand maître Bisi où celui-ci précise :

« Nous reprenons le dialogue entamé dans les années 1960 entre le Grand Maître du Grand Orient d’Italie de l’époque, Giordano Gamberini et son successeur Lino Salvini, d’une part, et le père pauliste Rosario Esposito, d’autre part. Ces rencontres, des confrontations qui se sont interrompues par la suite. Avec le séminaire situé à l’ombre de la cathédrale de Milan, elles vont pouvoir reprendre. Après tout, comme l’a écrit le cardinal Gianfranco Ravasi dans un article de 2016, dans le panorama bigarré de la maçonnerie, on peut trouver des valeurs communes avec celles du monde catholique. Il serait bon de repartir de là. De ce qui unit. »

 

L’Eglise et la franc-maçonnerie : l’impossible terrain d’entente

Ce qui sépare radicalement la maçonnerie et le catholicisme demeure pourtant. Et il ne faut pas s’attendre à une conversion subite de la franc-maçonnerie à la notion de vérité transcendante et immuable. Le journal Avvenire publiait en 2015 une lettre de Stefano Bisi lui-même ou celui-ci soulignait l’incompatibilité entre l’Eglise et la maçonnerie, à l’occasion d’une conférence organisée par le Grand Orient à Syracuse où était intervenu l’évêque de Noto de l’époque, Mgr Antonio Staglianò, avec beaucoup de clarté. Bisi expliqua alors à Avvenire que « les maçons n’ont pas à convaincre qui que ce soit » mais qu’il est certain que « la franc-maçonnerie n’a jamais avalisé des dogmes et des actions fidéistes qui sont très éloignés de sa tradition multiséculaire, et ne le fera jamais ».

Ce relativisme fondateur, ce non serviam réitéré expliquent le besoin de la franc-maçonnerie de promouvoir la transgression. Elle s’est comportée en ennemie de la loi naturelle et de l’ordre divin, comme la d’ailleurs reconnu Emmanuel Macron lors de son discours à l’occasion du 250e anniversaire du Grand Orient de France : on y lit que la franc-maçonnerie a largement façonné la République, et qu’elle a « initié », « discuté » les lois dans ses tenues, comme celle légalisant l’avortement. On y lit qu’elle a milité pour l’euthanasie, et qu’elle a contribué au processus en cours de légalisation du « droit de mourir dans la dignité ».

Ce qui se prépare à Milan, c’est en quelque sorte une discussion au sommet pour voir si on ne peut pas passer tout cela par pertes et profits, autour d’une aimable philanthropie qui s’accommode du mépris de la vie et de son Créateur.

 

Jeanne Smits