Colloque : La Manif pour tous dénonce les manipulations de l’humain : de la GPA au transhumanisme

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La Manif pour tous a saisi la date symbolique de la Journée internationale de la Femme, le 8 mars, pour tenir un colloque international sur la GPA, ou « gestation par autrui » – et non « pour autrui », ce qui laisse croire à une motivation altruiste qui ne saurait exister dans une pratique aussi radicalement contraire à l’intérêt de l’enfant. Salle quasi comble dans l’auditorium du Palais Brogniart où, malgré le temps printanier, quelque 500 personnes ont répondu à l’appel de la Manif pour tous et de Ludovine de La Rochère pour en apprendre davantage sur les manipulations de l’humain qui préparent le terrain au transhumanisme, thème explicitement désigné par les organisateurs comme méritant la vigilance dans le contexte actuel de remise en cause du modèle naturel de la procréation.
 

Un colloque riche

 
Alors que la GPA est interdite en France – c’est un délit et toute convention de gestation par autrui, location d’utérus, mère porteuse est réputée nulle et ne peut donc produire aucun effet juridique – le gouvernement français ne fait rien pour mettre en œuvre cette interdiction. Ce fut l’objet de la première intervention, celle de Me Adeline Le Gouvello, des Juristes pour l’Enfance : la circulaire Taubira qui en janvier 2013 à ordonné la transcription à l’état civil français des enfants nés par GPA dans des pays où leur état civil est dûment enregistré. C’est contraire à la loi : on le fera quand même. De même, le gouvernement français ne fait pas appel des décisions de la Cour européenne des droits de l’homme qui lui imposent de reconnaître la GPA sous toutes ses formes : même celle réalisée au profit de couples homosexuels. C’est bien la logique du « mariage » des homosexuels…
 

La GPA, exploitation des femmes explique la Manif pour tous

 
Cette inertie française doit être dénoncée comme complice d’une exploitation des femmes les plus pauvres au profit des riches qui veulent satisfaire leur désir d’enfant à n’importe quel prix.
 
Successivement, les participants au colloque de la Manif pour tous ont pu voir et entendre qui sont les victimes de la GPA : les mères porteuses mais aussi les enfants.
 
Jennifer Lahl, du Center for Bioethics and Culture, a ainsi présenté une vidéo sur l’expérience de femmes qui se soumettent à la vente de leur corps pour porter l’enfant d’une autre. Après Eggsploitation, contant les problèmes de celles qui vendent leurs ovules, Breeders, une sous-catégorie de femmes présente les « couveuses » qui sont confrontées aux problèmes physiques et psychologiques qui accompagnent la GPA, mais aussi les affres de personnes nées de cette manière. Problèmes de séparation et d’abandon, mais aussi d’identité : comment se définir soi-même lorsque l’on est né d’un trafic volontaire – et coûteux ?
 

Manipulations de l’humain au détriment des enfants : la GPA les atteint profondément

 
Très remarquée, l’intervention d’Anne Schaub, pédopsychiatre belge, a permis de mettre en évidence toute l’importance et la richesse des liens qui se tissent entre la mère et l’enfant au cours des 9 mois de la grossesse. Tout se résume en ces mots : « Un bébé ne peut pas ne pas s’attacher. » Il a besoin du lien maternel pour vivre. L’arracher à celle qui l’a porté pendant 9 mois apparaît dès lors comme une violence volontaire majeure : sa première expérience de la vie sera celle de l’abandon.
 
Le démographe Gérard-François Dumont a souligné pour sa part la déshumanisation qu’entraîne la désintégration du lien de la filiation par la GPA : elle répond comme en écho aux cultures qui ont à un moment ou à un autre méconnu l’importance du lien mère-enfant et du respect de la femme en voulant socialiser l’enfance (comme Marx mais aussi Platon…) ou en voulant la dominer en donnant tout pouvoir au paterfamilias, comme la Rome décadente. On comprend l’analogie : aujourd’hui l’Etat prétend définir la filiation au mépris du réel.
 
Qu’en est-il des institutions internationales ? Grégor Puppinck, du European Centre for Law and Justice a souligné combien les institutions européennes, et notamment la Cour européenne des droits de l’homme, sont disposées à faire avancer la GPA, même au mépris des lois nationales, encore que tout ne soit pas joué : selon les formations de la juridiction européenne, la balance peut peser dans un sens ou dans l’autre. C’est tout de même le gouvernement des juges.
 
Mais que faire lorsque les gouvernements aussi se rangent du côté des apprentis sorciers ?
 

La GPA, une étape vers le transhumanisme

 
Mettre en garde, assurément. C’est ce qu’a fait Marianne Durano, agrégée de philosophie et coauteur d’un livre qui mérite sans doute le détour : Nos limites. Pour une écologie intégrale. Elle a montré avec humour et gravité que les penseurs les plus progressistes (et en vue) aujourd’hui rêvent d’un monde où la femme serait dépouillée de sa fonction – de son identité – de donneuse de vie. La GPA, dans ce contexte, n’est qu’un pas vers la gestation totalement dissociée du corps de la femme, grâce au développement des utérus artificiels « remplis » à la suite d’une fécondation in vitro – et non sans le dépistage de tous les défauts possibles pour donner naissance à des hommes « parfaits ». Marche forcée vers le « transhumanisme », a-t-elle dénoncé. Elle même joliment enceinte, elle a provoqué les applaudissements les plus nourris. La prise de conscience des projets inhumains est le premier pas vers leur contestation – en cela la Manif pour tous a décidément fait œuvre salutaire.
 

La Manif pour tous crée un observatoire du transhumanisme

 
Ludovine de La Rochère, présidente de l’association, a annoncé en fin de colloque plusieurs initiatives. D’abord, le lancement d’une pétition européenne en direction du Conseil de l’Europe : « No maternity traffic ». Puis la création d’un observatoire de la GPA et du transhumanisme. Et enfin la mise en place d’une campagne pour dénoncer le traité qui lie la France à la Cour européenne des droits de l’homme.
 
Sur le plan politique, en France, le député UMP Valérie Boyer portera cette semaine une initiative législative : une proposition de loi visant à faire de la GPA un « délit spécial » accompagné de peines aggravées, aussi bien pour sa commission que pour toute publicité en faveur de contrats de mères porteuses, à l’heure où des agences américaines viennent impunément proposer leurs services sur le sol français.