Le ministre grec de la Justice, Stavros Kontonis, refuse une invitation à une commémoration des crimes du communisme en Estonie

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Le ministre grec de la Justice ne veut rien savoir des crimes du communisme. Stavros Kontonis vient de refuser au nom de son pays de participer à la conférence internationale sur les crimes commis par les régimes communistes qui aura lieu en Estonie le 23 août, au motif que – selon lui – cette initiative répand « un message politique faux et dangereux ». Il est interdit de parler des millions de morts du communisme – au moins 150 millions selon les comptabilisations vérifiables, et sans doute bien au-delà – en 2017, voilà son message à lui. Signe que le communisme est encore bien vivant au XXIe siècle !
 
Il n’est pas inutile de préciser que Stavros Kontonis est lui-même membre du mouvement populiste de gauche Syriza au pouvoir en Grèce. La sympathie pour le communisme et le marxisme est un facteur commun aux différents mouvements populistes de gauche qui vont de Podemos en Espagne à Cinq Etoiles en Italie, en passant par le Labour britannique sous la coupe de Jeremy Corbyn. Plus largement dans le monde, cette tendance rassemble le Venezuela de Chavez, les mouvements indigénistes sud-américains mais aussi Cuba, tous toujours si proches de la Russie, et bien sûr la Chine qui revendique de plus en plus fortement son héritage maoïste et marxiste.
 

Stavros Kontonis, de Syriza, juge la commémoration des crimes du communisme « fausse et dangereuse »

 
La conférence organisée par l’Estonie implique l’Union européenne, dont l’exécutif n’a évidemment rien organisé de tel – la dénonciation du totalitarisme communiste n’est pas exactement la tasse de thé de la Commission de Bruxelles. Mais il se trouve que l’Estonie assure – providentiellement ? – la présidence du Conseil de l’Europe au cours de ce second semestre de 2017, précisément pour le centième anniversaire de la Révolution d’octobre. Et c’est donc bien dans le cadre de l’UE que se tiendra la conférence au Tallinn Creative Hub, sous le titre « L’héritage, dans l’Europe du XXIe siècle, des crimes commis par les régimes communistes ».
 
La date du 23 août a été choisie en avril 2009 à la suite d’une résolution du Parlement européen – très contestée par les communistes – comme Journée européenne de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme, rebaptisée depuis « Journée du souvenir ».
 
L’opposition de la gauche communiste reste donc toujours aussi forte. Commentaire de Stavros Kontonis à propos de la conférence de Tallinn : « A un moment où les valeurs fondamentales de l’Union européenne sont ouvertement remises en question par la montée de mouvements d’extrême droite et de partis néonazis à travers l’Europe, cette initiative est très regrettable », a-t-il écrit aux organisateurs de la conférence.
 

Le ministre grec de la Justice Stavros Kontonis refuse l’invitation de l’Estonie parce que le communisme a eu raison du nazisme

 
« L’initiative qui consiste à organiser une conférence avec ce contenu et ce titre spécifiques envoie un message politique faux et dangereux qui est la conséquence des accords qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, qui ravive le climat de Guerre froide qui a apporté tant de souffrances à l’Europe, qui va contre les valeurs de l’UE, et qui ne reflète certainement pas le point de vue du gouvernement et du peuple grec, selon lequel le nazisme et le communisme ne pourraient jamais exister comme deux parties d’une même équation », écrit Kontonis, d’après la traduction un peu boiteuse de son texte réalisée par le quotidien grec anglophone The National Herald.
 
« L’histoire ne peut pas être contrefaite alors même qu’elle est principalement écrite par les vainqueurs ou envisagée de manière différente depuis la perspective des différents Etats. Néanmoins les faits historiques et les événements ont établi que l’Armée soviétique a été le libérateur de l’Europe et des camps de concentration, ainsi que l’un des sauveteurs de l’horreur de l’Holocauste », poursuit le ministre. « L’horreur que nous avons vécue à travers le nazisme n’a eu qu’une seule version, celle que nous avons décrite plus haut. Le communisme, au contraire, a donné naissance à des dizaines de tendances idéologiques, dont l’une a été l’eurocommunisme, mais dans le cadre d’un régime communiste pendant la période du Printemps de Prague, en vue de combiner le socialisme avec la démocratie et la liberté », a conclu Stravros Kontonis.
 
Le mensonge léniniste a la vie dure.
 

Jeanne Smits