La Commission européenne décide la suppression des taxes sur panneaux solaires chinois dans le marché européen

Commission européenne panneaux solaires chinois suppression taxes
 
Comme souvent, les décisions prises à Bruxelles par la Commission européenne semblent défier toute logique – preuve de leur caractère idéologique. L’annonce de la suppression des taxes d’importation sur les panneaux solaires chinois laissera ces derniers inonder à nouveau le marché européen à partir de ce mardi, alors que les fabricants de l’Empire du Milieu, responsables de près des deux tiers de la production mondiale de panneaux solaires, cherchent justement à écouler leurs surplus.
 

Les fabricants chinois de panneaux solaires, en situation de surproduction, favorisés par la suppression des taxes

 
Le 1er juin dernier, le gouvernement de Pékin annonçait en effet sa décision de réduire fortement et sans préavis les tarifs d’achat réglementés pour les nouvelles installations photovoltaïques et de ne plus accorder d’autorisations de mise en service cette année. Le but du régime communiste est d’éviter la surchauffe du secteur après l’installation de 53 gigawatts de capacité solaire en 2017 et de 10 nouveaux gigawatts au premier semestre de cette année, portant la capacité installée totale du pays à près de 130 gigawatts contre 60 gigawatts aux Etats-Unis et 46 au Japon. Mais du coup, les producteurs chinois, qui étaient taxés par l’UE depuis 2013 en raison de leurs pratiques de dumping, ont un besoin urgent d’écouler leurs produits ailleurs. Or tandis que l’UE met fin à sa politique de prix minimaux et de droits antidumping sur les produits importés en dessous de ces prix, les Etats-Unis ont, eux, introduit cette année des taxes à environ 30 % sur ces mêmes panneaux solaires chinois et l’Inde s’apprête à agir de même. La décision de la Commission est donc pain bénit pour la Chine et pour les Etats-Unis, qui craignaient malgré tout d’être inondés par les produits chinois, mais pas pour les fabricants européens.
 
Le ministère chinois du Commerce s’est d’ailleurs félicité de cette décision, conforme à ce qui avait été annoncée en mars 2017 quand les taxes européennes sur les importations de panneaux solaires, de cellules et de wafers chinois avaient été reconduites pour 18 mois seulement. Cette décision « va rétablir des conditions de marché normales pour le commerce UE-chinois de panneaux photovoltaïques, suscitera un environnement plus stable pour la coopération entre ces industries et bénéficiera mutuellement aux deux parties », a écrit le ministère chinois dans un communiqué.
 

En offrant le marché européen aux fabricants chinois, la Commission sacrifie une fois de plus l’industrie européenne

 
Pour les importateurs et les installateurs de panneaux solaires, la suppression des taxes douanières, en dynamisant la demande par une baisse des prix, devrait entraîner la création de 40.000 emplois dans les services liés à l’énergie solaire. C’est ce qu’affirme le président de l’association SolarPower Europe qui représente 250 entreprises et plus de 100.000 installateurs de panneaux solaires.
 
La Commission avait refusé de revoir sa décision comme le demandait la fédération des fabricants européens de panneaux solaires EU ProSun qui était à l’origine de la plainte contre les pratiques de dumping des fabricants chinois. Cette association était dirigée par le fabricant allemand Solarworld qui a depuis fait faillite, comme de nombreuses entreprises du secteur confrontées à la concurrence chinoise. Pourtant, selon ce qu’affirme EU ProSun sur son site, les fabricants européens sont capables de produire des panneaux solaires à des coûts inférieurs à ceux des fabricants chinois, hors pratiques de dumping favorisées par les subventions dont bénéficient ces derniers de la part de leur gouvernement communiste.
 

Le coût écologique des panneaux solaires chinois passé par pertes et profits

 
Pour la Commission européenne, il était toutefois indispensable de supprimer ces droits antidumping pour faire baisser les prix des installations photovoltaïques et espérer atteindre son objectif de 27 % d’énergies renouvelables en 2030. Pendant ce temps, les emplois gagnés dans les services seront perdus dans l’industrie, accentuant encore la désindustrialisation de notre continent au profit de la Chine. En 2017, le déficit du commerce de biens de l’UE avec la Chine a atteint 176,6 milliards d’euros, ce qui n’a été que très partiellement compensé par un surplus de 8,8 milliards d’euros dans le commerce des services.
 
Pour ce qui est du coût écologique – parlons un instant comme les « Verts » – du transport des panneaux chinois vers l’Europe, outre le fait qu’ils sont produits dans une région où les normes environnementales sont autrement moins contraignantes, personne ne s’en soucie !
 

Olivier Bault