Les programmes scolaires de nombreux Etats des Etats-Unis doivent désormais respecter le « Common Core » – ou socle commun – des enseignements pour bénéficier de l’agrément et des fonds publics pour l’enseignement en maternelle, en primaire et dans le secondaire. Adopté par la majorité des Etats, le Common Core ne vise pas tant à assurer un minimum d’instruction et de culture commune qu’à diffuser un esprit de citoyenneté fondé sur l’idéologie des droits de l’homme. Plusieurs études des exigences du Common Core viennent de mettre en évidence sa hiérarchie des valeurs.
L’affaire est d’autant plus importante qu’elle ne se cantonne pas aux Etats-Unis : la France et d’autres pays surveillent de plus en plus leurs systèmes éducatifs au nom de l’enseignement d’un « socle commun » qui a peu à voir avec la transmission de ce qu’on appelait jadis les « humanités ».
Common Core et « socle commun » : aux Etats-Unis comme en France, la diffusion de l’idéologie des droits de l’homme
C’est le New York Times qui a relevé la disparition progressive des programmes de lectures imposées des grands classiques de la littérature occidentale. Oubliés, Homère, Shakespeare, et même la littérature américaine. Ils sont remplacés ou soigneusement emprisonnés dans une nouvelle approche qui recommande d’abord la lecture de grands textes internationaux comme la Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU ou des articles de psychologie, de sociologie, d’actualité pour les aborder comme des œuvres à thème.
Le quotidien note que dans les écoles appliquant le Common Core les jeunes élèves doivent lire des articles sur les désordres bipolaires et sur le cerveau adolescent pour analyser la personnalité de Holden Caufield, le héros de L’Attrape-cœurs, ou la charte des droits des G.I.s adoptée en 1944 pour accompagner leur lecture de L’Odyssée. Tom Sawyer obtenant par la ruse que des copains fassent son travail à sa place sert, lui, de prétexte à la lecture d’un article sur le chômage des jeunes…
L’instruction et la culture sont des valeurs dépassées dans l’enseignement
Picorant dans les textes classiques, les enseignants sont invités à y trouver une « problématique » moderne au détriment de toute lecture littéraire et suivie – à tel point qu’une élève interrogée par le New York Times s’irrite de devoir faire autant de lectures documentaires : « Nous en lisons tellement ! Moi, j’ai seulement envie de lire mon livre. »
L’analyse pointilleuse – ne la qualifions pas de « fine » – est réservée aux textes comme la Déclaration des droits de l’homme jugée particulièrement riche en « termes académiques »… mais surtout en idéologie obligatoire et en pensée unique.
L’examen des manuels approuvés au nom du Common Core mettent en évidence cette approche que les conservateurs américains jugent contraire à l’esprit de leur culture et de leur Constitution, dans la mesure où elle donne aux élèves une fausse idée des fondements des droits et des libertés et en écarte toute mention de l’origine divine du pouvoir.
Le contrôle des esprits par l’éducation est vieux comme Platon. Il se vérifie dans tous les systèmes totalitaires. Ce qui est frappant aujourd’hui, c’est qu’il s’étend à des nations très différentes, et d’exactement la même manière.