Le conservateur Andrzej Duda sera le prochain président polonais

Le conservateur Andrzej Duda sera le prochain président polonais
 
Le conservateur Andrzej Duda, 43 ans, membre du parti d’opposition Droit et Justice des frères Kaczynski, a remporté dimanche l’élection présidentielle en Pologne, devançant nettement le chef de l’Etat sortant, Bronislaw Komorowski, par 51,55 % des voix contre 48,45 %. La participation a été de 55,34 %.
 
La victoire d’Andrzej Duda est d’autant plus nette que personne n’y croyait. Les sondages le donnaient loin derrière (20 % contre 60 %) le président sortant, Bronislaw Komorowski, estimé probable vainqueur du scrutin, parfois même dès le premier tour. Une formalité, en quelque sorte.
 
Le résultat est donc une surprise énorme pour toute l’intelligentsia européenne qui ne comprend pas qu’un pays qui a la chance d’appartenir à l’Union européenne puisse élire un dangereux « nationaliste », et même « catholique ». Une addition qui se traduit – allez savoir pourquoi… – par un euroscepticisme qui inquiète dans les couloirs feutrés de Bruxelles.
 

Le prochain président polonais sera conservateur

 
On a tout de même quelques éléments de réponse. Le premier est tout à fait externe. Il s’agit du résultat du candidat (ou plus exactement de la candidate) de la gauche, qui n’a réuni que 2,4 % des voix.
 
Pour le reste, cela tient au dangereux réactionnaire que la Pologne a porté à sa tête, alors que, depuis la mort accidentelle de Lech Kaczynski, d’aucuns pouvaient croire que, sur ce plan-là du moins, la Pologne s’était « assagie ». De ce point de vue-là, la déception des bonnes consciences est donc grande…
 
D’autant qu’Andrzej Duda, qui sera investi le 6 août prochain, même s’il n’a pas exposé avec précision ce que pourrait être son programme, est connu pour son scepticisme vis-à-vis de l’Union européenne, qui pourrait l’amener à s’opposer à certaines décisions de Bruxelles, et un catholicisme, qui pourrait el conduire à bloquer certaines initiatives libérales, tel un projet de loi sur la fécondation in vitro.
 
Les media alignent, depuis l’annonce de sa victoire, les « insupportables » propos du nouveau président. Notons dans ce florilège : « Ce ne sont pas les banques qui vont régner en Pologne » ; ou : « La Pologne devrait se concentrer sur ses propres intérêts. Et cela ne peut assurément pas être une politique qui accepterait toutes les restrictions liées au climat que les grands pays de l’Union européenne, qui disposent de l’énergie nucléaire, veulent imposer. Notre industrie, elle, est basée sur le charbon, nous devons protéger nos valeurs. »
 
Ce ne sont là, bien sûr, que quelques exemples de propos allant à l’encontre de la pensée unique, et qui ulcèrent si fort ces démocrates avisés et respectueux que sont aujourd’hui la plupart des dirigeants européens.
 

Andrzej Duda face à la pensée unique

 
Quoi qu’il en soit de leurs éructations, le président élu de Pologne n’entend pas se formaliser de cette crispation de ses futurs partenaires. « Je crois profondément que nous pouvons reconstruire notre communauté. Je suis convaincu que nous pouvons nous réunir, que nous pouvons améliorer notre pays », a-t-il déclaré au soir du scrutin.
 
De fait, les Polonais manifestent, depuis près de quarante-huit heures, leur satisfaction devant ce résultat …polonais. Aussi nous explique-t-on, en long et en large, que la présidence n’est que (ou presque) un poste honorifique – avec, tout de même, un veto. Histoire, sans doute, de se rassurer sur sa capacité future de « nuisance ».
 
On peut dire ce que l’on veut, et travestir les faits pour les faire correspondre à ce que l’on pense. On doute que le discours eut été le même si le résultat de l’élection avait correspondu à leurs espérances. Et puis, on ne saurait l’oublier, ce résultat donne comme un coup de semonce, avant les prochaines élections législatives qui se tiendront cet automne…
 

François le Luc