La contraception et ses « bénéfices fiscaux » : un Africain vante ses effets sur la prospérité et les Objectifs du développement durable

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Au moins, c’est franc. Le directeur d’Intrahealth.org, une ONG financée par USAID, les US Centers for Disease Control et de nombreuses fondations (Bill & Melinda Gates, David and Lucile Packard, William and Flora Hewlett) et même des laboratoires comme Pfizer Inc., vient de publier un article dans le Huffington Post à l’occasion de la Journée mondiale de la contraception. Pape Amadou Gaye y met en relief les bénéfices fiscaux et économiques de la contraception artificielle – les bienfaits pour la santé des femmes et des enfants étant tenus pour acquis. Il reconnaît que les acteurs globaux de la santé ont souvent hésité à le mettre en évidence, mais il affirme sans complexes « le lien entre planning familial et prospérité » : il voit même l’accès à la contraception comme nécessaire à la réalisation de tous les Objectifs du développement durable.
 
« Les bénéfices fiscaux pour les pays qui mettent en œuvre des programmes de planning familial robustes sont énormes. Alors qu’un nombre croissant de personnes accomplit la transition depuis les familles nombreuses et les vies de courte durée vers des familles plus petites et des vies allongées, nous nous rappelons que ces trois éléments – la santé, la taille de la famille et la prospérité – sont irrévocablement entremêlés ».
 

Le dividende démographique, ou comment la contraception amène prospérité et bénéfices fiscaux

 
Autrement dit : la famille nombreuse est synonyme de maladie, de mort, de souffrances, de pauvreté. Et ses enfants sont de trop…
 
Pape Amadou Gaye explique qu’une part de ces bienfaits reposent sur le « dividende démographique » : cette « fenêtre » qui fait suite à une baisse de la population par le biais des contraceptifs modernes par exemple, où la population active croît plus vite que le nombre de personnes qui dépendent sur elle. Il suffit alors qu’un gouvernement « assure un travail à chacun de ces adultes en âge de travailler » pour obtenir la croissance économique et pour dégager des ressources « permettant de parer à d’autres besoins urgents ». Il en résultera une meilleure éducation des femmes plus libres d’entrer sur le marché du travail, et « une meilleure qualité de vie pour tous ».
 
« Le planning familial est la clef qui peut ouvrir cette fenêtre », assure Pape Amadou Gaye. « Et ce type d’égalité entre les nations est précisément celle à laquelle nous aspirons dans le cadre du développement global », ajoute-t-il : là encore, c’est clair. Son ONG et ceux qui la financent (et qui financent tant d’initiatives en ce sens) sont à la recherche d’un alignement global appuyé sur des outils semblables partout, au premier rang desquels le refus de la vie par la contraception « moderne ».
 

« Vendre » le planning familial aux Africains au nom des Objectifs du développement durable

 
Aux Noirs africains de son espèce de « vendre » l’idée parce qu’il faut dépasser les obstacles représentés par ceux qui rejettent le planning familial tel qu’il est aujourd’hui répandu : « Pour des raisons religieuses, peut-être, ou parce qu’ils y voient une ingérence occidentale qui cherche à contrôler les populations des pays pauvres. »
 
Alors il aligne les arguments en faveur des contraceptifs : les femmes « veulent » du « planning familial », « les pays pauvres sont économiquement prêts à devenir des pays à revenus moyens et les pays qui sont depuis trop longtemps à la traîne sont prêts à entendre l’argument économique en faveur du planning familial » ; « le monde est culturellement prêts à accepter le planning familial », spécialement parmi les plus jeunes.
 
Traduisez : les intenses efforts de propagande en faveur du malthusianisme sont en train de porter leurs fruits.
 
Pape Amadou Gaye rappelle que les Etats-Unis et les donateurs internationaux « attendent des pays qu’ils aident renforcent leurs programmes nationaux de planning familial… pour dégager des économies qui permettront de financer l’éducation et l’alimentation et d’autres besoins urgents ».
 
Traduisez : sans planning familial, vous risquez de perdre vos précieuses aides internationales.
 
Il n’oublie pas les Objectifs du développement durable : le numéro 3.7 prévoit de rendre l’accès aux services de planning familial (traduisez : contraception moderne) aux 225 millions de femmes dans le monde qui en sont « privés ». « En réalité, chacun des ODD sera affecté – directement ou indirectement – par le planning familial ».
 
Voilà qui jette une lumière crue sur les objectifs de l’ONU…
 

La contraception : « bénéfices » à court terme, crise à moyen terme

 
Pour finir, Amadou Gaye évoque le « précédent » des « Tigres » asiatiques, les pays qui ont obtenu un dividende démographique grâce à des « programmes de planning familial forts ». Il n’ose pas citer la Chine (et sa politique totalitaire de l’enfant unique) mais vante l’Indonésie, la Thaïlande, Singapour qui ont « créé des environnements politiques favorables », et fait du planning familial un élément normal du style de vie, comme la Thaïlande. « Un grand nombre de ces pays a ouvert des lignes budgétaires pour l’achat de contraceptifs : voilà de l’investissement domestique. »
 
C’est le moment de faire cet investissement, clame-t-il à toutes les nations qui restent à la traîne, les pays africains en tête.
 
Il va de soi que son article ne parle pas des effets néfastes de la contraception hormonale. Mais il évite tout aussi soigneusement d’évoquer le moyen et le long terme : ce qui se passe une fois que la démographie s’est effondrée, que le poids des vieillards devient insupportable, que la population active diminue ; que l’hiver des cheveux blancs s’installe.
 
Quel mépris de ses frères africains !
 

Anne Dolhein