“Controligarchs” : le livre qui accuse Bill Gates de détourner l’industrie alimentaire à son profit

Controligarchs Gates industrie alimentaire
 

Vient de paraître : Controligarchs, un livre à charge contre les grands de ce monde qui, affichant une philanthropie hautaine (ils savent ce qui est bon pour vous, pour moi et surtout « pour la planète »), s’assurent de juteux revenus. Le Daily Mail de Londres a lu le chapitre sur Bill Gates et ses investissements agricoles – terres arables, engrais, produits de substitution à la viande – laissent entrevoir une volonté de contrôler la chaîne de production alimentaire pour prendre des parts de marché quasi monopolistiques dans le secteur des besoins élémentaires d’une belle part de la population américaine.

Bill Gates, actuellement sixième fortune mondiale avec 115,4 milliards de dollars, connaît le système : ainsi fonctionne Microsoft, prélevant son écot systématique sur la majorité des utilisateurs d’ordinateurs personnels…

Selon l’auteur, Seamus Bruner, journaliste et écrivain à succès, l’achat récent de terres agricoles américaines par Bill Gates profite davantage à son compte en banque qu’à la planète – quel que soit le crédit que l’on accorde par ailleurs au discours sur le « changement climatique ». Ainsi, l’ouvrage affirme que les investissements du milliardaire dans les engrais et les « viandes » d’origine végétale ne contribuent guère à ralentir les émissions de carbone, comme il le prétend, et se font aux dépens des Américains ordinaires.

 

Bill Gates s’approprie une part de l’industrie alimentaire

C’est une véritable « guerre contre les agriculteurs », assure Bruner, qui explique comment des personnalités comme Bill Gates monopolisent l’approvisionnement alimentaire du pays par leurs achats, ouvrant ainsi la voie à une prise de contrôle, au moins partielle, du système alimentaire du pays, comme l’ont fait par le passé des familles telles que les Rockefeller.

Le fondateur de Microsoft a ainsi largement étendu son portefeuille aux engrais brevetés, et a investi récemment dans l’achat de terres agricoles américaines – près de 110.000 hectares, tout de même – tout en assurant ses arrières spéculatifs. Il a en outre pris soin d’acquérir les droits sur le sous-sol et sur l’eau de ces propriétés.

« La prise de contrôle du système alimentaire, comme tant d’autres schémas de contrôle présentés dans ce livre, a commencé avec les Rockefeller et s’est poursuivie avec Bill Gates », écrit Bruner dans son étude sur le poids des milliardaires dans la vie quotidienne des Américains. « Comme la plupart de leurs monopoles – du pétrole aux logiciels et aujourd’hui, la biotechnologie – la prise de contrôle de l’alimentation consiste à contrôler la propriété intellectuelle de la production alimentaire par le biais de marques déposées, de droits d’auteur et de brevets », affirme l’auteur.

Il évoque l’existence de liens entre Gates avec les Rockefeller par le biais de la « révolution verte », une période de forte augmentation de la production de céréales alimentaires aux Etats-Unis au cours de la première moitié du 20e siècle. Selon Bruner, ces progrès n’ont été rendus possibles que grâce à des millions de dollars de recherches financées par les Rockefeller dans les années 1940, qui, à l’époque, étaient censées contribuer à résoudre les crises de pauvreté et de famine dans le sillage de la Grande Dépression.

 

Les « Controligarchs » prélèvent leur écot en modifiant l’économie

Cela est partiellement vrai, selon Bruner, mais il accuse les Rockefeller de s’être ensuite attribué le mérite des fruits de cet effort, tout en imputant à d’autres, et notamment au bouc émissaire commode qu’est le « changement climatique » ses aspects négatifs : la pollution créée par les pesticides et l’absorption des fermes à taille humaine par de gigantesques exploitations. Bruner estime que les investissements de Gates semblent aller dans la même direction.

C’est au nom de ce changement climatique que les gueux que nous sommes sont censés manger « des champignons fermentés, de la viande produite en laboratoire et des milk-shakes à base d’asticots ». « Les Controligarques – avec leurs chefs privés – n’ont aucunement l’intention de faire de même », avertit Bruner, rappelant que Bill Gates et Warren Buffett se retrouvent autour de hamburgers et de beaux steaks de bœuf lorsque Gates rend visite à son mentor à Omaha.

On apprend aussi que Mark Zuckerberg – qui lui aussi investit dans des entreprises de protéines alternatives – « aime fumer la poitrine de bœuf et griller les côtes de porc (provenant de vraies vaches et de vrais porcs) et dit que les viandes sont “deux fois meilleures lorsqu’on a chassé l’animal pour sa propre consommation” ».

Gates a dépensé plus d’un milliard de dollars pour acquérir des exploitations agricoles et de nouvelles technologies compatibles avec les ODD (Objectifs du développement durable de l’ONU) pour les faire fonctionner, à quoi s’ajoutent ses investissements dans l’industrie des engrais, au moment où l’ONU, au prétexte d’« éliminer l’extrême pauvreté, réduire les inégalités et protéger la planète » pousse à l’interdiction des nutriments plus traditionnels et les plus abordables pour les cultures, au grand dam des agriculteurs. Bruner note que les restrictions sur les engrais traditionnels qui, selon les agriculteurs, les menacent de ruine, n’ont été mises en place qu’« après que Gates et ses amis aient obtenu la propriété intellectuelle des engrais de remplacement ».

 

L’industrie alimentaire contrôlée par les brevets

Aujourd’hui, les « Controligarques » prétendent pouvoir résoudre la crise climatique grâce à de nouveaux produits miracles brevetés qui ont surtout le mérite de leur permettre de s’enrichir encore plus – et ce, aux dépens des petits agriculteurs indépendants. Dans son livre, Bruner explique que Bill Gates a investi des millions de dollars dans des entreprises telles que Beyond Meat et Impossible Foods, usines à fausse viande vantée par les écologistes.

Il se concentrerait actuellement sur l’eau et sur le traitement de l’eau – un élément crucial pour contrôler l’industrie agricole.

Un porte-parole de Gates a réfuté les affirmations de Bruner qu’il qualifie de « fausses », déclarant au DailyMail.com : « Les terres agricoles détenues par Bill représentent moins d’un dixième d’un pour cent du total des Etats-Unis. Depuis plus de vingt ans, son équipe d’investissement a inclus des terres agricoles américaines dans son portefeuille diversifié. Il s’agit d’un investissement solide à long terme qui apporte une valeur ajoutée à l’agriculture et aux emplois qu’elle engendre pour les familles de tout le pays. »

Et d’ajouter : « En ce qui concerne le rendement des investissements, Bill s’est engagé à donner la majeure partie de sa fortune de son vivant. Tout l’argent provenant des investissements dans les terres agricoles et l’agriculture sera rendu à la société par le biais de sa philanthropie et consacré à des projets qui ont le plus grand potentiel d’améliorer et de sauver des vies dans le monde entier. »

Pourvu que tout le monde vive comme il l’a décidé ?

 

Anne Dolhein