Le cardinal Parolin, secrétaire d’État du Saint Siège, prononçait récemment un discours à l’Université Grégorienne à l’occasion de la journée d’études multidisciplinaires 2015, consacrée cette année au thème de la paix et dans lequel il a défendu le concept onusien de « culture de la paix ». Dans ses propos, le cardinal a affirmé que la cause de la paix exige du Saint-Siège de ne pas se contenter d’être une « voix critique » et a qualifié cette recherche de paix comme une « responsabilité humaine » et un « engagement chrétien ».
L’action diplomatique s’est toujours articulée entre âme et raison, mission et droit : un principe suivi jusqu’à aujourd’hui, alors que progresse une vague de « violence fratricide » qui « provoque des désastres humanitaires de grande ampleur », a-t-il expliqué.
Le cardinal Parolin rappelle que le Saint Siège a toujours eu un rôle privilégié sur le thème de la paix
Le Secrétaire d’Etat a rappelé que le droit canonique n’avait jamais été un corpus de normes destinées à se limiter aux domaines religieux et cultuel. Au contraire, un tel droit à toujours voulu concilier les « raisons ecclésiales » de la diplomatie vaticane avec la « pleine insertion » de cette dernière « dans les règles qui gouvernent les rapports internationaux ».
Raison pour laquelle, selon le cardinal Parolin, la voix du pape et celle du Saint-Siège ont toujours eu un poids particulier, en particulier sur le « thème des thèmes », à savoir la paix. Il a insisté pour que l’œuvre du Vatican ne se limite pas à garantir une sécurité générique, mais à « soutenir une idée de paix, qui soit le fruit de rapports justes, de respect des normes internationales, de la garantie des droits fondamentaux, à commencer par ceux des plus vulnérables ».
Le cardinal Parolin veut un bureau pour la médiation pontificale au Saint Siège, pour servir la paix
Le cardinal Parolin a également précisé que l’idée de paix soutenue par le droit international contemporain était sensiblement différente puisqu’elle maintenait, « les allusions à la guerre ».
Il a précisé que « les faits et les atrocités de ces derniers jours » devaient pousser les institutions intergouvernementales à imposer les instruments déjà prévus par le droit international pour résoudre pacifiquement les conflits et à conjurer le recours aux armes : « Je me réfère au dialogue, aux négociations, aux pourparlers, à la médiation et à la conciliation » a-t-il précisé, ajoutant toutefois que le recours à la force dans le « désarmement de l’agresseur » devait être considéré comme « la Ratio extrême de la légitime défense ». A ce sujet, il a émis l’idée que « dans l’œuvre de réforme entreprise par le Saint-Père, l’on puisse retrouver, dans la Secrétairerie d’État, un bureau pour la médiation pontificale qui puisse opérer comme pont entre ceux qui, sur le terrain, déploient déjà la diplomatie du Saint-Siège dans différents pays et de même, connecter les activités que poursuivent, dans ce cadre, les institutions internationales ».
Le cardinal Parolin insiste pour que le Saint Siège serve « une culture de la paix »
A la fin de son discours, le cardinal Parolin a insisté sur la nécessité, pour le Saint-Siège, de faire mûrir dans les consciences la valeur que représente « une culture de la paix », concept brandi par l’UNESCO lors de la conférence de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire il y a 25 ans et issu de la guerre froide…
Un concept qui signifie, pour le cardinal Parolin comme pour ses créateurs, « comprendre que la construction et la défense de la paix sont liées à la lutte contre la pauvreté et le sous-développement » mais également que « l’inégale distribution des aliments, le défaut d’accès aux marchés, les règles injustes imposées au commerce international, le manque de conscience écologique et les dommages à l’environnement constituent quelques uns des facteurs qui requièrent une solidarité effective entre les États, si l’on veut garantir un futur de paix ». Un discours que les grandes institutions mondiales ne renieraient pas.
Au cours de l’histoire, le pape et la diplomatie vaticane ont souvent joué un rôle de médiation entre Etats qui leur faisaient confiance en tant qu’observateurs impartiaux. La nouveauté, c’est l’adoption par les représentants hiérarchiques de l’Eglise d’un langage qui épouse le discours dialectique contemporain.