Les troupes de choc de DAECH prêtes à mourir en martyrs : le secret de la force de l’Etat islamique

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Fanatiques et disciplinés, des unités de l’Etat islamique ont infiltré la ville syrienne frontalière de Kobané et semé le trouble en affrontant les forces Kurdes. Ces troupes de choc sont prêtes à mourir en martyrs : c’est le secret de la force de « DAECH ».
 
A la fin, les djihadistes ont tous été tués en effet, mais non sans accomplir leur mission. Ils ont eu le temps de terroriser la population en exécutant plus de 230 personnes, dont la moitié d’enfants.
 
« Ils », ce sont les troupes de choc de l’Etat islamique, appelées « Inghemasiyoun », ce qui signifie en arabe « ceux qui s’immergent », une sorte d’unité parallèle de forces spéciales dont les combattants se battent jusqu’à la mort et portent sur eux une ceinture d’explosifs pour se faire sauter en cas de défaite. L’Etat islamique doit de nombreuses victoires à ces troupes de choc.
 
Pour ce qui est de l’infiltration réussie de Kobané, le but était simple : répandre le sang pour prouver que la ville n’est pas sûre, même un an après sa reprise par les forces kurdes à l’Etat islamique.
 

Des troupes de choc de l’Etat islamique prêtes à mourir pour semer le chaos et permettre l’attaque

 
Mais ces troupes de choc ont également participé à plusieurs reprises à la conquête de territoires.
 
« Ils installent le chaos puis l’offensive terrestre commence » explique Redur Khalil, porte-parole des Unités Kurdes de Protection du peuple, qui ont remporté plusieurs victoires contre l’Etat islamique au nord de la Syrie.
 
Connu pour ses crimes abominables et leur médiatisation morbide en vue de terroriser l’ennemi, l’Etat islamique est également un groupe armé redoutablement organisé et flexible selon les autorités militaires kurdes, syriennes et irakiennes.
 
Ses stratégies sont toujours créatives, que les combattants utilisent une tempête de sable pour lancer un assaut ou des snipers perchés dans un palmier pour attendre l’armée…
 
Sans cesse entre combat conventionnel et guérilla, l’Etat islamique semble bien souvent insaisissable. Et la technique s’exporte parfaitement sur tous les terrains qu’investit l’Etat islamique, comme ce fut récemment le cas en Egypte.
 

Entre guerre conventionnelle et guérilla, DAECH est aussi organisé que flexible

 
Les responsables des troupes de l’Etat islamique reçoivent des ordres stratégiques, mais sont totalement libres dans leurs opérations : ils n’ont qu’une mission, réussir la leur.
 
Un mode de fonctionnement qui contraste évidemment avec la rigide hiérarchie des armées syrienne et irakienne, qui exige d’être mise au courant de la moindre intervention.
 
Mais les combattants de l’Etat islamique sont néanmoins très disciplinés, et pour cause : ils risquent la mort s’ils désertent le combat ou s’endorment pendant une garde, selon les officiers irakiens.
 
L’Etat islamique est également bien armé, pour mille raisons, à commencer par les armes récupérées à l’armée irakienne ou aux groupes de « rebelles modérés » soutenus par… l’Occident.
 
Selon le général irakien Abdul-Wahab al-Saadi, l’Etat islamique doit également sa réussite exceptionnelle à sa capacité à tenir plusieurs fronts simultanément : « Dans l’armée irakienne, nous ne pouvons mener qu’une grosse bataille à la fois », précise ce général qui a participé l’année dernière aux batailles de Beiji et Tikrit.
 

Les candidats au martyre de Etat islamique lui donnent sa force

 
Aujourd’hui, le nombre de combattants de l’Etat islamique en Irak et en Syrie est estimé entre 30.000 et 60.000, selon les officiers irakiens qui précisent que de nombreux militaires fidèles de Saddam Hussein ont aidé le groupe à s’organiser. Sans compter que de nombreux djihadistes reviennent des théâtres d’Afghanistan, de Tchétchénie ou de Somalie avec une expérience précieuse.
 
Pour ce qui est des étrangers qui rejoignent l’Etat islamique – parmi lesquels de nombreux Européens – la mission est souvent l’attentat suicide. « Les personnes qui rejoignent l’Etat islamique cherchent à mourir, et l’Etat islamique est heureux de les y aider », résume Patrick Skinner, un ancien officier de la CIA aujourd’hui reconverti dans une compagnie de gestion de risques géopolitiques.
 
Les avancées spectaculaires de l’Etat islamique, notamment illustrées par les prises de Mossoul ou de Palmyre sont en grande partie le travail des troupes de choc. En général, une dizaine d’hommes se font exploser sur les positions militaires, permettant ainsi aux combattants de progresser pendant une tempête de sable. Leur force, c’est d’être prêts à mourir volontairement, pour le bon achèvement de la mission.
 

Béatrice Romée