Selon le ministre de l’Intérieur, qui avait mobilisé pour l’occasion 90.000 hommes, le bilan de la nuit de la Saint-Sylvestre 2023 aurait été très bon : 745 véhicules brûlés (« en baisse de 10 % » par rapport à 2022), 380 interpellations (- 10 %) dans toute la France, 80 % d’attaques au mortier d’artifice en moins, 40 % de gendarmes et policiers blessés en moins. Pour Gérald Darmanin, ce fut une « nuit calme », et c’est un premier problème que le responsable de la sécurité intérieure commente ainsi de telles données. Ensuite, celles-ci sont discutables, le communiqué officiel au premier janvier 2023 faisant état de 690 voitures brûlées, même si le chiffre a été « réactualisé » ensuite. Enfin ce bilan est d’autant plus faux que bien des faits qui ont émaillé la fin de l’année 2023 sont passés sous les radars de la police, et ne figurent pas au bilan officiel : il suffit de faire un petit tour de la presse de province à la fin décembre pour le voir. Le gouvernement organise en quelque sorte le déni de la réalité en matière d’insécurité.
Darmanin et sa tisane Nuit Calme
Gérald Darmanin, quand il quittera la place Beauvau, peut se reconvertir chez La Tisanière, dont la tisane vedette s’appelle Nuit Calme, composée de reine des prés, camomille, tilleul et fleur d’oranger. Elle aide les vieilles dames à s’endormir tranquilles « un peu à la manière du légendaire marchand de sable » et les « plonge dans une atmosphère apaisante ». Il s’agit de se couper de toute réalité pour « tomber dans les bras de Morphée ». Hélas, tout le monde ne fait pas cet effort de « relaxation » auquel s’efforce le ministre. Ainsi à Limoges, où la police (soixante agents mobilisés plus une compagnie de CRS) a annoncé une « nuit plutôt calme ». De nombreux riverains ont décrit sur internet des « caillassages, guet-apens et agressions d’automobilistes » au carrefour d’Oradour-sur-Glane. Ces agressions n’ont pas causé de blessures, cela ne vaut donc pas la peine de les signaler.
La vraie Saint-Sylvestre : femmes agressées, coups de couteau
De même les pétards, les mortiers d’artifice, sont-ils pour certains la simple manifestation de la joie de passer d’une année à l’autre. Hélas, à Grandvillars, dans le territoire de Belfort, un ronchon de 26 ans a demandé à une bande de jeunes qui jouaient avec des mortiers d’artifice près de chez lui de faire moins fort : ils se sont jetés sur lui avec un couteau. Il est entre la vie et la mort et il y a six inculpations. Un peu plus tôt dans la journée du 31, à Gennevilliers, un déséquilibré a agressé des femmes, à coups de pied et de bâtons, avant de se jeter sur trois policiers aux cris de Allahou Akbar et d’être neutralisé. Encore plus tôt, un Afghan ivre de 25 ans avait embrassé dans la rue une fillette de sept ans dont le père l’avait maîtrisé avant l’arrivée de la police. Trois jours plus tôt (les « fêtes de fin d’année » forment désormais un tout), une dame de cinquante ans avait été abordée par un Tunisien de quarante-trois ans qui lui criait « montre-moi tes seins ». Sur son refus, elle était jetée à terre et bourrée de coups, au point que les baskets de l’agresseurs sanguinolaient.
Le faux bilan masque un climat général d’insécurité
Les agressions n’ont pas toujours lieu sur la voie publique, ce qui explique que Darmanin ne les prenne pas en compte. Une femme de 75 ans (dont le mari était lourdement handicapé) a été violée au petit matin du premier janvier par un homme « de type africain » qui s’était introduit dans son domicile. Terminons sur une note plus calme sinon plus normale. Il ne faut pas dire que les populations fraîchement débarquées en France ne font aucun effort pour s’intégrer. Par exemple, quatre jeunes interpellés dans la nuit du 28 au 29 décembre à Brest cherchaient manifestement à préparer le réveillon de la Saint-Sylvestre, puisque la police a découvert dans leur voiture, avec des couteaux et des hachoirs, les quartiers d’un mouton qui venait d’être découpé, dont la provenance n’est pas connue.