En même temps que la Chine impose une « marxisation » et une « sinisation » accentuées de sa société, de son parti communiste, de l’éducation, des médias et de l’Eglise en Chine, elle se tourne également davantage vers le reste du monde alors que la communauté internationale lui attribue un rôle de plus en plus prépondérant sur le plan global. La rencontre, lundi, entre le fondateur et président exécutif du Forum économique mondial (WEF), Klaus Schwab, et le président chinois Xi Jinping, est à inscrire dans cet état de fait. Elle montre en outre qu’en promettant une plus grande « ouverture » de la Chine au fondateur des rencontres de Davos, Xi ne fait que poursuivre une logique que les partisans du globalisme ont servi depuis fort longtemps.
Le langage est toujours celui de l’optimisme mondialiste. Lors de la rencontre qui s’est déroulée dans le « Grand Hall du Peuple » à Pékin, Xi Jinping a en particulier attribué au refus du globalisme les problèmes actuels du monde sur le plan économique. L’insuffisance de la dynamique de la croissance mondiale, le « rythme ralenti » de la marche vers la « gouvernance économique globale » et « les déséquilibres du développement global » sont selon lui les freins principaux pour l’économie, soutenus par un refus croissant de la globalisation et un protectionnisme de plus en plus présent.
En filigrane, il y avait bien sûr les récentes décisions de Donald Trump qui en imposant des droits sur l’acier pour contrer le dumping chinois est accusé d’avoir allumé une guerre économique avec la Chine : sur ce chapitre, Klaus Schwab prend résolument le parti de Pékin.
Xi Jinping et Klaus Schwab d’accord sur le globalisme
Xi Jinping a donc tiré argument des problèmes qu’il a énumérés pour plaider pour « des consultations d’égal à égal et une coopération multilatérale renforcée ». « L’histoire a prouvé à de multiples reprises que l’isolement mène seulement vers l’impasse ; ce n’est qu’en choisissant l’ouverture et la coopération que la route peut s’élargir toujours davantage », a-t-il déclaré, insistant sur la responsabilité particulière des « grands pays » dans ce domaine. « En tant que pays majeur et responsable, la Chine jouera un rôle actif pour apporter des perspectives brillantes, stables et prometteuses au monde et pour contribuer de manière plus constructive », a-t-il promis.
Et de confirmer que la coopération de la Chine avec le Forum économique mondial avait coïncidé avec le processus de réforme et d’ouverture du pays. Cela date du temps où les réunions de Davos se tenaient à huis clos, dans le plus grand secret : Xi Jinping n’hésite pas à affirmer ouvertement que cette marche en avant, main dans la main avec les globalistes du Forum économique mondial s’est faite de manière délibérée et organisée.
Au tour de Xi Jinping, désormais, d’inviter Klaus Schwab et son initiative de Davos d’accélérer la cadence : il appartient selon le président chinois aussi bien au WEF qu’à la Chine de rester au même rythme et de s’adapter aux temps nouveaux, pour renforcer la coopération et collaborer dans la recherche des nouvelles forces dynamiques de la croissance économique globale.
La collusion entre la Chine et le Forum économique mondial de Davos confirmée par Xi et Schwab
C’est véritablement le summum de la collusion entre le libéralisme sans frein et le socialisme communiste – auquel la Chine n’a pas du tout renoncé – avec cette version de socialisme de marché qui va de pair avec un contrôle tous azimuts de la société par le parti communiste.
Klaus Schwab s’est montré enthousiaste. Après quelques paroles flatteuses sur l’accueil réservé par le monde au discours « impressionnant » de Xi Jinping au Forum économique mondial de 2017 ainsi qu’à la conférence BFA (British Franchising Association) qui a organisé il y a quelques jours son Forum BOAO pour l’Asie, il a déclaré, à propos des propositions de Xi en vue de la construction d’une communauté assurant un « avenir partagé pour l’humanité » ainsi que la construction d’une « économie mondiale ouverte » : « Elles ont tracé une voie pour la coopération entre pays au moment où la globalisation économique et le système d’échanges multilatéral rencontrent des défis. »
Comme la Chine, le WEF veut promouvoir la globalisation économique et le multilatéralisme en prétendant combattre tout protectionnisme.
Une rencontre quarante ans après…
« Le Forum économique mondial s’honore de sa coopération avec la Chine ces quarante dernières années », a-t-il insisté, s’engageant à améliorer la coopération avec la Chine en vue de l’entreprise majeure de cette dernière : la construction de la Nouvelle route de la soie.
Il y a 40 ans, Deng Xiaoping prenait les rênes de la Chine ; en décembre de cette année-là – selon une tradition bien ancrée du communisme depuis la Nouvelle économie politique de Lénine –le pays mettait en place une forme de libéralisation économique. En 1979, les Etats-Unis établissaient des relations diplomatiques avec la Chine, reconnaissant le gouvernement communiste comme seul légitime et mettant fin à son traité de défense mutuelle avec Taïwan. La politique criminelle et barbare de l’enfant unique devait être instaurée un an plus tard.
Le Forum économique mondial de Davos a accompagné cette évolution, approbateur et complice.