A l’approche de Noël, le ciel conserve ses couleurs d’apocalypse. Les violences y dansent et les peurs y prolifèrent. Elles ont simplement changé depuis la réélection de Donald Trump. Certains mythes deviennent difficiles à soutenir quand d’autres montent en puissance. L’épidémiologie fait douter des mensonges sur le covid et de plus en plus de mesures, dont celle de la glace antarctique, démontrent l’imposture du réchauffement du climat par l’homme. Pendant que le grand remplacement s’étend sans que rien de sérieux ne le limite, l’arc-en-ciel essaie donc des nouveautés stratégiques. Les péripéties des négociations de paix en Ukraine permettent au secrétaire général de l’OTAN d’agiter la menace d’une « guerre de haute intensité » contre la Russie. Et le traitement de la dermatose nodulaire offre à la police politique européenne un exercice d’ingénierie sociale aussi arbitraire et traumatisant que le covid, à moindres frais.
La Russie complice de la grande peur qu’on lui assigne
Après s’être rapprochée de l’Union européenne et de l’OTAN dans les années 2000, la Russie de Poutine a choisi à partir de 2014 une stratégie opposée (BRICS, annexion de la Crimée, etc), aidé en cela par Obama, Merkel, Hollande, et plus tard Biden (on notera que Trump n’a rien fait alors pour éteindre le feu sous le lait). Sans prétendre discerner les responsabilités des uns et des autres, on est arrivé en 2015 à une petite guerre dans les Oblast de l’est de l’Ukraine puis en 2022 à une véritable opération spéciale de l’ancien patron du FSB Poutine. Ainsi l’UE tyrannique et corrompue et l’OTAN « en état de mort clinique » ont repris du poil de la bête grâce à la grande peur de l’ennemi extérieur. Depuis, la Russie a la grande guerre patriotique et le nucléaire plein la bouche, et les dirigeants européens, Karmer, Scholz, Macron, Von der Leyen, jouent au bellicisme, pour faire monter la dette, relancer l’industrie d’armement et souder ensemble les peuples d’Europe dans la même soumission.
Climat belliciste et valeurs arc-en-ciel à l’OTAN
Cela, jusqu’à la caricature. Au moment où Trump se dit proche de la paix, le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte affirme : « Nous sommes la prochaine cible de la Russie, et nous sommes déjà en danger. (…) Nous devons nous préparer à une guerre d’une ampleur comparable à celle qu’ont connue nos grands-parents ou arrière-grands-parents. » Pour lui une victoire de la Russie en Ukraine augmenterait le risque d’une « attaque armée contre nous ». Aussi appelle-t-il les membres de l’OTAN à « agir » pour défendre leur « mode de vie », contre la Russie qui a « ramené la guerre en Europe » et la menace d’un conflit touchant « chaque foyer, chaque lieu de travail entraînant destruction, mobilisation massive, des millions de personnes déplacées, des souffrances partout et des pertes extrêmes ». Mais bien sûr, ajoute Rutte, « c’est une tragédie que nous pouvons éviter si nous tenons nos engagements ». Comme hier, quand il s’agissait d’atteindre le net zéro. L’essentiel est la peur, et la bonne réponse que doivent donner les peuples. Grâce à la grande peur de la Russie, la nouvelle voie vers l’arc-en-ciel est polémique et multipolaire : elle s’accommode très bien des ruades et des intérêts des uns et des autres.
Dermatose nodulaire : abattre le troupeau des paysans en voie de disparition ?
L’autre grande peur en promotion pour les fêtes de fin d’année tombe sur les agriculteurs et leurs troupeaux, c’est la dermatose nodulaire, épidémie frappant les bovins : le gouvernement français, suivant une directive européenne, a imposé par la force l’abattage d’un troupeau de 207 animaux en Ariège. Comme pour le covid, le pouvoir impose une politique discutable sur le plan scientifique, les professionnels (là-bas les médecins, ici les vétérinaires, n’étant pas tous d’accord) en intimidant les dissidents. Comme pour le covid, il prend des moyens de coercition spectaculaires (là-bas, confinement, ici, blindés et gaz). Comme pour le covid, il y va coûte que coûte : là-bas, ruine de l’économie, ici, ruine de l’agriculture, et particulièrement de l’élevage. La cible est bien choisie. Bobos, rurbains, verts et végans n’aiment ni le fumier, ni le meuglement des troupeaux, ni la viande qui donne des maladies cardiovasculaires, dépense de l’eau et émet des gaz à effet de serre. L’industrie de substitution est dans les starting-blocks, la viande de laboratoire de Bill Gates est prête. Et les institutions nationales et internationales précèdent le mouvement. L’ONU, le Danemark, organisent la réduction du cheptel et notre Cour des comptes l’a recommandée. En plus, les agriculteurs ne pèsent plus très lourd en termes électoraux : ils ne sont plus que 400.000 en France.
Comme pour le covid, dictature et fragilité scientifique
Comme pour le covid l’action brutale du gouvernement surprend autant que la fragilité des raisons médicales qui prétendent la fonder. L’Europe prescrit l’abattage de tout le troupeau dont une bête a été reconnue infectée par la dermatose nodulaire. Entendu, mais pourquoi ? Est-ce que la viande d’une bête touchée est dangereuse pour l’homme ? Non. Elle est consommable. Est-ce que la maladie peut se transmettre à l’homme ? Non. Non seulement la barrière de l’espèce n’est pas franchie, mais la dermatose nodulaire ne contamine pas les agriculteurs en contact avec les bêtes, ce n’est pas une zoonose. Alors ? Pourquoi cette politique brutale, radicale, coûteuse en termes financiers et affectifs ? Réponse : pour éviter que ne s’installe en Europe une maladie qui en est normalement absente. Ce serait louable, mais c’est trop tard, elle n’est pas efficace. Un vétérinaire, sous couvert d’anonymat, explique : quand la première alerte a eu lieu en Savoie au printemps, « plusieurs lenteurs se sont additionnées face à la vitesse de diffusion du virus : l’éleveur a tardé à déclarer, les vétérinaires ont mis du temps à poser le diagnostic, et les laboratoires à confirmer les résultats. A ce stade, le seuil critique était déjà dépassé ». Une fois le premier foyer annoncé, le vaccin a mis trois semaines à arriver, et les mouches ont transmis le virus, des animaux ont été déplacés. La stratégie avait déjà un coup de retard, irrattrapable.
L’UE organise la grande peur de la dermatose nodulaire
Alors, un confinement du troupeau, assorti d’un abattage des bêtes malades qui ne peuvent se remettre, et d’une vaccination de toute la zone où a été repérée la maladie, ne serait-il pas préférable ? Une étude menée en 2016 par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) dans les Balkans montre que cela a fonctionné. Trois possibilités se présentent pour un animal touché : il meurt, il s’en remet sans séquelles, il reste diminué. Pour les séquelles modérées, les bêtes, après réengraissage, peuvent être réformées, abattues et consommées. Mauvaise idée, répondent l’Europe et le gouvernement, en s’appuyant sur des chiffres qui font peur : car la proportion des animaux contaminés et symptomatiques peut atteindre 40 % des troupeaux et la mortalité entre 5 et 10 % des bêtes infectées ! Cependant l’ANSES, l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail donne un autre chiffre pour le dernier épisode de dermatose nodulaire dans les Balkans : 1 %. C’est ennuyeux, mais pas catastrophique.
Ubu statisticien analyse la dermatose nodulaire
L’ANSES relève la fragilité des données en Albanie ou « la plupart des bovins ne comprennent qu’un ou deux bovins ». Et notre vétérinaire d’expliquer que les chiffres catastrophiques avancés par l’Europe « proviennent essentiellement de pays comme le Maghreb ou l’Albanie, où les troupeaux sont souvent très réduits, comptant trois à quatre animaux par exploitation, explique-t-il. Lorsqu’un troupeau de quatre bêtes compte un animal malade, le taux de morbidité atteint déjà 25 %. Si deux sont malades, il monte à 50 %. Les pourcentages sont donc élevés, mais uniquement parce que les effectifs sont très faibles ». En France au contraire, « dans un troupeau de 200 animaux, environ 90 %, soit 180 bêtes, seront contaminées sans développer de signes cliniques. Ces animaux produiront des anticorps et guériront naturellement : après environ un mois, le virus aura disparu de leur organisme et seuls les anticorps subsisteront. Les 10 % restants, soit une vingtaine d’animaux, développeront des symptômes. Statistiquement, parmi ces animaux malades, deux environ décéderont rapidement des suites de la maladie. Les 18 autres produiront également des anticorps ».
Grand remplacement du pays et des paysans par l’arc-en-ciel
Cependant certains praticiens donnent raison à l’Europe. Jean-Yves Gauchot, président de la Fédération des syndicats vétérinaires de France, affirme : « Les pays qui ont tenté de ne pas procéder à l’abattage total lors des épisodes successifs entre 2006 et 2023 ont connu une récurrence inquiétante des foyers, jusqu’à 232 par an, et démontrent que la stratégie d’abattage partiel limité associée à la vaccination est partiellement en échec. » C’est exact dans les Balkans, mais on ne peut les comparer à la France comme l’explique X : « Les animaux ne sont pas nécessairement identifiés. Les troupeaux sont parfois mélangés, et les bovins circulent librement d’un pays à l’autre : de l’Albanie à la Grèce, de l’Albanie à la Macédoine, sans aucune frontière pour eux. » Les abattages partiels n’ont pas été systématiques, la vaccination n’a pas couvert toute la zone, faute de moyens souvent, et le seuil de protection collective n’a donc pas été atteint. « En France, la situation est très différente : les animaux sont correctement identifiés et leur traçabilité est rigoureusement organisée. » Le vaccin français est bon et la vaccination de zone est possible. Une solution alternative à l’abattage massif est donc possible et efficace. Les spécialistes en disputent. Mais Bruxelles a tranché et Paris suit. L’arc-en-ciel mondialiste avance, au pas de charge de ses grandes peurs artificielles.











