Les DINKs : ces couples du futur qui bannissent les enfants – au profit de la consommation

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L’acronyme nous vient des Etats-Unis. Et sans même le connaître, vous avez sans doute déjà été confrontés à des cas typiques. DINK : Double Income No Kids. En français : « Double Revenu sans Enfant ». Ce sont ces couples, souvent jeunes, qui par choix personnel décident de ne pas avoir d’enfants pour consacrer leur temps et leur argent à… eux-mêmes. Les raisons sont multiples, de la décroissance à l’éco-anxiété, mais qu’importe, l’essentiel est de trouver le bonheur, et il leur semble se trouver dans la consommation tous azimuts. A visionner leurs vidéos TikTok, c’est bien l’objectif numéro 1.

Et le pire, c’est qu’ils arrivent à faire passer les couples qui procréent pour les vrais égoïstes de l’histoire. Les DINKs, ce sont les êtres les plus conscients et les plus responsables de toute la planète. Voyons, c’est évident. Le Carpe Diem n’a jamais été aussi vertueux.

 

Consommation à gogo

L’acronyme n’est pas nouveau. Né dans les années 1980, on le retrouve dans un article du Times, en 1987, intitulé « Living: Here Come the DINKs ». Il désignait alors, avant tout, les couples homosexuels, ces paires sans enfants, ce qui semble logique. Mais déjà, la tendance se faisait largement jour : au moins pour un temps donné, les jeunes couples choisissaient de retarder l’arrivée du premier enfant. Aujourd’hui, certains en font une résolution ad vitam.

Profiter de son argent : c’est la principale motivation de ce profil à succès qui s’est naturellement pérennisé, avec les années, dans une société occidentale gangrenée par la contraception et l’avortement. L’épidémie de Covid-19, le spectre du « changement climatique » et la crise économique ont véritablement accentué le phénomène. Pour preuve, le hashtag #DINK a été vu plus de 168 millions de fois sur TikTok, montrant à quel point il est, en 2023, à la fois fun et moderne, d’être un couple sans enfant… Sur les sites de rencontre, c’est devenu un trait récurrent : entre décembre 2022 et janvier 2023, la mention « dink » a fait +14,5 % sur les profils OkCupid.

Le commentaire d’une jeune internaute est frappant : « J’ai toujours pensé que je voudrais des enfants au bout d’un moment, plus tard dans ma vie, mais depuis que j’ai vu un TikTok d’un couple DINK, je commence à penser que c’est plus la vie qui me correspond. »

 

Pas d’enfants : « Nous voulons juste être égoïstes pendant quelques années »

Mais quelle vie, exactement ? Les vidéos TikTok en donnent un bon aperçu, en même temps qu’elles tordent aussi la réalité, comme tout ce qui est donné à voir sur les réseaux sociaux. Pouvoir partir en voyage quand on veut et comme on veut. Sortir le soir sur un coup de tête. Acheter pour 100 dollars de bonbons. Multiplier les passe-temps. Rénover sa maison. Faire la grasse matinée ad nauseam. Ou tout simplement refuser l’énorme responsabilité d’élever des enfants. Un égoïsme consommateur à deux. Une sorte de voyage de noces permanent, avec un peu de travail quand même.

Une enquête commandée par Forbes Advisor révélait fin juin qu’un adulte sur huit entre dans cette catégorie DINK et que deux autres sur cinq (39 %) ne prévoient pas d’avoir d’enfants à l’avenir. La raison financière est la plus grande : 26 % des identifiés DINK interrogés ont cité les difficultés financières comme leur principale motivation. Les autres « aiment leur vie telle qu’elle est » (23 %), pensent injuste de mettre un enfant au monde compte tenu des problèmes climatiques, politiques et économiques (19 %), ou préfèrent se concentrer sur leur carrière.

C’est un fait, non seulement les Dink gagnent plus mais ils dépensent plus. Ils sont d’ailleurs la cible d’efforts marketing constants pour les produits d’investissement et les articles de luxe, tels que les voitures chères et les vacances. A voir leurs vidéos TikTok, effectivement, « ils s’éclatent ».

L’économie du coût d’un ou plusieurs enfants est, on le sait, substantielle. L’article déjà cité du Times de 1987 évoquait déjà cette donnée, indiquant que le coût pour élever un enfant jusqu’à l’âge de 18 ans était de près de 100.000 $ à l’époque : ce montant est maintenant plus proche de 310.000 $. Et c’est partout pareil en Occident. Quand les jeunes Britanniques entendent qu’une place en crèche coûte plus de 60 £ par jour, ils font vite le calcul. Et c’est sans compter les difficultés de logement. Le prix à payer est particulièrement douloureux pour les familles.

En ce qui concerne une bonne partie de ces tristes couples, ce n’est donc pas l’adoption pure et simple d’un mode de vie définitif. Beaucoup sont des DINKs plus ou moins contraints. L’un d’entre eux disait en ligne : « Le statut DINK n’est pas nécessairement toujours une chose à long terme. Nous utilisons cette période comme une opportunité pour mettre en place une base financière solide afin de ne pas avoir à lutter contre les difficultés à l’avenir. » Ils sont en réalité des DINKYs : Double Income No Child Yet.

 

DINKs ou DEWKs (Dually employed with kids : double emploi avec enfants)

Pour les autres, c’est plus inquiétant : ils ont avalé et compilé les arguments dont on leur rebat les oreilles depuis ces trois dernières décennies, depuis qu’ils sont nés. Ces générations Y et Z se disent que finalement, la clé du bonheur, c’est l’absence de rejeton. En 2013, un article du Times (encore lui) détaillait une nouvelle étude britannique affirmant que « ne pas avoir d’enfant » se traduisait par des relations plus heureuses. Mais il n’a jamais été le seul. Tous les médias de gauche ont traité un jour ou l’autre la question, tant le bouleversement de la famille traditionnelle, foyer nucléaire normé, est d’un enjeu crucial pour le progressisme idéologique.

Une bataille qui rejoint d’autres batailles comme le féminisme, la prétendue libération de la femme : « Pourquoi (la plupart) des femmes qui réussissent sont sans enfant » titrait un magazine.

Le conte de fées doit évoluer. Non seulement ils n’eurent pas beaucoup d’enfants, mais ils n’en eurent jamais et c’est pour ça qu’ils ont été très heureux. D’ailleurs, c’est même un titre de gloire. Il suffit de lire certains commentaires en ligne : « Ceux d’entre nous qui choisissent de ne pas avoir d’enfants le font souvent non pas parce que nous prenons la parentalité à la légère, mais parce que nous la prenons très au sérieux. » De là à donner l’assaut, il n’y a qu’un pas, rapidement fait : « Les gens ont des enfants pour glorifier leur propre ego. »

 

Couples postmodernes : la perte du sens de la vie

Et les conséquences ? Les politiciens et les économistes commencent à s’inquiéter de l’effet sur la société si les gens continuent à retarder d’avoir des enfants, ou tout simplement n’en ont pas du tout. Les baisses cruciales des taux de fécondité, dans les pays occidentaux, sont déjà alarmants (lire l’article de Steven Mosher traduit par Jeanne Smits). Le taux de croissance démographique du Royaume-Uni devrait devenir négatif en 2030, selon l’Office for National Statistics. Aux Etats-Unis, où la plupart de ces vidéos TikTok avec le hashtag #Dink sont produites, le taux de natalité est le plus bas depuis 40 ans. En France, selon un sondage paru dans Elle en septembre 2022, en partenariat avec l’Ifop, 30 % des femmes en âge de procréer ne veulent pas d’enfant…

Comment les gouvernements financeront-ils les systèmes de retraite, pour rester dans une perspective très pragmatique ? Andrew Tully, directeur technique de Canada Life, un prestataire de retraite britannique, disait : « D’ici à 2045, le nombre de personnes ayant l’âge de la retraite augmentera de 28 % par rapport à 2020. Le nombre de personnes âgées de 85 ans et plus devrait presque doubler pour atteindre 3,1 millions d’ici à 2045. » Dans le même temps, la population en âge de travailler augmentera beaucoup plus lentement – environ 4,5 % d’ici au milieu des années 2030, avant que la croissance ne s’arrête complètement jusqu’en 2045. Si l’on ajoute que le nombre d’enfants va drastiquement diminuer, la situation s’aggrave d’autant plus. Il n’existe pas de fonds magique pour faire vivre nos retraités…

Quant à prendre de la hauteur, il faut redire que ce phénomène des Dinks est évidemment un phénomène de pays riches. Ce serait quelque chose d’impensable et d’inenvisageable dans d’autres pays pourtant plus pauvres, mais moins atteints par l’idéologie gauchiste mondialiste. Et qu’on ne nous dise pas que c’est parce qu’il y manque une politique contraceptive bien établie. Tout simplement, ces gens-là ne raisonnent pas en coût de la vie, mais en sens de la vie. L’union de deux personnes est naturellement, intangiblement liée à la procréation, à la transmission de la vie. C’est une question d’humanité.

 

Clémentine Jallais