Le discours du pape François à l’ONU : entre écologie et loi naturelle

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Le contraste entre le discours du pape François à l’ONU, vendredi, et celui qu’il avait livré la veille devant le Congrès des Etats-Unis, est saisissant. A croire qu’il n’a pas été écrit par la même personne – ce qui est d’ailleurs probablement le cas, même si le pape assume pleinement la responsabilité de toutes ses paroles. Devant les élus américains, il y avait un ton personnel et une manière de parler désormais bien connue à propos des sujets lui sont chers. Devant les représentants des Nations unies à New York, le pape a certes développé des thèmes qu’on lui connaît, comme la défense de l’environnement et l’écologie, mais il a employé un langage plus technique pour réaffirmer un certain nombre de droits propres à l’homme. D’aucuns y ont vu une défense de la « loi naturelle ». Pour autant le pape François ne s’est pas tant éloigné des « Droits de l’homme » en tant qu’idéologie et en définitive son discours a laissé aussi un petit goût d’utopie.
 
L’ONU est-elle vraiment une réponse efficace aux désordres mondiaux ? Le pape François l’a suggéré en saluant toutes ses « réalisations », qui sont, a-t-il dit, « des lumières en contraste avec l’obscurité du désordre causé par les ambitions incontrôlées et par les égoïsmes collectifs ».
 

A l’ONU, le pape François n’évoque qu’indirectement la loi naturelle

 
C’est elle encore qui constitue selon François une « réponse indispensable » au « dépassement technologique des distances et des frontières et, apparemment, de toute limite naturelle de l’affirmation du pouvoir ». « Une réponse indispensable puisque le pouvoir technologique, aux mains d’idéologies nationalistes et faussement universalistes, est capable de provoquer de terribles atrocités »…
 
Les idéologies nationalistes et faussement universalistes, on les connaît : communisme et nazisme. Ce n’est certes pas l’ONU qui a répondu au communisme ou qui l’a contenu, et l’on voit trop sa colonisation actuelle – elle et ses agences – par des représentants de nations qui demeurent communistes pour ne pas mettre quelques bémols.
 
Quant à l’actuel Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, il est de tous les combats idéologiques modernes, pour la défense des « droits LGBT » qu’il porte haut dans les objectifs de l’institution supra-nationale maçonnique, pour les droits à la santé reproductive, et bien d’autres initiatives qui aboutissent à la destruction du respect de la loi naturelle. Sans doute le pape François ne pouvait-il omettre de saluer de manière diplomatique son hôte, mais leur entente profonde va bien au delà. Alors que l’ONU s’apprêtait à adopter les Objectifs du développement, le concours du pape François était des plus bienvenus et il ne s’est pas privé de l’exprimer.
 

Ecologie : le pape François au service des Objectifs du développement durable

 
Fraternité universelle et égalité des nations étaient au menu du discours pontifical : si l’on peut comprendre son désir de paix et sa volonté de voir les hommes « éviter » le recours à la guerre par des médiations internationales – qui au demeurant n’exigent pas des médiations supranationales – on sait qu’il ne voit de vraie solution que dans la lutte pour la Création et contre le réchauffement climatique et à cette fin il a rejoint les slogans en vogue :
 
« Le drame de toute cette situation d’exclusion et d’injustice, avec ces conséquences claires, me conduit, avec tout le peuple chrétien et avec tant d’autres, à prendre conscience aussi de ma grave responsabilité à ce sujet, et pour cette raison, j’élève la voix, me joignant à tous ceux qui souhaitent des solutions urgentes et efficaces. L’adoption de l’Agenda 2030 pour le Développement Durable au Sommet mondial, qui commencera aujourd’hui même, est un signe important d’espérance. »
 
On n’attendait pas moins de lui, et sans doute pas davantage.
 
Or les Objectifs pour le développement durable, mis au service d’une idéologie malthusienne, participent d’une double idéologie : celle qui voit l’homme comme l’ennemi de la nature, et celle qui la déifie en paroles ou en pratique.
 
On notera que le pape a insisté sur la notion de création, que Dieu a suscitée par décision de son amour, et qui « permet à l’homme de se servir, avec respect, de la création pour le bien de ses semblables et pour la gloire du Créateur », a-t-il rappelé. Sans confondre le créé et l’Incréé. Mais il parlera un peu plus loin de « la maison commune de tous les hommes doit aussi s’édifier sur la compréhension d’une certaine sacralité de la nature créée ».
 

Le discours finalement consensuel du pape François à l’ONU

 
On notera aussi qu’il a plaidé pour le « droit à la vie et, plus, généralement, ce que nous pourrions appeler le droit à l’existence de la nature humaine elle-même » : manière de dénoncer le refus de l’enfant, l’avortement, l’idéologie du genre et la négation de la double nature spirituelle et animale de l’homme. Il est vrai que devant l’ONU il était important que ces choses soient dites : ces choses n’y vont pas de soi. Elles ont été dites… avec discrétion.
 
Quel est donc le développement auquel doit tendre l’homme ?
 
« La mesure et l’indicateur les plus simples et les plus adéquats de l’exécution du nouvel Agenda pour le développement seront l’accès effectif, pratique et immédiat, de tous, aux biens matériels et spirituels indispensables : logement personnel, travail digne et convenablement rémunéré, alimentation adéquate et eau potable ; liberté religieuse, et, plus généralement, liberté de pensée et éducation. En même temps, ces piliers du développement humain intégral ont un fondement commun, qui est le droit à la vie, et, plus généralement, ce que nous pourrions appeler le droit à l’existence de la nature humaine elle-même », répond le pape, qui venait d’affirmer comme une priorité : « Le respect et le renforcement du droit primordial de la famille à éduquer, et le droit des Églises comme des regroupements sociaux à soutenir et à collaborer avec les familles dans la formation de leurs filles et fils. L’éducation, ainsi conçue, est la base pour la réalisation de l’Agenda 2030 et pour sauver l’environnement. »
 
Si l’on se réjouit de ce rappel fondamental d’un droit qui est aujourd’hui de plus en plus contesté, de plus en plus refusé aux parents sur de nombreux plans, on reste perplexe devant sa subordination à l’Agenda 2030 qui devient une sorte de fin de l’éducation…
 
On n’accusera pas le pape de naïveté : il connaît bien la « colonisation idéologique » qu’il dénonce lui-même en d’autres circonstances. Bornons-nous à constater que son langage peut être perçu comme une aubaine par les ennemis de la religion du Christ. Et Dieu sait si, dans les hautes sphères de l’ONU, ils peuvent être nombreux.
 

Anne Dolhein