La doctrine catholique « discours de haine » : l’Eglise bientôt hors-la-loi ?

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Mgr Julian Porteous


Les services canadiens classent les opposants à l’idéologie du genre LGBTQ+ parmi les « menaces violentes ». Et Mgr Julian Porteous, archevêque de Hobart, en Tasmanie, qui exposait la doctrine traditionnelle de l’Eglise, a été accusé de discours de haine. La tendance n’est pas neuve. En février 2014, l’ancienne ministre catholique française Christine Boutin déclarait : « L’homosexualité est une abomination. Mais pas la personne. Le péché n’est jamais acceptable, mais le pécheur est toujours pardonné. » Elle fut poursuivie pour cela en justice par des associations spécialisées, condamnée en première instance puis en appel avant que le jugement ne soit cassé par la cour de Cassation. La forte pression sur l’Eglise visant à modifier la doctrine catholique en la matière s’accompagne d’une pression encore plus forte sur la société et sur les politiques. Le phénomène se généralise en même temps qu’il s’accélère, de sorte que l’inversion s’est installée dans les esprits et dans les prétoires : la déviance d’hier est devenue la norme, la norme d’hier est devenue délit. Et l’Eglise catholique se trouve menacée d’être mise hors-la-loi.

 

Distinguer l’homme de la femme devient un crime de haine

L’assentiment de la société à la marginalisation d’une Eglise jugée rétrograde est en train de devenir le nouveau sens commun. Il touche tous les pays occidentaux et toutes les institutions. Si l’on en croit le rapport de la chambre des Communes du Canada, le service de renseignement et de sécurité canadien (CSIS) a évalué « l’exposition à des entités épousant la rhétorique extrémiste anti-gender », et estime que ces personnes ou associations « pourraient inspirer ou encourager une violence non négligeable contre la communauté 2SLGBTQIA+ ». Cet étrange acronyme est officiel au Canada pour exprimer la pluralité des genres, y compris « bispirituels » et « en questionnement ». Ou « contre ceux qui sont considérés comme des partisans des politiques et des événements répondant à l’idéologie pro-gender ». Mais quand il s’agit de définir les « mouvements anti-gender », la seule définition donnée est qu’ils s’opposent aux « changements socio-culturels qui se manifestent par l’intégration et l’acceptation de la théorie des genres, y compris l’acceptation de la communauté 2SLGBTQIA+ ». En d’autres termes, il suffit de constater qu’on ne peut être qu’un homme ou une femme pour être considéré comme « anti-gender », donc, ipso facto, « homophobe et transphobe » et constituer de ce fait une « violente menace « (violent threat).

 

L’archevêque de Hobart ose prêcher la doctrine catholique

Le CSIS affirme aussi que les interprétations religieuses, les théories du complot, ou une peur globale du changement socio-culturel sont des facteurs déterminants qui rangent les gens dans les « mouvements anti-gender ». Un tel vocabulaire montre comment les institutions canadiennes considèrent la religion. Il n’en va pas très différemment en Australie. Mgr Porteous, archevêque d’Hobart, en Tasmanie, a publié le 2 mai une lettre pastorale de quatre page intitulée « Nous sommes le sel de la terre », dans laquelle il expose la doctrine catholique traditionnelle en matière de vie et de relations sexuelles. On peut y lire notamment : « Ces quarante dernières années nous avons été témoins d’une campagne organisée dans la société occidentale pour contourner la doctrine chrétienne traditionnelle sur le sexe et la sexualité. (…) On voit des efforts pour détacher le genre du sexe biologique et nier la réalité de ce que nous sommes et de la précieuse identité que nous avons en tant qu’homme ou femme. »

 

C’est l’arc-en-ciel qui juge de ce qui sain et malsain

Sans surprise, mais sans faiblesse non plus, le document met en garde les fidèles contre les efforts faits pour libéraliser l’avortement, le suicide assisté, et les lois interdisant la thérapie de conversion. Rien d’extraordinaire ni d’agressif, mais un rappel de la doctrine catholique adressé, puisqu’il s’agit d’une lettre pastorale, aux fidèles. Cela n’en a pas moins déchaîné les foudres des professionnels de l’arc-en-ciel. Dans un communiqué daté du 13 mai, le « président » Rowan Richardson, une femme qui s’est persuadée qu’elle est un homme, déplore que le message de l’archevêque « stigmatise les LGBTQIA+ en tant que menace sur les valeurs religieuses, et par cela même produise un enseignement et un environnement de travail malsains ».

 

L’Eglise bientôt hors-la-loi ?

La député tasmanienne Kristie Johnston, qui a pourtant un enfant dans une école catholique, a été plus brutale : « Vous pouvez imaginer combien ce genre de lettre peut blesser profondément des jeunes gens qui s’interrogent sur leur identité sexuelle. Je suis très préoccupée parce que notre gouvernement finance une école ou un système qui ferme les yeux sur ce coup de canif dans les lois anti-discrimination. » Et de condamner solennellement la lettre pastorale comme « rien de moins qu’un discours de haine ». L’idée a été reprise par la cheftaine du parti vert tasmanien, Rosalie Woodreff, qui parle aussi, « clairement » de brèche dans la législation anti-discrimination. La stratégie, au Canada comme en Australie comme partout, est de faire condamner la doctrine catholique, d’abord en matière de mœurs, au nom de l’inclusion. Puis, dans un second temps, l’Eglise sera mise hors la loi. On voit cela se profiler dans la loi américaine en préparation qui se propose de déclarer le Nouveau Testament « antisémite ». Sauf, si, bien sûr, elle se « normalise », et, s’ouvrant au monde, se convertit aux valeurs maçonnes, change ses Ecritures et sa doctrine : et c’est ce que fait le pape François.

 

Pauline Mille