Après Obama, Donald Trump arme à son tour les rebelles kurdes en Syrie

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Des milices kurdes et des véhicules américains près de la frontière
turco-syrienne.

 
Donald Trump vient d’approuver un plan du Pentagone visant à armer directement les Forces démocratiques syriennes (FDS), un groupe de rebelles kurdes de Syrie qui en lien direct avec un groupe terroriste islamo-marxiste. L’objectif – dans la parfaite continuité de la politique américaine par rapport à l’Etat islamique – est de lutter contre le Califat. En somme, Trump renouvelle la politique d’Obama, en l’amplifiant. Au risque de compliquer encore les relations entre les Etats-Unis et la Turquie qui considère les Kurdes comme des ennemis.
 
Dans un communiqué publié mardi, le Pentagone a indiqué que le plan a été approuvé lundi dernier. La porte-parole, Dana White, a précisé que les FDS, en partenariat avec les forces américaines et celles de la coalition, « constituent la seule force sur le terrain qui puisse avec succès s’emparer de Raqqa dans un avenir proche » ; Raqqa, la place forte de l’Etat islamique depuis 2014.
 

Donald Trump perpétue la politique d’Obama en Syrie

 
Selon une source officielle restée anonyme, citée par NBC, cela fait maintenant un an que les forces militaires américaines préparent un plan en vue de reprendre Raqqa. La décision d’armer les rebelles kurdes va « permettre aux processus de commencer à fonctionner », a précisé cette source. La signature de l’ordre par le Pentagone permettra assez rapidement de fournir armes et équipements aux Kurdes, certains matériels se trouvant déjà sur la zone. Sans précisions sur la composition du matériel qui sera mis à disposition du groupe islamique, on peut s’attendre à la fourniture de matériels lourds comme des bulldozers et des armes à feu, des munitions, des équipements de protection et de communication.
 
Le fait que certains équipements se trouvent déjà sur place est en soi le signe d’une continuité, puisque ils y ont été placés sous l’autorité de Barack Obama. Celui-ci n’avait pas hésité à faire travailler les Etats-Unis avec des militants locaux en lien avec des groupe communistes au nord-est de la Syrie, où se trouvaient notamment quelque 100 experts et forces spéciales dépêchés par les Etats-Unis sur décision unilatérale de l’ancien président, en l’absence de toute déclaration de guerre ou d’approbation du Congrès.
 
En janvier 2016, Alex Newman du New American rapportait cela en précisant que « les unités de protection du peuples kurdes » ou Yekîneyên Parastina Gel, constituaient l’aile militaire du parti démocrate kurde, Partiya Yekîtiya Demokrat, la filiale syrienne du PKK communiste. Le PKK, on s’en souviendra, s’était constitué avec l’appui de l’Union soviétique en son temps et a conservé son idéologie marxiste-léniniste.
 

Armer les rebelles kurdes en Syrie, c’est aider un groupe islamo-marxiste

 
L’administration Trump n’a donc rien modifié à la politique d’Obama qui consistait à donner aux Kurdes syriens un rôle de premier plan dans la reprise de Raqqa. Le Washington Post rappelle ainsi que « l’opération Raqqa nécessiterait l’acheminement d’armes et d’équipements pour permettre aux forces locales de manœuvrer à travers les champs de mines et autres obstacles qui protègent la ville ».
 
La Turquie a fait connaître son opposition à ce plan qui vise à armer « un groupe terroriste pour en combattre un autre », affirmant que les retombées adverses ne manqueraient pas.
 

Les Kurdes communistes, après Al Qaeda et les Moudjahidine

 
Mais les Etats-Unis continuent de penser qu’il suffit d’armer les ennemis de ses ennemis, comme ils l’ont fait en aidant, y compris militairement, les ennemis d’Al Qaeda… qui allaient constituer l’Etat islamique. Alex Newman ajoute : « Evidemment, Al Qaeda a vu le jour grâce au soutien de la CIA aux moudjahidine afghans – parmi lesquels un certain jeune Oussama ben Laden – lors de la guerre soviétique des années 1980 en Afghanistan ».
 
« Clairement, la politique qui consiste à soutenir les ennemis de nos ennemis est un échec, à moins que le plan ne soit de détruire l’Amérique. Et bien que le président Trump et ses supporters puissent penser que la fin justifie les moyens, le fait est que cela a été une mauvaise politique tant qu’elle a été mise en œuvre par le président Obama, et qu’elle le reste aujourd’hui », conclut-il.
 

Anne Dolhein