L’ancien ministre du Travail François Rebsamen exprime des doutes sur le projet de réforme du Code du travail présenté par son successeur Myriam El Khomri. « Il ne faut pas en attendre de miracle », affirme-t-il, savonnant ainsi la planche déjà fragile sur laquelle François Hollande cherche à construire son avenir.
François Rebsamen n’oublie pas qu’il est homme de gauche et, comme tel, il dénonce la première mouture du projet de loi qui offrait, estime-t-il, « trop de souplesse pour les entreprises et pas assez de garanties pour les salariés ». N’étant plus aux affaires, sinon celles de Dijon, l’ancien ministre se permet un coup de patte à l’adresse de François Hollande : « Si j’avais encore été rue de Grenelle, je n’aurais pas accepté de porter ce projet de loi en l’état. » Heureusement, ajoute-t-il, qu’il y a eu corrections, même s’il n’y aura pas, en tout état de cause, miracle…
Les doutes de François Rebsamen
« Ce qui est sûr, note-t-il en effet, c’est que le temps que la loi rentre en application, elle n’aura pas d’impact significatif avant la fin du quinquennat même si elle apporte une nouvelle pierre à l’édifice, notamment en renforçant les droits des salariés. (…) C’est bien, mais c’est plus une loi travail qu’une loi emploi. »
Poursuivant sa réflexion, le maire de Dijon fait ensuite patte de velours. S’il considère que « Pôle emploi n’est pas un outil statistique fiable », s’il ne voit pas dans les chiffres des demandeurs d’emploi diffusés chaque mois par cet organisme une mesure fiable du chômage, ce n’est pas qu’il se repente d’avoir moqué ses anciens camarades. C’est qu’il craint le retour de manivelle sur sa responsabilité de l’époque.
Aussi préfère-t-il dénoncer l’aspect brouillon de Pôle emploi – tout en s’en félicitant intérieurement sans doute. « Les chiffres erratiques transmis chaque mois le démontrent, avec des transferts entre catégories que Pôle emploi n’arrive pas à expliquer, des radiations qui évoluent au gré des relances para SMS, du nombre de rendez-vous des conseillers, etc. », prétend expliquer François Rebsamen.
Réforme du Code du travail et querelle de chiffres
« Tout cela alimente la suspicion et les accusations, pourtant infondées, de manipulation », ajoute-t-il, en préférant se référer aux chiffres du Bureau international du travail (BIT) et de l’Insee, qui reflèteraient davantage, à son avis, la réalité économique et la question du chômage dans notre pays.
Prendre les chiffres du BIT ? Pourquoi pas ? La France comptait fin décembre 2,86 millions de chômeurs selon les critères du BIT, et 3,58 millions demandeurs d’emploi de catégorie A inscrits à Pôle emploi. Si l’on se réfère à la fin de l’année 2012, alors que François Hollande commençait ses rodomontades face au chômage, le nombre de chômeurs selon le BIT était de 2,79 millions, et celui des demandeurs d’emplois inscrits de 3,13 millions.
Voilà pour les chiffres. Mais la fameuse courbe du chômage est, quels que soient les chiffres considérés, toujours aussi catastrophique !