COMEDIE :
De grands acteurs internationaux très connus, Pierce Brosnan (précédente incarnation de James Bond) et Emma Thompson, formant le « duo d’escrocs », réussissent-ils à animer cette comédie ? Parfois oui, avec une vigueur authentique, des répliques qui pétillent, à défaut de mériter de rentrer dans les annales du 7ème art. Parfois non, avec des scènes poussives, des longueurs, des accumulations de clichés, certes voulus, mais pas toujours utilisés très intelligemment, sur les sexagénaires à la veille de la retraite, les divorcés, Londres, Paris, la Côte d’Azur.
Les personnages secondaires convainquent à moitié, à l’exception du fils du duo, pirate informatique à l’occasion, peu présent, ou de l’inoffensif ami retraité, pourtant ancien de la Légion étrangère et des parachutistes australiens. Le tout est voulu d’une grande légèreté, de pure distraction a priori.
Pourquoi pas ? Mais Duo d’escroc, s’il lorgne sans complexe sur les grandes comédies américaines des années 1950, avec des diamants à voler, pour une bonne cause toutefois, manque du charme d’une Audrey Hepburn pour véritablement décoller. Le réalisateur a peut-être trop hésité entre la totale loufoquerie, potentiellement là, vraiment drôle, et une volonté de manifester un minimum de réalisme dans le contexte, ce qui n’était peut-être pas pertinent. Ou pire, avec l’espoir de diffuser un message politique.
Duo d’escrocs attaque en son début le capitalisme sauvage : de manière parfaitement légale, défaut souligné et authentique, il peut en effet ruiner des salariés dont la retraite tient à des stocks d’actions de leur entreprise, qui peuvent perdre toute valeur du jour au lendemain, et leur retraite disparaître avec elle, suite à une simple opération boursière. C’est en effet scandaleux, et pas franchement drôle.
Toutefois, l’apologie du contraire exact ne rallie pas le spectateur un minimum lucide. Louise Bourgoin en jolie et vulgaire – son rôle habituel – jeune mariée de millionnaire prise soudain d’un sursaut marxiste hurlant « Vive la Révolution ! », après sa demande de divorce le soir de son mariage, agace…Il devrait y avoir un juste milieu quelque part entre Thatcher et Mélenchon. Que notre socialisme « national » soit un objet de comédie certainement, mais qu’il soit traité avec la plus grande sympathie, en modèle pour l’Angleterre et ses excès ultralibéraux, c’est mal le connaître…
On aimerait un autre message, ou plutôt une comédie franchement assumée et se contentant de faire rire de bout à bout, ambition légitime et sympathique, qui ne réussit qu’à moitié.