DRAME Early Winter •


 
Early Winter est un hiver précoce qui frappe le Québec, et aussi, au sens métaphorique, un homme excellent vivant dans la Belle Province. Bon travailleur, très dévoué dans la maison de retraite où il est aide-soignant, bon père avec ses enfants, bon mari, ou faisant tout pour l’être, David est affligé d’une épouse insupportable, mauvaise, Maya. Cette femme est une immigrée russe arrivée récemment, ne s’exprime qu’en un anglais élémentaire avec un fort accent slave, et a imposé cette langue à la maison, ce qui est une humiliation déjà sensible pour un Québécois. Alors que lui travaille beaucoup, pour un salaire modeste, elle ne fait absolument rien. Serait-elle une femme au foyer consciencieuse ? Non, pas du tout : la maison est fort mal tenue, et entre deux manifestations démonstratives d’affection, elle s’occupe fort peu des enfants. Dans un désordre permanent, à la limite de la saleté, elle traîne couchée toute la journée, devant la télévision (tout en dénonçant la nullité des programmes) ou sur son téléphone portable. Or elle ne dispose pas de correspondants connus au Canada. David craint le pire. Le spectateur perçoit très vite que cette femme mauvaise est capable de tout, surtout du pire.
 

Early Winter : intéressant malgré un début indigne

 
Early Winter vaut pour ce portrait, finalement assez rare dans sa noirceur totale, mais logique et crédible, de femme mauvaise. Elle est remarquablement interprétée par une actrice canadienne sans attache russe, comme on pourrait le croire durant le film. Evidemment, ce thème est assez déprimant, car le brave homme ne mérite pas un tel sort.
 
Signalons hélas un commencement indigne du film : durant les deux premières minutes l’histoire débute par un bruitage explicite, puis apparaissent les images d’une scène d’accouplement des deux protagonistes principaux… Il y aurait eu pourtant moyen de glisser dans un dialogue l’insatisfaction de madame, sans cette exhibition à la limite du cinéma spécialisé. Aussi ne pourra-t-on que conseiller d’arriver avec un retard calculé dans la salle, car la suite reste plutôt décente, tout entière dédiée à ce thème sombre de la femme mauvaise, et somme toute intéressante.
 

Hector Jovien

 
Early Winter drame film