Les écoles de New-York ont fêté, hier, la fête musulmane de l’Aïd-el-Kébir

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Jeudi, les écoles de New York étaient fermées pour l’Aïd-el-Kébir – une « grande » première dans cet état fédéral qui compte plus de 1.800 écoles publiques. On parle d’une « étape importante dans la lutte pour l’égalité ». Ces charmants bambins pourront désormais aller voir, en toute liberté, le spectacle des moutons égorgés face à la Mecque…
 

Promesse électorale et revendication cosmopolite

 
Depuis plusieurs années, les meneurs de la communauté musulmane de New York le réclament. Curieusement, la résolution avait déjà été adoptée à l’unanimité par le conseil municipal, en 2009. Mais Michael Bloomberg, le maire de l’époque, n’avait jamais appliqué la mesure craignant que cela ouvre la voie à de multiples revendications du même métal, dans cette ville aux couleurs si cosmopolite…
 
Bill de Blasio, maire démocrate élu en 2013, en partie, justement, sur son soutien aux communautarismes (en autres, gay, juif et musulman…) n’a pas craint de tenir sa promesse de campagne. Son adversaire républicain d’alors, Joe Lhota, l’aurait-il fait ? Vraisemblablement, oui, il en avait aussi fait la promesse… Mais chez le très gauchiste de Blasio, le geste est idéologique – le vent a définitivement tourné pour « the Big Apple ».
 

Le plus grand district scolaire américain à fêter l’Aïd-el-Kébir

 
Certes, New-York n’est pas la première. Sept autres districts scolaires ferment déjà pour l’Aïd, dans le New Jersey, le Massachusetts et le Vermont. Mais c’est le plus grand district scolaire de la nation – 1,1 millions d’élèves – à reconnaître deux jours « saints » musulmans sur le calendrier scolaire officiel : l’Aïd-el-Kébir, la fête du sacrifice, et l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du jeûne du ramadan.
 
Cette décision politique avait été annoncée par Bill de Blasio en mars dernier, estimant qu’elle permettait de « refléter la force et la diversité de notre ville »… « C’est un changement qui reconnaît notre communauté musulmane de plus en plus nombreuse et honore sa contribution à notre ville ». Les familles ne seront plus obligées de choisir entre faire sauter la classe à leurs enfants ou leur faire manquer la fête religieuse, a-t-il déclaré. Ce qu’il a oublié de préciser, c’est qu’à certains endroits l’absentéisme était tel qu’il devenait inutile de faire cours… Le système plie de lui-même.
 
« Je suis sûr que ce choix de politique gouvernementale va pousser les musulmans à ressentir un sentiment d’appartenance » a déclaré un imam du Queens… ça rassure ! Appartenance à une nation qui, sans encore leur ressembler, baisse la garde – et de bon cœur. Alors que les musulmans se plaignent de l’islamophobie grandissante, c’est assurément pour eux une grande victoire symbolique.
 

Fêtes chrétiennes et juives presque à égalité avec les fêtes musulmanes dans les écoles de New-York

 
Deux fêtes musulmanes fériées… le chiffre n’est pas anodin. En plus des huit jours fériés qui constituent des célébrations civiles, les écoles new-yorkaises honoraient déjà trois fêtes chrétiennes, Noël et Thanksgiving et deux fêtes juives, Rosh Hashanah et Yom Kippour. Quasi égalité ! Mais pour une religion qui réunit, à l’échelle nationale, moins d’1% de la population américaine – 0,8% très exactement – le geste est extraordinairement large ! C’est comme si la catholique Irlande, à proportions strictement égales (0,9% de musulmans) se décidait à férier pour ses écoliers trois ou quatre fêtes musulmanes, à concurrence de ses cinq fêtes chrétiennes…
 
Mais la concentration fait force : New York compte un million de musulmans – environ 10% de la population de la ville – sur les sept à dix millions que compte l’Amérique. Et ce taux peut même atteindre 20% dans certains quartiers populaires du Queens. C’est désormais une population à prendre en compte politiquement, au niveau local, en attendant le niveau national… Barack Obama n’avait pas manqué de saluer, fin juin dernier, l’initiative du maire de New York, y voyant « une reconnaissance de la diversité et du caractère inclusif qui ajoutent à la richesse de notre nation ».
 
« Diversité », certes : la composante religieuse étasunienne est, peu à peu, en train de changer. Si les États-Unis restent le pays comptant le plus grand nombre de chrétiens dans le monde, (environ 7 adultes sur 10 « s’identifient » comme tels), leur pourcentage a perdu huit points en quelque sept années… les offrant à un athéisme de plus en plus vigoureux et renforçant la proportion de autres minorités. Alors, qu’un musulman devienne même président des États-Unis, ça ne devrait bientôt plus étonner ni gêner personne – la candidate aux primaires démocrates, Hillary Clinton, nous l’a confirmé, il y a quelques jour sur Twitter…
 

Clémentine Jallais