Ensauvagement, bandes, voile, émeutes : le premier problème n’est pas le narcotrafic

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L’avocat politicien Gilbert Collard, a dénoncé, après l’embuscade tendue à la police de Béziers par une cinquantaine d’hommes le 20 juillet, « un début de guerre civile ». D’autres dénoncent les violences urbaines, l’insécurité croissante, et après le guet-apens tendu aux forces de l’ordre à Limoges la même nuit, le maire de Limoge a parlé de « guérilla », prédisant « des enfants soldats dans nos cités ». Beaucoup attribuent l’ensauvagement de la France au narcotrafic qui croît à toute vitesse, atteignant les trois quarts des communes. Or, s’il s’agit d’un phénomène terrible, qui aggrave la situation, il n’est pas à l’œuvre dans les émeutes récurrentes, dans les meurtres au couteau, dans les viols de plus en plus nombreux, dans le déferlement de violences qui suivent les fêtes, sportives ou non, dans, dans les attaques de bandes de plus en plus fréquentes, contre les piscines et autres lieux de détente, ou même, comme récemment sur la côte normande, contre des restaurants. C’est le changement de population qui est le premier problème, la cause profonde de l’embrasement du pays.

 

A l’origine de l’ensauvagement des bandes, le laxisme

Les violences urbaines, comme on les appelle dans un langage qui singe la sociologie, sont massives et variées : l’été 2025 en rassemble comme un bouquet de feu d’artifice (que l’usage des mortiers par les jeunes rappelle) les divers types apparus ces quarante dernières années. Cela a commencé, avec la canicule, par les piscines. Voilà belle lurette que certaines populations refusent les règles de la politesse puérile et honnête, se baignent en boxer-short sale, exigent des horaires pour les femmes, ou même défèquent dans l’eau : ces petites « incivilités » indéfiniment tolérées font place maintenant à l’entrée en bande sans payer, à l’agression des autres usagers, en particulier les femmes, et des maîtres-nageurs, et, là où il y a de la gêne il n’y a pas de plaisir, la démolition des installations. La théorie du carreau cassé des quartiers pauvres d’Amérique s’est vérifiée : les sauvageons caressés dans le sens de leurs pulsions ont pris de l’assurance, en France, en Suisse, imposant leur jungle aux piscines et bases nautiques. C’est pour limiter ce genre de « profils » que le couvre-feu a été décrété depuis le 17 juillet à Saint-Ouen (93) pour les mineurs de moins de 16 ans.

 

Feux, fêtes, voiles, émeutes : l’école de l’ensauvagement

On passera en vitesse sur les finales de football qui finissent en rixe, pillage, détroussement ou en émeutes. C’est devenu quasiment la règle en France : il n’y a pas de vraie fête sans Champs-Elysées en feu. Poubelles, mobilier urbain et voitures y participent. La Saint-Sylvestre et le 14 juillet subissent les mêmes animations urbaines. Quant aux « guet-apens » et autres « embuscades » dont se plaignent les maires de Limoges ou Béziers, s’ils ont pris de l’ampleur, ils ne sont pas nouveaux non plus. Dès les années 1980, la police a signalé qu’elle ne pouvait plus pénétrer de manière normale (c’est à dire sauf opération coup de poing avec de grosses unités) dans certains quartiers, dits alors « de non-droit ». Pire, sans doute, tout ce qui incarnait le service public et la France, camionnettes du gaz et de l’électricité, pompiers, étaient attaquées et victimes de véritables pièges. Or de nombreux commentateurs, notamment sur CNews, estiment que le narcotrafic en pleine expansion tient dans l’aggravation visible de tous ces phénomènes une place prépondérante. Ont-ils raison ?

 

Le problème terrible du narcotrafic

De nombreuses villes grandes ou moyennes, un bon exemple récent en est Grenoble, que l’on croyait indûment tranquilles, ont été le lieu de combats entre bandes où les armes à feu sont employées. A Nantes, en mars, la justice jugeait les auteurs d’une fusillade mortelle. A Nîmes, plusieurs fusillades ont éclaté en ville et le corps d’un jeune homme à demi calciné a été retrouvé. A Toulouse, un garçon de dix-neuf ans vient d’être tué par balle. A Lille, à Rennes, ces deux derniers jours, c’est au couteau. A Marseille, où le ministère de l’Intérieur concentre ses moyens, il y a eu encore 24 morts en 2024 contre 49 en 2023. A Bordeaux, malgré une récente tentative d’enlèvement, la drogue tue plutôt par overdose. A Paris, police et justice se sont réjouies en juin de l’extradition des Emirats arabes unis d’Abdelkader Bouguettaia qui pilotait l’importation massive de cocaïne en France depuis Doubaï. La croissance rapide du narcotrafic est doublement formidable : par la puissance de feu des bandes, qui se tirent dessus entre elles et font régner leur « ordre » parfois à la kalachnikov, marginalisant un peu plus la police, et par le volume pécuniaire du trafic, qui entraîne la corruption des élites, politiques, judiciaires, policières.

 

Omerta sur un problème connu de tous depuis 1991

Mais ce n’est pas elle le premier problème. Pas elle qui provoque l’ensauvagement des gamins qui importunent les femmes, volent les sacs et sèment le souk à la piscine. Pas elle qui attaque un restaurateur à Jullouville. Pas elle qui bloque les routes en France, détrousse les automobilistes en Catalogne ou les camions dans le Pas de Calais. Pas elle qui provoque les feux du 1er janvier, du 14 juillet ou de la Coupe du monde. Pas elle qui provoque périodiquement les émeutes qui enflamment la banlieue et maintenant toutes les villes. Pas elle qui parade tous voiles dehors. Pas elle qui « organise une journée culturelle et spirituelle » place de la République à Paris. On sait bien qui est responsable de tout cela, et l’on préfère parler des supérettes du VIe arrondissement. Et on le sait depuis longtemps. Les Cassandre, Powell, Raspail, Le Pen, l’avaient crié d’abord dans le désert, sans qu’on les entende. Mais voilà plus de trente ans les gens comme il faut l’on dit. En 1991 Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la République, constatait que la France était passée « de l’immigration à l’invasion » et le commissaire divisionnaire Pellegrini donnait au journaliste Serge Ferrand un livre d’entretiens intitulé Demain la guerre civile où le phénomène des bandes, des armes, des milices, etc., était déjà bien décrit. J’ai retrouvé par hasard l’épigraphe du bouquin, empruntée à Emile Cioran : « Une société est condamnée quand elle n’a plus la force d’être bornée. Comment avec un esprit ouvert, trop ouvert, se garantirait-elle des excès, des risques mortels de la liberté ? »

 

Pauline Mille