Il avait 16 ans, ce 27 décembre 2013, lorsque – tout d’un coup, selon ses proches – B. décide, sans prévenir, de partir avec trois autres Niçois faire le djihad en Syrie. Aujourd’hui, une mère – sa mère ! – se bat. Elle veut obtenir la condamnation de l’Etat (et des indemnités) pour n’avoir pas su exercer un contrôle sur ce fils, ce Français mineur, qui un triste jour a pris un billet, un aller simple, pour la Syrie, sans que, à une époque où cette lamentable histoire se répète pourtant avec régularité, personne ne se soit étonné de rien. « Tu veux aller en Syrie, mon jeune ami ? Bon ! »
C’est une histoire triste ! B. habitait Nice, il venait d’avoir 16 ans, et en avait profité pour se convertir à l’islam – sans aucun signe de radicalisation, bien sûr ! alors que, en moins d’un an, on a signalé plus de 3.100 cas de radicalisation dans notre pays. Il n’en venait pas moins de fêter Noël – à l’époque du relativisme-roi, on ne doit plus s’étonner de rien… – avec sa mère et ses trois frères et sœurs. De père, apparemment, il n’est pas question. Ce qui explique partiellement le désordre de cette histoire – partiellement, parce que les pères n’ont plus la cote…
Parti pour le djihad
Deux jours plus tard, il prenait l’avion pour la Syrie, via Istanbul, comme on prend le métro pour la porte de Champerret, ou le train pour la Côte d’Azur. Ou quasiment, puisque, contrôlé à l’aéroport de Nice par la police de l’air et des frontières, à laquelle il présente sa pièce d’identité, l’adolescent, « mineur, a quitté le territoire français pour la Turquie, notoirement connue pour être la porte d’entrée vers la Syrie, sans que la police s’en inquiète », déplore Maître Samia Maktouf, avocat de la mère, connu pour avoir défendu tout à la fois le clan Kadhafi et les victimes de Mohamed Merah, mais également pour être la sœur de Lotfi Maktouf, le milliardaire tunisien, propriétaire, notamment, du Port Palace à Monaco, impliqué dans l’Angolagate.
Mais revenons à notre affaire… « La police a commis une faute grave et un manque de discernement s’agissant d’un mineur, non accompagné, qui se rendait avec un aller simple en Turquie sans bagage », estime, avec un certain bon sens, maître Maktouf.
La mère de l’adolescent, qui assure n’avoir appris les intentions de son fils que « quelques jours avant son départ » par l’intermédiaire d’autres jeunes de la cité, avait signalé sa disparition au commissariat dans la nuit du 27 au 28 décembre, alors qu’elle était sans nouvelles de lui depuis vingt-quatre heures.
L’Etat manque de contrôle – ou de bon sens
Considérant donc que les services de police ont manqué à leur devoir, elle demande aujourd’hui au tribunal administratif de Paris de condamner l’Etat à lui verser 110.000 euros pour elle et ses trois autres enfants au titre du préjudice subi. Et maître Maktouf de commenter : « Ce n’est pas l’argent que nous visons, mais nous voulons faire prendre conscience qu’une erreur a été commise. Il faut que les départs de mineurs pour le djihad cessent. »
On doute pourtant que cette mère puisse se faire entendre, puisque l’Etat, par le moyen des services du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, a justifié ses services en indiquant qu’une carte d’identité suffit pour partir à l’étranger, et que le jeune homme ne faisant l’objet d’aucune mesure d’interdiction de sortie de territoire, sa responsabilité ne saurait être engagée.
Autrement dit, devenir un terroriste est une simple question administrative !
Après cela, on peut se féliciter que des Syriennes quittant les territoires contrôlés par l’Etat islamique jettent leur burqa aux orties – façon de parler, il ne doit guère y en avoir là-bas.
Tandis qu’elles se libèrent, nos enfants se radicalisent lé-ga-le-ment. Ces Syriennes ont d’ailleurs tout intérêt à profiter de cette liberté recouvrée. Si, par hasard, elles décidaient de revenir chez nous, il y a fort à parier qu’on les verrait bientôt réenfiler leur prison de toile. Oui, en France !
François le Luc