L’Etat islamique disposerait déjà de substances nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC) en Europe

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Dans un rapport édité au lendemain des attentats de Paris le 13 novembre dernier, le Parlement européen enjoint aux Etats membres de l’Union européenne de se préparer à l’éventualité d’une attaque de la part de l’Etat islamique au moyen d’armes nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques (NRBC) en Europe et d’en informer les populations afin de prendre les mesures adéquates. Le rapport s’appuie sur les recherches de Nomi Bar-Yaacov, chercheur à Chatham House et de Wolfgang Rudischhauser, directeur du Centre de l’OTAN traitant des questions de non-prolifération des armes de destruction massives (ADM).
 

L’Europe, véritable passoire pour les substances NRBC

 
Wolfgang Rudischhauser fait remarquer que des armes chimiques et biologiques ont été introduites illégalement en Europe. Chaque année, ce sont quelque 150 cas de trafic d’armes nucléaires qui sont rapportés, alors qu’Interpol souligne dans ses rapports mensuels de renseignement sur les substances NRBC de nombreuses tentatives d’achat, de trafic ou d’utilisation de telles armes sur le territoire européen. L’aspect le plus inquiétant de ce phénomène est que ces substances ont été introduites en Europe sans être interceptées. L’empoisonnement à la matière radiologique du dissident russe Alexander Litvinenko, mort à Londres en 2006, atteste de la présence et de la libre circulation de ces substances sur le sol européen.
 

L’Etat islamique dispose des moyens d’acheter et de valoriser les substances NRBC

 
Les ressources annuelles de l’Etat islamique sont estimées à 2,9 milliards de dollars, alors que le trafic de pétrole lui rapporte environ 40 millions de dollars par mois. Il dispose par conséquent des moyens financiers nécessaires à l’acquisition de substances NRBC et à l’emploi de personnes capables de les transformer en armes de destruction massive. En août 2014, un document de 19 pages, décrivant le procédé de développement de la peste bubonique pour en faire une arme, a ainsi été retrouvé dans l’ordinateur portable d’un diplômé tunisien en physique-chimie combattant pour l’Etat islamique.
 
Le rapport du Parlement européen montre par ailleurs que l’Etat islamique a recruté des centaines de combattants d’origine étrangère, dont des physiciens, des chimistes ou des programmeurs qui auraient les compétences nécessaires pour fabriquer des armes NRBC.
 

Toute la panoplie des armes NRBC : nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques

 
De fait, le rapport demande aux différents gouvernements de l’UE de veiller particulièrement sur les sites sensibles dans lesquels des individus radicalisés pourraient travailler, que ce soit des usines de traitement des eaux, des centrales nucléaires ou des entreprises de l’industrie chimiques. Ils pourraient ainsi mettre à profit leurs connaissances des lieux pour commettre des attentats au moyen de ces armes NRBC.
 
Le même rapport recommande le filtrage des djihadistes revenant de Syrie ou d’ailleurs et ayant des connaissances en matières de substances NRBC. Au lendemain des attentats de Paris, Manuel Valls a déclaré qu’il fallait s’attendre à tous types d’attentats terroristes, y compris les attaques d’ordre chimique ou bactériologique. Un arrêté autorisant plus largement le stockage d’un antidote contre les neurotoxiques organophosphorés (VX, sarin, etc.) a été publié dès le 14 novembre.
 
Il n’en reste pas moins que la publication d’un tel rapport atteste de la faillite de l’Union européenne en termes de sécurisation de son territoire : l’espace Schengen est une véritable passoire que ce soit pour les clandestins ou pour les armes.
 

Nicklas Pélès de Saint Phalle