Les deux fronts des Etats-Unis contre les Russes en Syrie : falsification médiatique et pression militaire

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L’attitude des Etats-Unis dans le conflit syrien n’en finit pas de troubler. Depuis quelques semaines, les médias américains dominants, largement manipulés par la diplomatie de Washington, ne qualifient plus les miliciens de l’Etat islamique, qui tyrannisent Alep, de « terroristes », mais de simples « rebelles ». Parallèlement, après avoir chauffé les opinions occidentales, l’administration Obama et l’Otan font pression sur le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy pour qu’il refuse de laisser ravitailler, dans les ports qu’il contrôle, les navires de guerre russe comme il s’apprêtait à le faire. Entre falsification médiatique et pression militaire, les Etats-Unis ont ouvert deux fronts contre les Russes en Syrie.
 
Stephen F. Cohen, professeur émérite de civilisation russe à l’université américaine de Princeton, qui suit la couverture de la guerre en Syrie où la Russie intervient massivement contre l’islamo-terrorisme, estime que les médias nord-américains ont basculé du « préjugé de guerre froide » à la pure et simple « falsification ». « Si vous prenez un article aujourd’hui, la narration a radicalement changé », déclare-t-il dans le média russe Sputniknews. Il explique : « A Alep, il n’est plus question que de rebelles, il n’y a plus de terroristes. Les mots de terroristes ou de djihadistes ont disparu des textes ! Et simultanément, on nous dit que des enfants sont tués par les avions russes ou syriens tandis que les “rebelles” tenteraient de les protéger. »
 

Les Russes en Syrie accusés face aux rebelles naguère appelés « terroristes »

 
Les liens de soumission du système médiatique dominant au pouvoir politique étant désormais avérés dans les pays occidentaux, cette orientation sémantique trahit le choix – déjà ancien – de la diplomatie américaine pour la politique du pire. Plutôt les islamo-djihadistes et leur utopie séculariste et totalitaire de califat qu’une approche privilégiant les intérêts d’une grande Europe chrétienne. Dans ces médias aux ordres, Moscou et Damas sont désormais dépeints en « criminels de guerre » ciblant les populations civiles d’Alep. Surtout ne pas s’interroger sur le fait que les tyrans d’Alep, en particulier le front Al-Nosra, filiale d’al-Qaïda, puisse pratiquer, comme jadis le Hamas à Gaza face à l’armée israélienne, la sinistre technique des « boucliers humains », véritable crime contre l’humanité.
 
Le Pr Cohen ajoute : « La vérité c’est que le secteur occidental d’Alep (et ses enfants, NDLR), souffre au moins autant des attaques de ceux qui sont désormais qualifiés de “rebelles” mais qui sont en fait des djihadistes terroristes. Ceux-ci tirent depuis la zone orientale, qu’ils contrôlent, des mortiers vers la zone occidentale (contrôlée par les rebelles de l’ASL, NDLR). Les enfants qu’ils touchent n’ont aucune valeur pour ces médias. Seuls comptent les autres, touchés par les aviations russe et syrienne, ceux qu’on voit chaque jour à la télévision. »
 
Pour l’universitaire, l’unique objectif d’Obama « est de renverser Assad ». Or la bataille médiatique prépare et accompagne la bataille diplomatique. Ainsi les pressions s’accentuent-elles contre l’Espagne afin qu’elle renonce à ravitailler des navires de guerre russe lors de leurs escales vers la Syrie afin de participer à la bataille d’Alep, rapporte le Daily Telegraph. Une série de condamnations venues des alliés de Madrid au sein de l’Otan pourrait pousser ainsi Madrid à fermer ses ports aux Russes.
 

Les Etats-Unis entre falsification médiatique et pression militaire

 
La flotte en question est composée de huit navires menés par l’Amiral Kouznetzov. Elle devrait faire se ravitailler en carburant dans le port espagnol de Ceuta, sur la côte d’Afrique du Nord, juste après avoir franchi le détroit de Gibraltar. Sa mission : venir en soutien de l’offensive aérienne ciblant Alep, où 275.000 habitants sont enfermés, pour partie sous la mainmise des « rebelles » islamo-terroristes.
 
Argument de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’Alliance atlantique : ce groupe naval pourrait participer « au bombardement de populations civiles à Alep ». Pas question d’évoquer les islamo-djihadistes qui tiennent la ville en coupe réglée, avec la bénédiction des amis qataris des Occidentaux. Quant à l’inénarrable Guy Verhofstadt, président du groupe libéral au parlement européen, mondialiste frénétique, il tranche : « L’Espagne a signé le texte contre les crimes de guerre russes à Alep la semaine dernière et aujourd’hui elle prétend aider la flotte russe qui prépare de nouvelle atrocités. Sérieusement ? »
 
Les médias aux ordres ont préparé l’opinion en lui faisant croire que les civils d’Alep sont uniquement victimes des frappes russo-syriennes. La Russie est en passe de devenir le Grand Satan. La boucle est bouclée. Tout en affirmant que les ports espagnols d’Afrique du Nord ne sont pas concernés par le traité fondant l’OTAN, le gouvernement espagnol pourrait réviser sa position. La Russie réplique qu’il s’agit d’un ravitaillement « de routine ».
 

Matthieu Lenoir