Warhol Unlimited entend rendre un vibrant hommage à un supposé génie sans limite, celui de l’artiste contemporain Andy Warhol (1928-1987). Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris propose à l’admiration des trop nombreux visiteurs – trop nombreux pour le calme de la visite et la valeur des travaux proposés – un échantillon de productions des années 1950-60. Productions, car certains termes empruntés à l’industrie viennent davantage à l’esprit que ceux de l’Art. Warhol se voulait directeur et ouvrier d’une Art Factory, une « usine d’Art », jouant sur l’ambiguïté en permanence. En fait Warhol a toujours été un joyeux farceur, s’amusant de manière parfaitement consciente.
Le contresens majeur de Warhol Unlimited consiste à le prendre au sérieux, à commenter avec une pédanterie rare des vidéos, peintures, sculptures, photographies, pensées comme des plaisanteries. Et vendues fort cher, au bénéfice de Warhol. Une autre exposition qui s’achève au Centre Pompidou de Metz, Warhol Underground, avait compris le caractère fondamentalement ludique de la production de Warhol, alors que Warhol Unlimited commet un contresens absolument majeur. Au-delà du sérieux artificiel du parcours, l’hommage absolument dithyrambique rendu dans tous les détails à l’univers pour le moins contestable et marqué par la drogue, l’alcool, les créatures aux mœurs légères ou équivoques, de Warhol, exaspère. Le narcissisme caricatural, et voulu comme tel, de l’artiste, en est exalté comme une preuve de génie. A ce stade d’idolâtrie, on reste sans voix.
Warhol Unlimited l’imposture et la farce
Or, quel talent y a-t-il dans ces petits films volontairement décadrés et instables ? Quelle démarche artistique s’exprimerait-elle dans de gros coups de pinceau sur des photographies géantes ? Tout cela est absolument creux et nul. On sourira tout au plus devant les photographies géantes de Mao peinturlurées, blasphèmes contre le Grand Timonier idolâtré alors dans l’Art officiel chinois.
Chose peu connue, Warhol lui-même menait une double vie : l’artiste provocateur était un paroissien catholique régulier. On ne le classera pas pour autant parmi les artistes catholiques, même s’il a effectivement nettement moins blasphémé dans ses productions que bien d’autres.
L’Art contemporain est évidemment une imposture. Et le spectacle est peut-être plus dans le public, qui s’efforce d’admirer cette joyeuse farce, que dans les œuvres elles-mêmes.
Hector Jovien