L’affiche équivoque de la Semaine Sainte de Séville 2024

affiche Semaine Sainte Séville
 

L’affiche officielle de la Semaine Sainte de Séville a suscité une profonde indignation en Espagne où les réseaux sociaux se sont enflammés pour dénoncer la représentation d’un Christ efféminé, œuvre de l’« artiste » sévillan Salustiano García. Des membres de confréries sévillanes historiques qui participent aux défilés pénitentiels dans la ville andalouse pendant les jours les plus saints de l’année liturgique ont qualifié l’œuvre d’« insulte » à la ville et à tous les catholiques. A l’heure de Fiducia supplicans, certains y voient des relents de « Marche des fiertés »…

« On dirait une affiche du carnaval de Tenerife, celui des drag queens », « lamentable », « blasphème » : les commentaires sur Internet ont réagi avec force devant l’image hyper-réaliste d’un homme au physique d’éphèbe et aux traits de jeune femme aux cheveux longs malgré sa barbe et sa moustache, la peau lisse et blanche où les plaies de la Passion se devinent à peine.

 

L’indignation des catholiques face à l’affiche pour la Semaine Sainte

Certains ont pensé qu’il s’agissait d’une plaisanterie, mais cette figure de jeune homme sensuel a bien été commandée, hélas, par le Conseil des confréries de Séville, auprès d’un artiste dont on connaît l’œuvre. L’affiche répond aux canons de l’esthétique gay et montre ce prétendu Christ au moment de la Résurrection vêtu d’un pagne négligemment noué autour des hanches comme un drap dérangé. Ledit morceau de tissu est inspiré du crucifix « Christ de l’Expiration » de la Basilique du Cachorro à Séville – mais contrairement au portrait de Salustiano, celui-ci ne comporte pas une once de sensualité.

L’affiche a été présentée à la mairie de Séville en présence de responsables des confréries qui semble-t-il n’ont pas été frappés par l’aspect sexualisé et même homosexualisé de l’image – eux non plus ne savent plus qui ils sont. Ils auraient pu se méfier quand même : l’artiste Salustiano a commis maintes œuvres où l’on voit des enfants au regard oblique pareillement sexualisés, bizarres ou dérangeants, ou encore des mises en scène blasphématoires de la Sainte Eucharistie dont la description ne doit pas figurer dans ces colonnes (et qui agite le monde de l’art contemporain). On voit sur le site de l’artiste un portrait de jeune homme ressemblant fortement au « Christ » de la Semaine Sainte de Séville avec les mêmes sous-entendus homosexualistes.

 

L’artiste de Séville défend son affiche en accusant ceux qui la critiquent

Voilà qui contredit l’explication de Salustiano : « Mon Christ apparaît comme jeune et beau. Jeune, comme une métaphore de pureté : c’est ainsi qu’on a montré la Vierge Marie dans l’histoire de l’art. »

Il a également prétendu vouloir faire « une affiche respectueuse pour les institutions et pour tous les chrétiens », ainsi qu’il l’a dit dans un entretien avec EFE, assurant qu’elle n’est « ni révolutionnaire ni sale ». Et pour ceux qui sont dérangés, il ajoute que c’est de leur faute : « C’est leur propre saleté interne qui se projette dans l’image. »

Dans un autre entretien, il s’amuse de ceux qui se plaignent de la nudité de son Christ, sans se rendre compte que le problème n’est pas du tout là, mais dans la manière dont celle-ci est mise en scène.

Protestant de sa bonne volonté et même de sa foi excellente, Salustiano a expliqué qu’il avait pris pour modèle son grand frère, mort jeune, et son propre fils. Et s’il y a des critiques, cela est « fruit de l’inculture, de ne rien savoir, de n’avoir jamais été dans un musée ; mais, j’imagine, pas même, je ne sais pas, dans une église, car je ne me suis pas amusé à inventer quelque élément que ce soit de ceux qui apparaissent dans cette peinture ».

Une pétition réclamant le retrait de l’affiche a déjà recueilli près de 10.000 signatures, au motif qu’« elle ne représente pas du tout la foi, les valeurs chrétiennes de la tradition et la ferveur religieuse de cette ville ». De fait, il existe une confrérie de la Résurrection à Séville et donc une iconographie historique et traditionnelle qui aurait pu inspirer l’affiche de cette année – mais elle montre le Christ en homme avec ses plaies glorieuses de sa Passion et non en adolescent équivoque.

 

Anne Dolhein