Hergé (1907-1983) est le pseudonyme de Georges Rémi, le créateur de Tintin. Tintin est apparu en 1929 avec la bande-dessinée Tintin au Pays des Soviets, fable anticommuniste pour enfants dans la presse catholique belge. L’exposition qui est consacrée à Hergé présente le personnage, l’ensemble de son œuvre, dont Tintin évidemment, l’essentiel, mais aussi ses différentes bandes-dessinées – Totor, Jo et Zette, Quick et Flupke -, ses œuvres de jeunesse, ses différents travaux graphiques hors du monde de la bande-dessinée, principalement des affiches publicitaires et des tableaux d’art abstrait. Le graphisme des affiches, sans témoigner d’un talent génial, est efficace. Quant à la peinture abstraite, tout en multipliant les prétextes douteux, Hergé lui-même avait in fine plus ou moins reconnu être entré dans une impasse.
 
L’exposition Hergé s’adresse avant tout aux innombrables lecteurs de Tintin. Ils seront heureux de retrouver les multiples planches originales, à différents stades d’achèvement, et documents de travail de Hergé, puis à partir des années 1950, du véritable Atelier Hergé. Hergé, dessinateur solitaire à l’origine, a bénéficié durant ses dernières décennies de toute une équipe de dessinateurs, souvent spécialisés –comme Roger Leloup pour les avions ou véhicules – avec Bob de Moor pour véritable adjoint. Une des attractions de l’exposition est la grande maquette de fusée lunaire de Tintin, qui a effectivement servi à l’atelier pour ne pas se tromper dans les multiples dessins de l’engin spatial, avec les positions exactes de chaque objet.
 

L’œuvre de Hergé dépasse de très loin son créateur

 
Comme souvent, sinon toujours, l’œuvre dépasse de très loin son créateur. Tintin a distrait des générations et des générations d’enfants, avec ses aventures s’étendant sur tous les continents habités, et même la Lune. Hergé par contre a mené une vie plus banale que son héros, évidemment, et n’a pas été toujours un modèle comme son héros. L’aspect systématiquement hagiographique de l’exposition peut quelque peu irriter : très marqué par l’Action catholique belge dans les années 1920-1930, et en particulier du scoutisme, Hergé s’est totalement détaché de ses sains principes –qui n’ont jamais été ceux de quelque extrême-droite fascisante, contrairement à bien des légendes négatives postérieures – pour sombrer dans l’imposture de la psychanalyse dans les années 1950. Ainsi, Hergé a suivi le conseil « moral » de son psychanalyste, et abandonné sa femme, épousée devant Dieu, au profit de sa maîtresse…Quant à Tintin, il glisse doucement au fil des décennies de l’humanisme catholique à l’humanisme laïc.
 

Une exposition miroir du XXe siècle

 
Néanmoins, on reconnaîtra volontiers le génie de Hergé, un des plus grands auteurs de bandes dessinées. Ses œuvres reflètent leur époque, et, au-delà du plaisir de l’évasion, sont passionnantes à étudier. Elles renvoient aux changements radicaux des mentalités en Europe, et dans une certaine mesure, dans le monde: le bon père blanc de Tintin au Congo, qui célèbre les missions catholiques et l’œuvre de la Belgique dans sa grande colonie africaine, n’est plus envisageable des décennies plus tard. Les Picaros, dernière aventure achevée, renvoient avec dérision aux innombrables guérillas plus ou moins marxisantes des années 1960-70. Cet aspect de miroir du vingtième fait que l’exposition Hergé possède une véritable dimension d’histoire sociale, et s’adresse à un public plus large que les amateurs des aventures de Tintin.
 

Hector JOVIEN

 
Au Grand Palais, Galeries nationales
du 28 Septembre 2016  au 15 Janvier 2017
 

Hors vacances scolaires : Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 20h et en nocturne jusqu’à 22h le mercredi
Vacances scolaires :(du 18 décembre 2016 au 2 janvier 2017), le Samedi, dimanche et lundi de 10h à 20h
Nocturnes le mercredi, jeudi et vendredi jusqu’à 22h
 
Fermetures anticipées à 18h les samedis 24 et 31 décembre
Fermé le mardi
Fermé le 25 décembre
 
Tarifs :
Normal : 13 €
Réduit : 9 €
Tribu (4 personnes dont 2 jeunes 16-25 ans) : 35 €