La Réserve fédérale américaine a annoncé mercredi la fin de son programme d’assouplissement quantitatif qui avait consisté, à partir de la crise financière de 2008, à stimuler l’économie en rachetant d’énormes quantités de bons du trésor et de titres hypothécaires. Cette politique l’a conduite à quadrupler son bilan, en faisant tourner la planche à billets, pour atteindre le gigantesque montant de 4.500 milliards de dollars. En juin, Janet Yellen, la présidente de la banque centrale des Etats-Unis, avait dévoilé les scénarios possibles, parmi lesquels la possibilité de conserver les obligations en sa possession jusqu’à leur date de maturité, afin d’éviter de prendre le risque d’une nouvelle crise financière. Mme Yellen semble toutefois ne pas craindre un tel risque, et la Fed a finalement opté à l’unanimité pour un retour plus rapide à la normale. Elle ne fait que poursuivre la politique constante de la Fed consistant à stimuler l’économie sous un président démocrate en gonflant la masse monétaire, pour la brider sous une présidence républicaine en resserrant le crédit.
C’est ainsi que la Fed prévoit de se débarrasser de ces titres encombrants par un système de plafonds mensuels au-dessus desquels les paiements obtenus de la vente de titres seront réinvestis dans de nouveaux titres. Au départ, c’est-à-dire le mois prochain, ces plafonds seront respectivement de 6 milliards de dollars pour les bons du trésor et de 4 milliards pour les titres hypothécaires. Ces plafonds seront ensuite relevés tous les 6 mois jusqu’à atteindre, dans environ un an, 30 milliards de dollars pour les bons du trésor et 20 milliards pour les titres hypothécaires, soit un total net de 50 milliards de dollars de titres remis sur le marché chaque mois.
L’annonce par la Fed de la fin de l’assouplissement quantitatif et de la revente progressive des titres de dette bien accueillie par les marchés
Cette annonce d’une opération progressive a été plutôt bien accueillie par les marchés, et le rendement des titres de dette du Trésor américain ne s’en est que faiblement ressenti, tandis que le dollar gagnait du terrain.
Les dirigeants de la Réserve fédérale motivent leur décision par la bonne tenue de la croissance américaine (sans doute 2,4 % en 2017) et le taux de chômage réduit, selon les chiffres officiels, qui devrait à terme exercer une pression à la hausse sur les salaires, et donc aussi sur les prix, ce qui devrait relancer une inflation toujours atone. Si la Fed ne prévoit désormais pas d’atteindre son objectif de 2 % d’inflation avant 2019 (au lieu de 2018), elle annonce aujourd’hui une probable hausse de ses taux d’intérêts avant la fin de l’année, puis à nouveau en 2018, afin de les porter de 1-1,25 % à 2,1 %, le taux moyen de ses taux prévu pour 2019 étant de 2,7 %.
Reste à voir si ce retour à la normale se déroule sans provoquer une nouvelle crise majeure, car la banque centrale américaine n’est pas la seule à mettre fin à un programme d’assouplissement monétaire qui n’avait encore jamais été essayé auparavant et qui n’a pas vraiment eu l’effet escompté. Aux Etats-Unis, la sortie de la crise de 2008 a en effet été la plus lente de l’histoire du pays.