DOCUMENTAIRE L’Oracle ♥♥


 
L’Oracle en question est un assez remarquable prévisionniste – traduction plus sobre et juste de l’anglais The Forecaster – des marchés financiers, et de façon plus générale des cycles économiques et sociaux, dénommé Martin Armstrong. Très célèbre aux Etats-Unis, il est peu connu en France. Ce documentaire, hagiographique mais intéressant, lui donne largement la parole, lui permet d’exposer sa pensée, et illustre son propos avec des exemples de ses nombreuses prévisions justes, souvent à rebours du discours dominant, comme l’effondrement du Nikkei en 1987 ou du Nasdaq en 2000. Personnage très cultivé, s’appuyant sur une érudition historique impressionnante, il prétend pouvoir prédire, grâce à une formule mathématique qu’il a lui-même élaborée, les cycles économiques et financiers, avec les mouvements des cotations boursières. On éprouvera certes des doutes sur l’existence et l’infaillibilité de ladite formule, même s’il est vrai que l’économie obéit à des cycles observables depuis les annales des cités de la Grèce antique. Mais il rappelle que les dettes publiques ne sont, dans quasiment toutes les situations historiques, jamais remboursées. Il en tire des conclusions un peu excessives. Et ce fait doit être connu des investisseurs professionnels.
 

L’Oracle et l’Europe

 
L’Oracle a passé quelques années en prison, suite semble-t-il à des accusations iniques de manipulations financières. La parole n’est donnée qu’à la défense, biais qui n’inspire qu’une confiance relative – et aucune concernant les opinions des proches – mais l’accusation a refusé de répondre aux questions des documentaristes, ce qui est mauvais signe. L’Oracle, et il n’est pas ou plus le seul à l’annoncer, prédit de prochaines faillites d’Etat dans la zone euro, son éclatement, et celui de l’Union Européenne ; il s’attend aussi à la faillite du Japon, pays majeur dans le monde. Tout cela perturberait considérablement les marchés financiers mondiaux, et les économies. On veut bien le croire. On se permettra toutefois d’exprimer des doutes sur son déterminisme économique strict et exclusif quant aux causes des guerres, tout de même plus complexes.
 

Hector Jovien