Mémoires de jeunesse est l’adaptation d’une œuvre littéraire autobiographique très connue en Grande-Bretagne, Testament of Youth de Vera Britain, et beaucoup moins, voire pas du tout en France. L’auteur, une jeune femme, qui a perdu lors de la Première Guerre mondiale, son frère, son fiancé, et son meilleur ami – ce qui fait beaucoup – a été par la suite à la pointe du mouvement pacifiste britannique dans les années 1920 et 1930. On imagine en frémissant quelle adaptation française, versant dans l’antipatriotisme radical, et anachronique, dans l’apologie des mauvaises mœurs, etc. aurait pu en être faite. Mais ici, tout est remarquablement filmé, en une reconstitution soignée de l’époque et de ses ambiances particulières, avant comme pendant le conflit, à l’arrière, dans les hôpitaux, et sur le front.
 

Mémoires de jeunesse : une reconstitution mostalgique

 
Une jeune fille anglaise de bonne famille tient à faire des études supérieures, envisage de se fiancer. Elle prononce parfois un discours féministe provocateur, mais superficiel, forme de crise d’adolescence tardive. Elle-même effectue une guerre exemplaire, comme infirmière volontaire, mission difficile et éprouvante, d’abord dans les hôpitaux britanniques, puis en France, immédiatement à l’arrière du front. L’atmosphère patriotique de l’arrière britannique est bien rendue ; malgré des excès certains, elle inspire une forme de nostalgie par rapport à notre époque où la dérision antinationale est de rigueur. Les fiancés de 1915 devaient encore se respecter, sous la surveillance d’un chaperon, en une certaine prudence qui paraît tenir de quelque singulière coutume médiévale, tant les choses ont changé, pour le pire, en un siècle. Les douleurs réelles des familles des défunts sont traitées avec la justesse et la sobriété nécessaires.
 
Sans donner dans le pacifisme de système, il est vrai que la Première Guerre mondiale, dans son déclenchement, son engrenage fatal, et surtout dans sa poursuite obstinée durant quatre ans, a blessé grièvement les pays européens et la chrétienté. Parfois éprouvant, toujours – ou presque – juste, Mémoires de jeunesse propose une reconstitution remarquable de cette époque.
 

Hector Jovien