Prémonitions est le titre français, à demi pertinent, d’un film fondamentalement fantastique, construit autour d’une intrigue policière. Confronté à une série de meurtres mystérieux, sans liens apparents, sinon le mode de mise à mort, un inspecteur décide de faire appel à un ancien collègue, retiré à la suite d’un drame personnel. Ce dernier est un des rares humains possédant, comme il le définit simplement et justement, une intuition surdéveloppée, qui lui permet de deviner assez justement les vies des gens, surtout le passé, un peu l’avenir. Ce rôle, pas si évident, repose sur l’interprétation du grand acteur Anthony Hopkins, qui y ajoute sa touche habituelle de culture, dont les références littéraires et l’amour de l’opéra. Ce qui détonne positivement dans l’inculture contemporaine. Ce personnage dispose grâce à sa sensibilité de lumières particulières sur les scènes de crimes. Le plus étonnant est que, même si cette pratique reste fort discutée, la police américaine a recouru plusieurs fois à de tels experts particuliers, avec parfois des résultats. Ici, le tueur dispose du même talent, en plus développé. Là, c’est très exagéré, mais nous sommes au cinéma. A ce degré, il confine au préternaturel, sans être jamais évoqué.
Prémonitions
Le titre anglais du film solace, soit réconfort, consolation, ou plutôt ici soulagement, renvoie au thème qui devient central dans la deuxième partie du film : l’euthanasie, le fait de tuer préventivement des malades condamnés à des souffrances absolument atroces. Si le film dans son ensemble, pour l’amateur de fantastique, et particulièrement de policier fantastique, est remarquablement bien fait, il souffre d’une ambigüité fondamentale sur ce point, ce qui gêne d’autant plus à l’heure actuelle. Prémonitions n’est donc pas sans défaut, sans être explicitement mauvais. Mais les images de souffrances abominables tendent pour les plus sensibles et peu catéchisés à faire adhérer à la thèse d’un soulagement interdit par l’Eglise, car un homme ne s’achève pas comme un chien.